Pierre Voélin aborde, dans une
suite de méditations, tantôt brèves et
concentrées, tantôt fragmentaires, diverses et
inquiètes, les questions les plus actuelles de notre
présent en décomposition. Il attire notre attention
sur le sens des mots, l'emploi juste et cohérent d'un
langage capable de relier entre eux les hommes, les dieux,
le monde. Travaillant au champ de mémoire, il sait
que les mots se prêtent au pire mensonge et que c'est
par là qu'Auschwitz a commencé.
Il éveille notre vigilance sur
la terreur régnante, aussi ordinaire qu'autoritaire,
qui brise le temps et la mémoire, tue la sensibilité,
compromet le silence et le rêve, même rassure
à court terme. Il propose une manière autre
d'être présent au monde: les yeux ouverts sur
le proche et le quotidien - merles et moineaux, herbes et
poussières des routes -, un souci du silence et de
la prière - comme du pain et du sel posés sur
la table-, la « recherche d'une vérité
de survie ».
ll s'appuie, lui, sur l'exemple d'Antigone,
de Mandelstam ou de Charlotte Delbo, le vent salubre de Rimbaud,
la royauté oblique et secrète de Charles- Albert
Cingria. À sa suite, que chacun crée ses propres
litanies afin d'inventer un espace solidaire où s'activerait
une « main couturière ».
D.J.
Poète de la frontière,
Pierre Voélin, originaire
de la Franche-Comté, a passé son enfance et
son adolescence à Porrentruy. Il a publié, depuis
quinze ans, six livres sous la forme de «suites poétiques»
et quelques brefs essais. L 'uvre en prose était
jusqu'à ce jour inédite.
Pierre Voélin, La nuit accoutumée,
Editions Zoé 2002.
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