Au moment où la bataille de
Stalingrad fait basculer la Seconde Guerre mondiale en laissant
entrevoir l'imminence d'une victoire des Alliés sur
l'Axe, un grand débat s'ouvre en Suisse à propos
de l'URSS. Il s'agit de réexaminer les relations entre
l'État fédéral et l'Union soviétique
à la lumière des récents événements.
Des milieux de plus en plus larges réclament un établissement
de relations officielles avec l'URSS, que ce soit pour inscrire
la Suisse dans les relations internationales issues de la
guerre ou pour ouvrir à l'économie helvétique
le grand marché russe. Dès lors, le régime
autoritaire stalinien est évalué en fonction
de ces enjeux; la dénonciation des crimes du stalinisme
s'en trouve réduite à la portion congrue.
Le gouvernement de Staline refuse d'établir
des relations diplomatiques avec la Suisse, en novembre 1944.
Traitée de " profasciste " par les médias
soviétiques, puis par une partie substantielle des
médias internationaux, la politique du gouvernement
suisse pendant la guerre est sévèrement critiquée.
Après quelques escarmouches entre la gauche et les
partis bourgeois, un front uni se soude en Suisse, pour veiller
à ce que le pays sorte de son isolement international
aussi rapidement que possible.
Sophie Pavillon, L'Ombre rouge, Editions
Antipodes, 1999.
|