L'irruption quotidienne de la réalité tragique du monde déferle comme une vague dans ma conscience. Puis, lentement au fil du jour elle reflue, laissant derrière elle une empreinte nocive qu'il faut digérer, éliminer jusqu'à l'arrivée de la vague du lendemain.
Je me sens impuissant à changer la nature de ces vagues d'horreur, ne les recevant que tel un écho lointain venu d'un autre univers. Ma parade contre cette marée, c'est le chant des oiseaux, le visage d'une inconnue, le rire d'un enfant et, parfois, les aboiements de joie d'un chien en promenade. Je sais alors que, même si tout change, que le temps lui-même vieillit, la beauté, la tendresse, la passion sont toujours au rendez-vous ; fidèles à ce monde unique au monde. R.A.
Richard Aeschlimann, Un monde unique au monde, Editions L’Age d’Homme, 2008. |