La Bataille de San RomanoLorsqu'il se retrouve à Paris, entre deux reportages au Proche-Orient, Barnes se rend toujours au musée du Louvre pour y contempler le célèbre et énigmatique tableau de Paolo Uccello, " La Bataille de San Romano ". Qu'a voulu le peintre ? Quelle guerre oubliée raconte-t-il?
C'est en le contemplant une fois encore que Barnes fait une rencontre décisive avec un mystérieux inconnu qui semble tout connaître de lui et du secret du tableau d'Uccello. Commence alors un voyage dans l'espace et dans le temps au cours duquel nous rencontrons les autres protagonistes du livre, Paul Newcombes, personnage à la Lawrence d'Arabie, et Hanane, la Palestinienne au douloureux destin.
Dans ce magnifique roman, paru pour la première fois en 1993 et pourtant d'une étrange actualité, Raphaël Aubert emporte son lecteur dans un univers où le merveilleux se mêle au tragique, où rien n'est assuré, où les énigmes succèdent aux énigmes. Où un tableau parfois peut receler les secrets du monde.Né en 1953 à Lausanne, Raphaël Aubert est écrivain et journaliste. Derniers livres parus : Malraux ou la Lutte avec l'Ange. Histoire, art et religion (Genève, Labor et Fides, 2001) et Le Paradoxe Balthus (Paris, Editions de la Différence, 2005).
***
Revue de presse
Certains livres ne se contentent pas de "mentir vrai", ils font coexister des personnages réels avec des héros de légende, abolissant ainsi les frontières entre la réalité et la fiction. Le premier roman est de ceux-la. L'auteur, journaliste à la Radio Suisse Romande, tisse entre l'Histoire, les mythes, l'art et l'actualité, une toile mystérieuse donnant au lecteur le sentiment que "rien n'est absolu", comme le dit le narrateur. Les existences que raconte Raphaël Aubert se croisent toutes au Proche-Orient. C'est lors d'un reportage dans cette région du monde, en effet, que le journaliste Barnes - rien à voir avec le collectionneur ni avec l'écrivain -découvre, à travers différents récit, le mystérieux destin d'une sorte de Lawrence d'Arabie. Né en Inde en 1870, serait-il en fait l'agent que les Anglais choisissent pour consolider leur position au Proche-Orient lors de la Première Guerre mondiale? Comment Barnes peut-il voir la même personne en cet homme né il y a plus d'un siècle et l'inconnu qu'il a rencontré hier au Louvre? Comment interpréter l'intérêt de ce dernier pour "La Bataille de San Romano", le tableau de Paolo Uccello qui a toujours fasciné le journaliste? A ces questions, qui surgissent à mesure que le roman multiplie les coïncidences et brouille les pistes, Raphaël Aubert ne fournit pas de réponse. D'ailleurs, le héros de son livre finira par admettre que "le monde n'est pas un coffret dont quelqu'un détient la clé, fut-ce un fantôme". Phrase qui résume bien l'atmosphère d'incertitude d'ou le roman tire son charme. L'habileté de Raphaël Aubert consiste à laisser le lecteur sur une double impression: celle de la relativité des choses, et celle de devoir soi-même donner une cohérence au monde.
Geneviève Bridel
Le Nouveau Quotidien
La Bataille de San Romano, roman, Editions de l'Aire, 1993.