Le juge, un vieillard maintenant, occupe
le devant de la scène, il s'accroche à ses souvenirs.
Nous nous écorchons tous à nos souvenirs dit
Paul. Pour lutter contre l'effritement de sa mémoire,
voilà le vieux qui se fait mythomane. A la suite d'un
mensonge anodin, il se lance dans une enquête complètement
fictive, se pique au jeu, perd les pédales. Mais qui
sait si cet univers créé de toutes pièces
ne recèle pas la clé de mystères bien
réels ?
Arthur, lui, s'est enfui du domicile
familial. C'est un tout jeune homme, seize ou dix-sept ans,
on l'imagine beau et tourmenté. Ne faudrait-il pas
lui offrir un autre prénom, suggère Paul apitoyé,
Arthur c'est lourd à porter, non ? Peut-être,
concéderait-on, mais nos prérogatives ne s'étendent
pas jusque-là. Le texte le décrit comme un garçon
obsédé par des rêves de pureté,
incapable de profiter de la vie, de sa jeunesse, et de l'amour
que lui voue Mélanie. Il va succomber à ses
penchants autodestructeurs, et se livrer finalement à
un pervers qui, sous ses dehors de gourou bienfaisant, n'attendait
qu'une proie consentante pour exercer ses talents de dépeceur.
Ca promet dit Paul un dénouement haut en couleurs.
Quant à Louise, la quarantaine,
elle ne s'est jamais remise des abus sexuels dont elle a été
victime enfant. Malmenée par la vie, mère de
deux adolescents dont le père a disparu depuis longtemps,
elle s'efforce de garder le cap, aux prises avec un fils caractériel
et une fille adorable, Mélanie, qui vie une passion
désespérante avec Arthur. Un étrange
évangéliste lui offrira son aide, prenant dans
son existence une place de plus en plus importante. Mais,
se demande le texte, qui est en vérité ce bon
apôtre ?
Olivier Gaillard, Redites, l'homme qui
rit, O.Gaillard éditeur, 2003
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