Les Editions Empreintes ont vingt ans
Si Empreintes est une petite maison, elle n'en a pas moins joué un rôle clef depuis sa naissance. Publiant avec un engagement constant de la poésie avant tout romande, mais aussi alémanique et tessinoise, elle a apporté une contribution décisive à la vie littéraire romande et à l'échange culturel avec le reste du pays. A l'occasion du vingtième anniversaire de la maison, Pierre Lepori a recontré les éditeurs Alain Rochat et François Rossel, deux personnalités bien différentes, et manifestement complémentaires comme le prouve l'aventure des Editions Empreintes.
Rencontre avec François Rossel et Alain Rochat
Comment sont nées les Editions Empreintes ?
François Rossel - Les Editions Empreintes sont nées à partir de mon expérience d'enseignant. J'ai commencé ma carrière dans une classe où il y avait du matériel typographique ; les enfants étaient déjà tout à fait au clair sur la manière de composer un texte, et de l'imprimer. Il y avait là tout l'aspect " fabrication du livre " : ce sont les enfants qui, dans ce cas, ont enseigné à leur enseignant. Ensuite, de fil en aiguille, j'ai rencontré l'imprimeur qui avait fourni le matériel. C'était la fin de l'époque où la typographie se réalisait avec des caractères en plomb. L'imprimeur en question voulait se débarrasser de son matériel. Il nous a alors proposé une presse à épreuve de 800 kg - plus une tonne de caractères en plomb. Déjà, la lettre me fascinait, la poésie aussi
Ayant hérité de tous ces outils, je me suis dit qu'il ne restait plus qu'à imprimer des livres. J'ai rencontré Alain Rochat et nous avons fondé rapidement cette maison d'édition à partir de manuscrits de personnes que nous connaissions personnellement. Ensuite, une rencontre avec Maurice Chappaz a été décisive; il a souhaité publier des livres chez nous. Nous nous sommes ainsi fait connaître des libraires, des auteurs et des poètes de Suisse romande. En gros, le noyau de départ des éditions Empreintes était dès lors constitué.
Pourquoi ce choix de n'éditer que de la poésie?
François Rossel - Personnellement, c'est un genre littéraire qui m'a toujours fasciné. Depuis l'adolescence, je n'ai que peu de goût pour les histoires. Mais j'avais très jeune une prédilection pour des textes courts qui pouvaient, en une seule page ou en plusieurs, donner à penser, donner à sentir et donner à voir. C'est probablement le fait que la poésie soit faite de textes courts, incisifs, qui m'a donné le goût pour cette forme.
Alain Rochat - On peut ajouter aussi que François Rossel et moi-même écrivions déjà de la poésie en 1984, quand les éditions Empreintes ont été créées. Le goût pour la poésie préexistait donc à la création des éditions.
Ce choix existait-il dès le départ, ou s'est-il dessiné peu à peu ?
Alain Rochat - Non, nous avons tout de suite décidé de ne nous occuper que de poésie. Puis nous avons fait quelques entorses à ce principe. Nous avons publié un roman de Vincent Philippe, un bon roman et qui a bien marché. Nous avons publié des recueils de nouvelles de Corinna Bille et une réédition de Théoda. Mais la volonté de ne se consacrer qu'à la poésie et d'abord, dans un premier temps, à la poésie de Suisse romande, était là dès le départ.
François Rossel - Ce goût pour la poésie et était aussi un goût pour la lettre, la mise en page, pour ce qu'on appelle les beaux livres. Ce qui a été aussi tout à fait déterminant pour moi, c'est le fait de d'avoir rencontré Alain Rochat très peu de temps après avoir décidé de fonder les éditions Empreintes. Parce qu'il partageait vraiment les mêmes valeurs que moi sue ce plan. Cela a été tout de suite quelque chose d'important d'être deux.
Parlez-nous de cette fameuse rencontre avec Maurice Chappaz, déterminante pour le destin de votre maison
François Rossel - La rencontre avec Chappaz a été assez curieuse : j'étais un grand admirateur de la collection grise de l'édition Bertil Galland dans laquelle j'avais découvert adolescent Voisard, Chappaz et tant d'autres. Un jour, je me suis trouvé ne présence de Chappaz lors d'une rencontre publique (il recevait un prix, et je recevais également un prix de poésie). Je ne savais pas trop comment l'aborder. Je lui ai juste dit qu'il avait une jolie casquette. Et du coup, je ne sais pas comment les choses se sont passées, on s'est pris d'amitié
Parfois, les rencontres sont un peu magiques... il nous a d'emblée proposé deux de ses manuscrits, à notre grande surprise. J'ai toujours été fasciné par ce monsieur que j'ai essayé d'apprendre à imiter. Il y a un côté, pour moi, presque paternel là-dedans. Au fond, quelque chose se matérialisait. Je l'avais beaucoup lu, je l'avais beaucoup estimé, j'avais dit ses poèmes à haute voix. Le jour où je l'ai rencontré, j'étais très ému, mais quelque chose se matérialisait.
Alain Rochat - Par l'intermédiaire ou à l'exemple de Maurice Chappaz, nous avons eu la chance de rencontrer bon nombre de ces auteurs de la Collection Grise et des éditions Bertil Galland. On admirait ces auteurs, c'était comme un rêve de les rencontrer, de pouvoir travailler avec eux. D'être considéré, aussi. Je pense à Alexandre Voisard par exemple. La rencontre avec Maurice Chappaz nous a aussi ouvert les portes des librairies - puisque, dès lors, nous avions quand même des livres qui se vendaient bien. De fil en aiguille, cela a aussi attiré d'autres auteurs : Anne Perrier, François Debluë etc. Nous avons pu éditer 13 livres de Maurice Chappaz et 8 de Corinna Bille, sur 124 titres, en vingt ans. Une longue et belle aventure ! Nous avons un peu appris notre métier - peut-être même beaucoup - avec Maurice Chappaz.
Comment s'est fait le passage entre cette lignée de patriarches et les plus jeunes poètes, que vous avez édités de plus en plus?
François Rossel - Pour ma part, j'ai eu beaucoup plus de peine à me départir de ces poètes que j'admirais beaucoup. J'avais plus de peine qu'Alain. Alain a assez rapidement estimé qu'il fallait aussi publier de jeunes poètes - sans pour autant renier les pères, les mères ou les grand-pères, les grand-mères
Alain Rochat - A vrai dire, les tout premiers auteurs édités par Empreintes étaient des gens de notre âge. Je faisais mes études de lettres à l'époque, nous avons donc édité des amis, des copains. En 1986, après la rencontre avec Maurice Chappaz, nous avons publié les patriarches que nous évoquions à l'instant - tout en continuant à éditer des gens de notre génération. La génération intermédiaire, disons les auteurs nés aux alentours de 1950, est venue peut-être dans un troisième temps ; tout cela s'est fait sans plan préconçu, ni volonté particulière d'être plutôt l'éditeur de telle génération ou telle autre. Ce qui me fait grand plaisir, c'est que l'auteur le plus âgé que nous ayons éditéest Jean-Georges Lossier, hélas disparu, qui était né en 1911. L'auteure la plus jeune, Caroline Schumacher (Prix de poésie C.F. Ramuz l'année passée), est née en 1977. Je tiens beaucoup à cette ouverture, à cette palette. Il est vrai qu'il y aurait deux tentations : d'une part de ne pas éditer des poètes trop " vieux " et déjà bien servis - ce qui serait une forme de racisme ridicule ; d'autre part de ne pas éditer de jeunes parce que les risques sont trop grands. Nous voulons plutôt essayer de garder une palette large. Le problème, c'est qu'il n'est pas non plus possible d'éditer tout le monde et de prendre tous les titres qu'on nous propose. Des choix doivent se faire, de manière un peu cruelle parfois. Mais je me réjouis aussi, par exemple, d'éditer le premier recueil de Raphaël Urweider, traduit en français, un auteur né en 1974. Je pense que c'est assez difficile pour des éditeurs de maintenir un regard sur les plus jeunes. Parce qu'on n'est pas dans les mêmes circuits. On n'a pas les mêmes références, peut-être pas la même culture. Nous ne savons donc pas très bien où ils sont, ce qu'ils font, quelles revues lire pour se tenir au courant de leur travail
Comment vous parviennent les manuscrits? En recevez-vous beaucoup, ou cela se passe-t-il toujours par connaissance directe?
François Rossel - Nous publions en fn de compte très peu de manuscrits arrivés par la poste. Par exemple, Jean-Georges Lossier, dont on parlait tout à l'heure, nous a été recommandé par François Debluë. C'est vrai que ça fait un peu, peut-être, "famille" ; mais la Suisse romande est petite ; et les poètes sont curieux de voir ce qui se fait autour d'eux : ils nous aident aussi à élargir le spectre de nos intérêts.
Est-ce que le monde de l'édition et de la distribution ont subi des changements notables, au cours de ces vingt années?
Alain Rochat - Je vais prendre les choses par le petit bout de la lorgnette. Une chose qui me frappe en vingt ans, c'est que, malgré les difficultés des collectivités publiques, des décideurs se retrouvent toujours à soutenir les éditions Empreintes en répondant favorablement à nos demandes d'aide à l'édition. Il est bien évident que les éditions Empreintes ne pourraient pas exister sans ces aides. Elles ne pourraient pas exister si François Rossel et moi n'étions pas bénévoles. Donc il y a une réelle volonté de soutien, aujourd'hui encore. Je tiens à le dire, parce que parfois certains se mettent à en douter, déplorant l'état de la culture ou la manière dont les collectivités publiques s'en occupent. Quant à l'évolution de l'édition de poésie et de la poésie : je pense que les changements sont plus généraux, et concernent l'ensemble du monde du livre et de la librairie. J'ai le sentiment que c'est quand même plus difficile aujourd'hui de vendre des livres de poèmes que ça ne l'était dans les années '90. Toute une part de public reste à convaincre, qui serait susceptible de faire le pas, d'acheter un livre de poésie et de se mettre à lire de la poésie. Mais j'ai le sentiment que ces gens-là sont devenus difficiles à atteindre. Soit parce que l'information est de plus en plus rapide, de plus en plus compliquée, soit parce que la situation économique fait que les gens n'ont plus forcément les moyens d'acheter un livre de poésie juste parce qu'ils sont attirés par la couverture.
Ces vingt ans vous permettent-ils de dessiner une évolution dans la poésie suisse de langue française ? Est-ce que vous pouvez constater des changements, un foisonnement de la poésie romande ou alors au contraire son repli ?
Alain Rochat - Je saurais difficilement répondre à cette question. Si on regarde le type de poésie que publient les Editions Empreintes, on pourrait dire - pour simplifier - qu'on est plutôt du côté du pôle lyrique que du pôle textualiste. En ce sens, je pense qu'il y a des écoles qui se sont essoufflées. En France, il me semble que tout le courant qui était né de la revue " Tel Quel " est aujourd'hui nettement épuisé. Il se trouve qu'Empreintes n'a jamais été de ce côté-là. On a toujours été pour le lyrique. J'ai l'impression que certains textes de jeunes personnes que j'ai pu lire ont peut-être tiré le meilleur de ce courant de la poésie qui aime les jeux de langues, qui est très consciente de ce qu'est la fabrication littéraire, de ce qu'est la fiction littéraire et la fiction du jeu poétique, qu'ils réussissent peut-être à donner quelque chose d'intéressant dans une voie médiane. C'est assez frappant, en France notamment. En Suisse romande, c'est un peu différent car on a été, je crois, assez à l'écart de ces courants. Le surréalisme n'a par exemple eu quasiment aucune influence en Suisse romande, de même que nouveau roman. On était ici en position d'observateur. Je ne vois donc pas d'évolution notable. Mais il est vrai qu'il y a beaucoup de poésie que nous ne connaissons pas, ou mal; des gens que nous fréquentons peu, notamment dans le courant de la poésie sonore. Par provocation, j'avais dit une fois à quelqu'un que la vraie poésie contemporaine, c'était peut-être le rap. C'était une provocation, une plaisanterie : mais je suis certain qu'il y a aussi quelque chose d'intéressant là derrière. Il y aurait aussi et peut-être une évolution heureuse : une espèce de retour à l'oralité.
François Rossel - C'est quelque chose qui a changé pour nous aussi. Au début, quand je recevais des manuscrits, je les lisais en silence. Maintenant, je le fais à voix haute. Mis à part cela, j'ai un peu de peine à dire ce qui aurait changé en vingt ans. En tout cas, je peux dire que les Editions Empreintes ont changé en vingt ans. Ne serait-ce que pour dans la manière de faire les livres : avant, nous fabriquions les livres avec des plombs. Cela a bien changé. Et il y a aussi eu une certaine ouverture, notamment à travers de la collection "Poche-poésie", qui était une idée d'Alain Rochat, et qui nous permet désormais, grâce au soutien de Pro Helvetia, de nous ouvrir à d'autres courants littéraires, d'autres régions linguistiques . C'est une collection à laquelle nous tenons beaucoup.
Comment est née la collection Poche-Poésie, qui se caractérise par deux aspects: le format de poche et la traduction de poètes d'autres régions de la Suisse - et ce à un rythme très régulier, deux livres par année, deux traductions tous les deux ans?
Alain Rochat - La collection existe depuis 10 ans et le vingtième volume va sortir. Au cours d'une année, deux volumes consacré à des auteurs francophones paraissent, et l'année suivante, ce sont deux auteurs des autres aires linguistiques du pays: un Alémanique et un Tessinois (j'aimerais bien un jour faire un Poche-Poésie d'un poète romanche). Le principe de la collection Poche-Poésie est de rééditer des textes. Notre première idée n'était pas d'inclure dans cette collection des auteurs alémaniques et tessinois, mais Pro Helvetia nous l'a demandé. On s'est dit : " c'est intéressant pourquoi pas ? " Mais on n'y connaissait rien du tout, ni François ni moi ne maîtrisons suffisamment l'allemand et l'italien pour être compétents dans le domaine. Il a donc fallu s'entourer d'autres gens, d'autres compétences : c'était un aspect intéressant, parfois périlleux, mais nouveau pour nous. Cela a été la première brèche dans notre étiquette "éditeur de poésie romande". Ensuite, au moment de la parution du centième livre d'Empreintes en 2001, nous avons décidé d'abandonner toute étiquette - à la fois linguistique et géographique : à côté de ce centième livre, nous avons publié un auteur luxembourgeois et un auteur français. Puis une traduction d'un conte de Pouchkine, et un livre d'un poète irakien qui vit à Londres. Dorénavant nous n'avons plus d'étiquette particulière : il est évident que notre attention reste tournée vers les poètes de Suisse romande. Mais pas seulement. La publication du "Journal" de Roud a aussi ouvert une nouvelle brèche (notre volonté était, jusque-là, d'éditer des auteurs vivants). Avec Gustave Roud, et une édition critique, établie par des universitaires, nous avons ouvret une nouvelle porte, celle de la réédition des grands classiques de la littérature romande.
Dans la collection " Poche-Poésie " le format aussi a changé : des livres plus carrés, avec une couverture plastifiée, un papier clair et léger. Pourquoi ce format ?
François Rossel - Nous n'avons jamais eu de format prédéterminé pour nos publications. Mais pour une collection, il fallait un format. Ce format légèrement carré était beaucoup plus pratique qu'un vrai format de poche parce que certains auteurs écrivent de longs poèmes avec des vers très courts et d'autres écrivent de courts poèmes avec des vers très longs. Ce format plus carré permet de faire entrer les textes de manière assez harmonieuse.
Alain Rochat - C'est vrai qu'il a fallu défendre énergiquement le format 14x18 auprès de Pro Helvetia, plutôt que le 12x18 qui est le format habituel des livres de poche. Cela venait aussi de notre expérience préalable, je trouve désastreux de devoir couper des vers et d'ajouter des crochets en fin de lignes. Pour les rééditions également, ces proportions étaientt tout à fait justifiées. L'expérience a confirmé la cohérence du choix.
Nous allons à présent toucher au domaine de la diffusion: la distribution est un réel problème pour l'édition romande et pour les petits éditeurs en général. Est-ce que vous arrivez tout de même à vendre des livres de poésie ? Est-ce que le livre de poche se vend mieux?
Alain Rochat - Nous avons trois types de clients. Des abonnés, des gens qui reçoivent automatiquement toutes les publications des éditions Empreintes. Il y en a peu et le nombre n'augmente pas. Je crois que cette manière d'acheter est aujourd'hui en perte de vitesse. Les gens préfèrent acheter ce qu'ils veulent, quand ils veulent, au moment où ils le veulent. La fidélité à un fournisseur n'est plus d'actualité. Après, il y a les librairies, nous travaillons en distribution directe avec les librairies et je crois que le système maintenant fonctionne convenablement, puisque ça fait 20 ans que nous le pratiquons. Enfin, nous travaillons par mailing : nous avons un fichier d'adresses, nous infomons les inscrits de nos publications, recevons des commandes directes. Il est évident que la poésie se vend peu, mais c'est la loi du genre littéraire. Je reste quand même plutôt surpris de voir que le public de poésie en Suisse romande est un public vivant, stable, fidèle. On peut dire que les Suisses romands ou les francophones de Suisse sont des grands lecteurs de poésie, en comparaison avec la France. Pour la collection Poche-poésie, qui est une collection de rééditions, nous vendons en moyenne 250 exemplaires par titre. C'est quand même significatif. Les auteurs et éditeurs comparables à Empreintes en France sont toujours surpris des ventes que nous faisons en Suisse romande par rapport aux leurs. Et ils ont les mêmes problèmes de distributions que nous : ce n'est pas seulement une question de distribution propre à la Suisse romande. Si on voulait entrer dans les grands réseaux de distribution, il ne faudrait pas éditer de la poésie, c'est sûr.
Je voudrais terminer avec un coup de cur : quel est le livre que vous avez publié - et découvert en le publiant - qui vous a le plus marqué?
François Rossel - Ma dernière "découverte" était Caroline Schumacher, dont j'ai beaucoup apprécié le recueil. En voilà une, par exemple, qui a permis au mur de ma cuisine d'entendre des vers.
Alain Rochat - C'est difficile de répondre : je suis allé à Zurich récemment, nous avions organisé avec Payot une lecture de Klaus Merz. C'était une lecture bilingue, et j'ai entendu les textes de son recueil Déplacements - lus en allemand et en français. J'ai été très impressionné par l'extraordinaire finesse et la force de ses textes, avec une petite pointe d'humour désabusé parfois, mais aussi un regard à la fois fraternel et concis sur le monde. Je me suis dit : "charrette, ça c'est un sacré bon livre!" Et j'étais fier d'avoir pu éditer ce recueil, et de l'avoir publié dans une édition bilingue, avec le texte original en regard.
Entretien réalisé par Pierre Lepori
dans le cadre de l'émission "Inserto" de la Rete2
Radio Svizzera di Lingua Italiana
(c) RSI, novembre 2004
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