Secrets de famille est une saga paysanne
des années cinquante : le bébé, futur
prince des collines, est-il mort à cause d'une grande
soeur jalouse et négligente, d'un chien ou d'une maladie
que l'on cache de génération en génération
?
Entrer dans ce monde n'est pas innocent
: l'antagonisme entre une belle-fille et son beau-père
semble tourner à l'alliance contre l'adolescente qui
ose défier le clan. Des statuettes compromettantes,
découvertes dans l'atelier du grand-père, seront-elles
suffisantes pour détourner les réflexes mafieux
?
La découverte de la ville ne
sera pas la panacée pour l'effrontée qui connaîtra
les cadences implacables de la manufacture.
« Marceline fabriquait des tourne-disques,
ou plutôt un câblage, un raccord, quelque chose
qu'elle devait triturer, tordre, souder, avec une minutie
qui lui arrachait la peau et les yeux. Du maître d'apprentissage,
elle avait surtout appris le mot maître. On l'avait
mise à la chaîne. Elle dut façonner deux
cents pièces à l'heure, et puis trois cents,
et puis mille. "On ne discute pas et vous aurez droit
à un autre mégot, à la pause de 10h00
à 10h10. Si ça ne vous plaît pas, vous
pouvez rentrer dans votre village". » En la jeune
fille, se trouvera-t-il encore un capital de révolte
suffisant pour mordre ?
Il faudra bien, au-delà de l'amitié
du vieux Moutar, au-delà du souvenir du chien Zifire
sacrifié pour rien et d'un amour naissant, une épidémie
pour expurger les secrets d'un grand-père malfaisant
et les silences de tout un "peuple des muets".
Une écriture riche et surprenante.
Une nouvelle histoire de Luezior qu'on lit avec passion, dans
la grande tradition romanesque.
Secret de famille, Edition Buchet/Chastel
P. Zech, 1999
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