En 1921, Robert
Walser (1878-1956) s'installe à Berne pour une
douzaine d'années. La quarantaine de textes retenus
ici datent de cette période de grande productivité,
qui précède son silence définitif.
Ce bouquet de proses brèves
donne un éblouissant aperçu de la forme libre
et nomade dont Walser est le maître incontesté
: le "feuilleton", la chronique, ces petits textes
produits au jour le jour, pour l'usage du moment. La plupart
ont paru dans des quotidiens ou des revues de Berlin, Francfort,
Prague ou Zurich.
Tout est prétexte à écrire
: radio ou jardin, cochon ou canari, hommes "arrivés",
polissons, artistes et jeunes tendrons sont au centre de ces
chroniques, esquisses de récits parfois, où
la rêverie, l'illusoire et les digressions improbables
prennent le relais de l'observation.
Quelques-unes d'entre elles livrent
d'ailleurs, de façon parfois allusive, l'art poétique
du feuilletoniste, ce journaliste sans portefeuille qui écrit
"pour des prunes". Si l'écriture, jouant
avec l'hétéroclite, fait face à l'éparpillement
du jour, l'écrivain, lui, aperçoit dans chaque
objet "une sorte de question", et surtout, insuffle
à la langue une vie pantelante.
Préface de Peter Utz
Traduit de l'allemand par Marion Graf
Robert Walser,
Nouvelles du Jou, Editions Zoé, 2000.
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