Il y a deux ans à peine, ses
poèmes tout nimbés de, " soleil ovale"
se révélaient, nonobstant l'évocation
de paysages familiers, comme d'incontournables miroirs où
Claire Genoux, déjà, était confrontée
à sa "bouche de mortelle".
Une mélancolie tenace ombrait
ses chants d'azur. On reconnut d'emblée une autorité
naturelle à cette voix qui tremblait si peu au bord
du gouffre en lequel bascule ce qui eût dû consoler
d'être au monde : la beauté, la pérennité
des choses, l'amour.
Ici en écho, on entend que la
blessure originelle, loin de s'apaiser, creuse un peu plus
profond. Claire Genoux nous dévoile le tracé
de la déchirure. La chair des mots qui la hantent est
sa propre chair éprouvée sans fin en ses feux.
Le poème dès lors n'est pas tant exorcisme que
procès à une suspecte, une improbable âme
soeur qui ne'serait au bout du compte que la part submergée
du lancinant "désir de durer ".
Soyons attentifs aux inflexions de
cette voix passionnée et limpide, à ce cri et
à ce chant. Ils disent vrai.
Alexandre Voisard
Claire Genoux, Saisons du corps, Editions
Empreintes, 1999.
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