Bien qu'il soit périlleux d'ouvrir
une brèche dans le mur d'opacité, de régression,
de suffisance et de tabous institutionnels qui nous enferme,
chacun a le loisir de se libérer en suivant le sillon
de pensée retracé dans Genèse de l'Expression.
Alors que l'ouvrage précédent (Du fond du Regard)
explorait le for intérieur, le présent ouvrage,
moins personnel et plus objectif, se tourne vers l'être
issu de la conscience créatrice. La lucidité
ou la rigueur scientifique ne servent guère à
entrevoir l'être sous-jacent à l'existence. Il
leur manque, comme pierre de touche, une précieuse
bienveillance. Pour attester l'authenticité de l'être,
il faut être disposé à le mettre à
l'épreuve soi-même. On en fait ou en n'en fait
pas l'expérience, si instantanée et quotidienne
qu'on a tendance à l'ignorer comme si elle avait lieu
dans un présent intemporel.
La valeur des pensées, des actes
et des personnes se mesure à un élan d'amour
gratuit. La pensée désintéressée,
ne mettant en valeur que ce qui n'est pas elle, permet le
don de soi, l'acte libre, l'amour sans amour de soi.
...
Ce livre se voudrait à la fois mise à jour,
témoignage à vérifier, occasion à
saisir et enfin prière à exaucer.
Après une enfance jurassienne
et des études de lettres à Genève,
Raymond Tschumi s'engage comme Master
of French en Angleterre, puis assistant à Brown
University (Etat-Unis). De retour au pays, il passe son doctorat
et devient le plus jeune privat-docent en Suisse. Ses publications
lui valent l'amitié de nombreux poètes et, dès
1975, de philosophes éminents. Sa carrière d'angliciste
à l'université de Saint-Gall s'achevant en 1990,
il se consacre désormais à la philosophie et
à la poésie.
Raymond Tschumi, Pierres de touche, préface
de Roger-Louis Junod, Editions l'Age d'Homme, 2002.
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