retour à la rubrique
retour page d'accueil



PRIX DES ECRIVAINS VAUDOIS 2000

  Prix

Le Prix des Ecrivains vaudois 2000, d’une valeur de CHF 5'000.-, financé par la Banque cantonale vaudoise, a été décerné à Jean-François Sonnay pour l’ensemble de son œuvre.

La cérémonie de remise du Prix a eu lieu le vendredi 1er décembre 2000, à 17h30, au Château d’Ouchy à Lausanne.


  Lauréats
1950 W. Thomi (à titre posthume)
1954 P.-L. Matthey
1955 Gustave Roud
1956 Catherine Colomb
1958 Philippe Jacottet
1960 Hélène Champvent
1961 Emmanuel Buenzod
1963 Vio Martin
1967 Alice Rivaz
1970 Henri Perrochon
1975 Elisabeth Burnod
1981 Jeanlouis Cornuz
1982 Edmond Pidoux
1983 André Guex
1984 Anne Fontaine
1985 Myrian Weber-Perret
1986 Mireille Kuttel
1987 Jean-Georges Martin
1988 Henri Deblüe
1989 Gabrielle Faure
1990 Suzanne Deriex
1991 Eric de Montmollin
1992 Gaston Cherpillod
1993 Janine Massard
1994 Francine-Charlotte Gehri
  Jacques Bron
1995 Martine Magnaridès
1996 Anne Perrier
1997 Mousse Boulanger
1998 Gil Pidoux
1999 Jean-Michel Junod
2000 Jean-François Sonnay


  Rapport de la commission

Le Prix des écrivains vaudois 2000 est attribué à Jean-François Sonnay pour l’importance de son œuvre. Conformément au règlement, la commission s’est prononcée à l’unanimité

L’œuvre couronnée est abondante et diverse. Jean-François Sonnay est l’auteur de pièces de théâtre, que la Radio romande a diffusées, de quelques essais et surtout de romans et de nouvelles.

Si l’on ne se tient qu’à ses romans, on constate aussi une grande variété. D’abord liés aux événements politiques de ce siècle, dans un contexte proche du lecteur suisse, ils se sont ensuite situés sous des cieux bien différents et dans des milieux totalement exotiques. C’est dire la faculté de renouvellement de l’auteur qui, mêlant le réel et l’imaginaire, recrée avec facilité des environnements, des climats, des situations et des motivations en évitant de se répéter. Il faut souligner la force de ce don d’évocation, qui va de pair avec une scrupuleuse documentation.

Quelle que soit la polyvalence de son talent créateur, Jean-François Sonnay reste fidèle à des exigences d’écriture et de composition qu’on retrouve d’un ouvrage à l’autre, et qui témoignent d’un métier sûr et d’un goût de la rigueur très fortement marqué.

Cette rigueur se traduit, sur un autre plan, par le respect de l’authenticité. Chacun de ses livres témoigne de cette honnêteté intellectuelle qui caractérise le romancier respectueux de ses lecteurs. On le sent soucieux d’éviter les approximations. Il ne lui suffit pas d’être plausible, il veut être vrai. S’il traite de thèmes déjà abordés avant lui, comme les événements de soixante-huit ou le terrorisme des années septante, il y apporte une vision personnelle et une analyse qui ne doit rien aux clichés sempiternellement réactivés. Ses romans sont copieux, riches en événements et en rebondissements, mais on n’a jamais l’impression que l’auteur use d’artifices accrocheurs. Même quand les intrigues s’apparentent au genre policier, ce n’est pas l’enquête qui compte, mais une quête, parfois angoissée, toujours passionnée, d’une vérité. Car pour Jean-François Sonnay, il y a une autre vérité que la simple réalité, si fidèlement transcrite qu’elle soit. Il cherche plus profond, et remonte aux causes et aux motivations multiples. Il opte pour la finesse, la nuance, l’étude des relations subtiles. Il s’efforce de scruter les mécanismes intimes des sociétés comme des individus.

Ce refus de l’esbroufe se retrouve dans la construction irréprochable de ses ouvrages. Il peut se complaire à diversifier la structure de ses œuvres, sans donner l’impression qu’il en compromet l’équilibre. On trouvera dans certains de ses romans des similitudes avec le puzzle, puisque la chronologie aussi bien que les lieux se découpent en morceaux qui ne s’assemblent que peu à peu. Le risque est grand d’aboutir, en fait d’originalité, à une confusion maladroite, à un kaléidoscope fou. Mais Jean-François Sonnay maîtrise le jeu admirablement, sans abuser du procédé, et les fragments s’ajustent avec autant d’élégance que d’efficacité.

Cette habileté technique ne suffirait pas à faire de bons romans. Il y faut encore des protagonistes. Le moins qu’on puisse dire est qu’ils sortent de la banalité, sans toutefois donner dans l’extravagance. Toujours cette probité qui empêche Jean-François Sonnay de se contenter du simplisme. Bon portraitiste, il se penche sur ses personnages avec une évidente empathie. Il nous les rend proches, cohérents, tout en leur gardant leur complexité et même leur étrangeté. Il peint toutes les couches sociales, tous les groupes ethniques avec la même attention et le même souci de justesse. Les êtres qui animent ses histoires constituent non pas une faune, mais une humanité. Et c’est aussi l’humanité, dans le sens d’ « amour de l’homme » qui habite ses œuvres. D’où la noblesse, le respect dont il fait preuve quand il décrit les misères du monde ou la dureté d’une destinée.

Si les nouvelles sont moins foisonnantes – c’est la loi du genre qui l’exige – elles offrent en revanche une dimension supplémentaire, assez rare dans les romans : l’ironie. Le propos se fait satirique, l’humour apporte son grain de sel et le fantastique sa touche insolite.

Dans toutes ses œuvres, si diverses par leur nature et leur inspiration, Jean-François Sonnay se révèle un moraliste en même temps qu’un prodigieux créateur d’épopées modernes. Le conteur se double d’un homme de réflexion, témoin lucide de la condition de l’homme et du destin des peuples.

Il ne sera sans doute pas nécessaire d’insister davantage pour mettre en évidence « l’importance » de l’œuvre de Jean-François Sonnay. En lui accordant le prix de notre association, la commission se fait un plaisir de reconnaître un métier probe et solide. Elle félicite notre confrère et lui souhaite de poursuivre longuement sa carrière d’écrivain.

Pully, le 15 juillet 2000
Jacques Bron

La commission est composée de

Mireille Kuttel
Jacques Bron
Luiz-Manuel

Page préparée par Luiz-Manuel

 

Page créée le 30.07.00
Dernière mise à jour le 20.06.02

© "Le Culturactif Suisse" - "Le Service de Presse Suisse"