Le Paradoxe Balthus

Peu de temps après la mort de Balthus, en 2001, Raphaël Aubert publiait dans art press (no 282, sept. 2002) un stimulant point de vue remettant en cause certaines idées reçues sur le peintre. Balthus, pour le sens commun, c'est le peintre classique égaré dans la modernité, l'anti-Picasso, celui qui n'a pas cédé au culte vingtiémiste de la rupture. L'opinion de Raphaël Aubert est tout autre. Non seulement Balthus, pour cet auteur, est un moderne mais, qui plus est, il œuvre lui aussi à contre-courant de son époque. Voire, l'essai permanent, chez Balthus, de lier art du passé et modernité, essai non transformé, signe son échec final. La singularité de l'œuvre du peintre, du coup, n'en est que plus grande. A ceci près : l'intrigue si propre à ses toiles n'est pas ce que l'on croit, elle n'est pas le fruit d'un surréalisme mal débrouillé ou de l' " inquiétante étrangeté " freudienne, mais l'effet même de cette contradiction non surmontée. Le Paradoxe Balthus, petit livre mené comme une enquête policière, enrichit cette réflexion (…) A la légende Balthus, Aubert oppose la stricte biographie et l'examen des œuvres, en particulier La leçon de guitare. Instructive entre toutes, cette toile au contenu érotique assumé par l'artiste contredit notamment ses velléités dernières de se présenter en tou et pour tout comme un peintre " religieux ", créateur anti-individualiste que n'inspireraient, contre la tyrannie du moi, que l'universel ou la grande tradition de l'art.

Paul Ardenne, art press, no 320, février 2006

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Revue de presse

Les audaces de La Leçon de guitare décryptées en toute liberté, loin des légendes qui font au " dernier des classiques " une prison dorée.

Le Soir
Bruxelles, 7 décembre 2005

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Dans un petit livre clair et pur de tout jargon, Raphaël Aubert, en érudit humaniste plus qu'en spécialiste pointu, nous propose une approche à la fois instructive et critique du grand peintre et de son œuvre, éclairant un double paradoxe. Le premier est lié aux sources classiques du peintre et de son œuvre (notamment Piero della Francesca et Courbet) qu'il " détourne " en vrai moderne ; le second à son érotisme, dont l'auteur démêle bien les ambiguïtés.

24Heures
Lausanne, 10 janvier 2006

 

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