"A Lisbonne, à Tallinn,
à Saint-Pétersbourg, à Bruxelles, à
Varsovie, j'ai regardé l'herbe. Pour voir quel usage
en faisaient leurs habitants. Sil y en avait. S'ils s'y vautraient.
Si l'humanité se divisait bien en deux, les inconditionnels
du thé et les caféinomanes, ceux qui dorment
avec leur montre et les autres sans, ceux qui offrent ou non
leur corps au soleil, ceux que départage l'herbe. L'Estonie,
qui a inspiré le titre de ce recueil, m'a beaucoup
plu.
A Malbork, j'ai rejoint un homme en
noir qui dansait sur du sable. A plat ventre, j'ai relu Dickens,
Claude Simon, Vian et Cingria. Herbe rouge, Herbe romaine.
C'est comment, le vert Cingria? A Lisbonne, une Suédoise
m'a raconté pourquoi il fallait absolument qu'elle
saute en parachute, dans l'herbe. L'herbe. Têtu, résistant,
toujours debout, ce petit mot fait du bien. Tant qu'il y aura
de l'herbe, tu ne mourras pas."
Conçu en miroir, Je
voudrais être l'herbe de cette prairie est le
jumeau d'un recueil d'histoires d'araignées, Je
suis tout ce que je rencontre. Lauréate de plusieurs
prix littéraires mais toujours cendrillon, Corinne
Desarzens travaille actuellement à un roman situé
au XVIIIe siècle, en Irlande.
Corinne Desarzens, Je voudrais être
l'herbe de cette prairie, Editions de L'Aire, 2002
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