La Farine est le récit d'une
plongée, d'un enlisement. Mais c'est en même
temps le récit d'une résurrection. Double dimension,
double polarité ou entrelacement de significations
qu'on retrouve dans le titre du récit. Car le mot "farine"
nous renvoie d'abord à celle qu'on malaxe entre ses
doigts (entre ses mains) pour fabriquer du pain, et donc :
à cet apprentissage de boulanger-pâtissier dont
le narrateur ne retirera qu'amertume et souvenirs cruels,
ne l'achevant que pour renoncer à jamais au métier
; mais il renvoie aussi, métaphoriquement - et non
sans ironie, puisqu'il s'agit cette fois d'une "nourriture"
qui tue - à une autre poudre blanche : l'héroïne,
que Pierrot s'injecte depuis l'âge de quinze ans.
... Un livre dur, chargé de
reproche, mais aussi de tendresse refoulée, qui rend
à Pierrot sa langue et nous entraîne à
sa suite, par le prodige du style, dans sa métamorphose.
Sylviane Dupuis
Benoît
Damon vit à Genève. Il a reçu
le Prix Pittard de l'Andelyn pour La Farine.
Benoît Damon, La Farine, Editions
Zoé, 2001.
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