L'ombre
est si belle où m'attire ta main
M. Desbordes-Valmore
18 juillet
Maintenant, mon amour, je vais le dire
enfin : "mon amour", avec la certitude tranquille
dont cela s'entoure enfin, et dire le temps qu'il recouvre,
ta vie, la mienne, et tant d'absence engloutie, perdue, sans
importance, recouverte par l'attente, peut-être, le
sentiment qu'il y aura le temps et qu'il finira par nous rejoindre,
et c'est peut-être ce qu'il a fait maintenant, comme
une vague enfin déroulée sur la plage, enfin
paisible, enfin rendue à son lieu d'origine ?
Ce n'est pas une douleur, mon amour,
et pourtant une si intense douleur qu'elle s'anesthésie
elle-même, et le remords de t'avoir trahi par mon silence.
Je ne sais pas s'il était juste, ni si j'y avais droit.
Je l'ai maintenu, jusqu'à aujourd'hui, tu vois bien,
et sans doute pourrais-je parler longtemps, essayer de t'expliquer
: tu ne l'accepterais qu'à condition ?
[...]
Extrait de : L'ombre où m'attire
ta main Association pour l'aide à la création
littéraire, 2001.
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