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Michèle Bolli
http://sites.google.com/site/lisiere2/

Notice biographique -  Bibliographie - Poésie - Poésie et Cinéma -
L'écriture et le féminin (extrait)
- De chair et de rêves (extrait) - Les quatre veilles de Judith

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Anciennes Rubrique : Textes
Extrait de "Déploie tes densités"


  Notice biographique

Michele Bolli

Michèle Bolli, théologienne et écrivaine, née dans le canton du Jura. Vit à Lausanne, CH.

Travaille, depuis plusieurs années:

Dans l’enseignement théologique au Séminaire de Culture Théologique. Collaborations avec la Faculté de théologie de Lausanne ; avec l’Université Biblique du Costa Rica. Spécialisée dans l’étude du langage et des traditions sapientiales en théologie.

A l‘interface entre la réflexion et l’expression théologiques, les traditions chrétiennes et la culture.

Au sein du département Formation et Accompagnement de l’EERV, secteur de l’aumônerie de l’Education spécialisée, pour mineurs placés. A l’interface entre les approches psychosociologiques et la spiritualité.

Dans le champ culturel
- en littérature, par l’écriture poétique.
- avec les représentations cinématographiques et interculturelles.
- A l’interface entre la culture et la spiritualité.

Adresse e-mail : mibv@sunrise.ch

Liens
http://sites.google.com/site/lisiere2/

 

  Bibliographie

Déploie tes densités, Labor et Fides, Genève, 1982.
 
Par les persiennes, Labor et Fides, Genève, 1985.
 
Traverse la nuit océane, c.a., 1995
 
Laisses, c.a., 1998.
 
Désirs d'être, Cinéma et différences. Lausanne, 2000
 
Sur les traces d'une petite croqueuse, Tessera, Montréal,Qc., 'Misogynie/Misogyny', vol.36. automne 2004, 55-56.
 
Îliennes. Poèmes de Michèle Bolli, peintures de Catherine Bolle, Editions Traces, 2005.
 
Transparence enluminée, Catherine Bolle, Points perdus cardinaux , La Baconnière-Arts, Genève, 2007.
 
Retailles, poèmes, Unibook, 2010.
 
Les quatre veilles de Judith, poèmes, Bookapp.com, 2011.

Articles

«  L'Autre dans la dogmatique : une incontournable figure? . Au cour du théologique : le questionnement du dit poétique », R.H.P.R. ,Strasbourg,avril-juin,1984,123-134.
 
«  Bouge pas, meurs, ressuscite ! » , A propos du religieux dans le culturel, ici le cinéma avec Kanevsky, Tarkowsky, Subiela, Bulletin du SCT , juillet 2005, Lausanne.
 
«  Un mot de trop ou l'amour dévié » , A propos de Jésus et Marie de Magdala et du Da Vinci Code, Bulletin du SCT , juillet 2006, Lausanne.
 
«  Aux berceaux, la lumière  », Bulletin du SCT , décembre 2007, Lausanne.
 
«  Intelligibilité théologique et existence en réseau  », Bulletin du SCT , juillet 2008, Lausanne.

 

  Poésie

Déploie tes densités.
Poésie dans la vie.
Palpitation ténue des mots. Fragilité et force réconciliées. Densités de mouvements indomptés. Dans la chevelure de l’instant défait, en cette nudité de l’en- dedans, le poème mène un combat essentiel à l’émergence du corps de la parole.
Moments furtifs de la déchirure du temps. Les yeux de l’enfance étoilée, ses rêves de porcelaine bleutée.
Miettes de vie – féminité de la Parole, poème du Verbe

Délivrance

Congédiant l'antique douleur
Elle offrit quelques brindilles

Survint le souffle créateur

Les braises s'emparèrent
de la nourriture amère

Et la flamme improbable
S'élance lumineuse

Naquit ainsi
la fertile nuit d'espoir

extrait de : Déploie tes densités, Labor et Fides, Genève, 1982.

***

Par les persiennes.
Nuit.
Bruissements. Elans. Mouvements. Murmures de Source. Se cherchent deux différents. Autres.
Avec prudence, avec espérance. Et passion. Avec désespoir aussi, avec défi et interpellation se dessine en de multiples lieux leur rencontre; se laisse déchiffrer leur histoire. Persistantes percées lumineuses.
C’est à entrer dans la proximité et l’écoute de cette vie entre Dieu créateur et ses créatures que vous invite la parole poétique de ces quelques persiennes.

Labor et Fides, Genève, 1985. Epuisé.

***

Traverse la nuit océane.
Judith ouvre la porte sur la nuit. Elle part vers l’inconnu. De l’autre côté du langage. Elle affronte l’obscur qui recèle de nouveaux possibles, mais aussi d’ imprévisibles obstacles. Et des moments d’illumination, de joie, de découverte. Jusqu’à ce jour du retour dans la lumière.

a.p. Lausanne, 1992.

***

Laisses.
Un livre comme un objet métaphorique.
Une couverture bleue turquoise translucide comme la surface de la mer
Des mots courant sur du papier structuré en petites vagues. Une écriture pink comme le sable déposé au fond de la mer. Signes pour une mémoire laissée, mais non perdue. Une mémoire qui demeure accessible par cette voie fluide ; par ces petits espaces marins au creux du temps.
Il suffit d’entrer dans cette eau claire et de suivre l e mouvement balisé par de poèmes en poèmes pour entrer dans le voyage.
Cette écriture s’ajoute à celles d’autres poètes –femmes pour signifier que contempler le reflet féminin – nommé aussi Ophélie – ne conduit plus, comme dans la mythologie, à la noyade ; qu’entrer dans ces eaux mémoriales,y nager et revenir au présent, peut se vivre sans se perdre
Trois voyages : en Chine, à Thira, en Israël. Trois suites de poèmes pour en inscrire les laisses dans ll’écriture. La poésie, receleuse de ces traces, trésorière consentante d’une précieuse part de la vie écoulée.

a.p. Lausanne, 1999.

Se réveiller un matin,
avec une faim de loup et des fourmis dans les jambes.
Puis s'apercevoir
que la mer tiède et turquoise, vous épie,
prête à vous emmener au loin,
au profond,
à la vie.

(extrait de "laisses", recueil de poèmes)

Shalom ?

Les armes à feu soutiennent des jeunes gens faméliques.
Des canons pointés sur le Liban...
Le Golan: un champ de mines...
Des enfants que l'on promène gardés par deux fusils...
Des visages masqués portent des poings levés.
Pourtant flotte à Hébron, le drapeau palestinien...

Et le cri rauque des chameaux déchire le soir tombant.

Traits du réel,
noirs, inquiétants,
lourds de menace.
Signes de sutures mal fermées.

Visage coléreux de la Palestine.
Visage guerrier d'Israël
qui monte du fond de son histoire
qui monte de David
qui monte de Josué
qui monte de Déborah et Baraq

Serez vous jamais apaisés ?

extrait de "laisses" recueil de poèmes

 

  Poésie et Cinéma

Désirs d’être : cinéma et différences

Cahier de 40 p. illustré, 2000

Ce cahier présente trois aspects de la multiculturalité au travail dans notre pays :

1. Une évocation poétique de quelques films marquants créés par des cinéastes du Sud pour nous faire connaître la réalité de leurs cultures.

2. Une réflexion éthique au sujet de la rencontre avec l’étranger. N’est-il pas cet être humain différent de nous par son système de valeurs socioculturel ou religieux, mais aussi semblable à nous, par ses émotions, ses sentiments, sa réflexion, sa créativité ?

3. Un retour sur l’histoire de deux importantes institutions interculturelles et internationales : le Festival de Films de Fribourg et la maison de distribution de films Trigon. Deux interviews content les balbutiements du démarrage et montrent l’audace de leurs fondateurs.

 

  L'écriture et le féminin (extrait)

Quelques mots au sujet de l’acte d’écriture et de l’identité féminine

Des femmes s'approprient l'écriture

Le point de vue de l'être-au-monde féminin s'inscrit dans des formes d'écriture qui, telles des veines nourricières, parcourent le vaste corps symbolique produit par les écrivains d'une société donnée.

(…)

Elles vivent leur spécificité dans le mouvement du venir à l'écriture

Laisser naître de soi une écriture conduit les écrivaines à entrer dans une activité de production d'images, de représentations, de formes littéraires et philosophiques qui servent deux importantes perspectives.

En premier lieu, après avoir développé une critique de leur situation, elles font un pas hors de la position de victime et/ou d’objet. Elles commencent une appropriation de leur propre personne et de l'outil que constitue la langue, par l'usage spécifique qu'elles font des mots.

Produire un texte, c'est généralement le signer - c'est donc parapher son identité et se placer symboliquement parmi ceux qui portent un nom - c'est-à-dire se considérer comme une personne (et non un objet) - issue d'une histoire familiale - d'un réseau d'alliances; et, qui a, elle aussi, à développer le mouvement de sa propre histoire. C'est être amenée à prendre la mesure de sa propre liberté en la déployant, ici, par l'écrit.

Ecrire oblige encore, celle qui pratique cet art, à se représenter, non seulement son nom, mais encore son genre; femme particulière parmi d'autres femmes, en communication avec un ou des hommes, humains appartenant à l'autre genre. C'est donc assumer sa différence, d'une part, au sein du groupe des mêmes et, d'autre part, dans les échanges avec le groupe masculin.

(…)

Ecrire, enfin, invite à s'accepter une et plurielle. A laisser se former dans l'écriture des traces, humour - images-souvenirs - rapport aux adultes, qui se sont frayé un chemin du lointain de son histoire, du temps où la petite fille était reine encore. C'est les voir se mouvoir en ce vivier - le texte. Y côtoyer les expressions et les formes issues de la fonction de mère et de partenaire, membre d'une société donnée, à un moment précis de l'histoire humaine.

Femme est le nom de cet ensemble chatoyant, multiple, fait de contrées froides ou désertiques, ou encore luxuriantes, chaleureuses, rassemblées sous un nom unique, duquel est déployée une parole portée par le désir de communiquer.

La capacité de reconnaître la particularité et la spécificité de son point de vue sur le monde se développe plus facilement si la femme peut confronter ce dernier à celui des autres. (…) Ce n'est qu'à travers ce second temps que se distinguera, d’un côté, ce qui relève du féminin social, et de l'autre, ce qui appartient à la coloration propre à sa personnalité, expression de ce qui tient ensemble les éléments qui forment son je.

Lire d'autres écritures, agrandir sa conscience du féminin et du monde où il s'insère.

Secondement, rejoignant la préoccupation qui vient d'être repérée, les écrivaines cherchent à saisir, par le miroir qu'offrent les écrits des autres femmes (et de quelques hommes aussi), de nouvelles dimensions de l'être-femme dans un contexte donné, en vue d'amplifier et d'affiner leur conscience, et d'améliorer leur communication avec autrui. H. Cixous reconnaît ce besoin d'autres voix: "Nous ne pouvons pas apaiser notre faim avec des assiettes de soupe, nous ne pouvons pas nous réchauffer l'âme en mangeant. Nous avons besoin pour garder la vie de sentir que des femmes vivent tout près de nous" (L'heure de Clarice Lispector, 1989). Et j'ajoute, des hommes aussi. Mais cela paraît plus évident.

(…)

Rejointes par de telles écritures, des femmes guérissent des blessures reçues par le regard dévalorisant que trop souvent la société a posé sur elles. Elles font un pas, puis un autre, hors des conduites où de séculaires habitudes les ont confinées. Elles redécouvrent leur plaisir d'être au monde, vis-à-vis des hommes, différentes d'eux, et des autres femmes. Suscitées à la parole et à la communication par cette spécificité-même.

(…)

D’après Un éclairage porté sur le lien entre écriture et identité féminine ,
Rev. Vivre au Présent, 1991

Michèle Bolli

 

  De chair et de rêves (extrait)

De chair et de rêves,
des femmes font signe pour les cinéastes du Sud,
Zhang Yimou et Eliseo Subiela

Remontant de la profondeur oublieuse,un visage, un nom Berivan, une héroïne du cinéaste turc Y.Güney.Une femme, certes, mais muette, rendue muette par un contexte répressif. Elle en mourut.

Femme-signe qui servit de révélateur pour une situation en apparence banale, mais dont la structure oppressive, immuable, broyait les individus les plus fragiles.

Visage devenant peu à peu parole, de sa culture à la mienne, par l’image filmée. Première expérience de la force d’un plan, de l’impact d’un visage-signe, lorsqu’il occupe très précisément le lieu d’où le sens peu bousculer la représentation du réel.

Ainsi, qu’il le veuille ou non, le cinéma est une sorte de laboratoire où se visualisent les figures de la relation sujet-objet ou sujet-sujet, le plus souvent à travers les rapports de genres.

Ce dispositif symbolique, scène où plusieurs personnages interfèrent et agissent dans un contexte donné, offre un miroir en mouvement suscitant le mimétisme du désir et/ou permettant la distinction et la critique. Nous irons visiter deux de ses dimensions, celle du spectateur-spectatrice, et celles des maîtres d’œuvre de la vision, du mouvement, du rythme, du propos, les réalisateurs Argentin et Chinois, Subiela et Z.Yimou.

(…)

Subiela focalise son regard sur des héroïnes qui sont sur le point d’entamer un changement. Cela lui permet de les suivre durant une partie de cette modification.(…)

Le cinéma de Subiela nous donne à décrypter des rêves éveillés dont la trame réaliste est truffée de scènes surréalistes. Il impressionne par la diversité des femmes-signes qu’il a créées et mises en situation.(…) Elles ne sont pas immédiatement accessibles, saisissables, telles des objets ou des signes. Il faut apprendre à les connaître. Il faut se faire accepter d’elles. Elles sont l’Autre. En sa volonté d’ouvrir la situation à de l’inattendu, il permet à chaque forme de l’identité-femme d’exister en face de son regard d’homme quêtant, à chaque âge, une, des partenaires pour, avec elle-s, donner sens à l’existence.

(...)

Zhang Yimou, cinéaste de la cinquième génération, frappe le spectateur, la spectatrice, par la rigueur, la netteté, la dureté parfois de son regard.(…) Ses héroïnes s’inscrivent dans des contextes historiques et sociaux violents. Les séquences de Zhang Yimou traduisent une sorte d’amour sensuel et fort pour la nature et le peuple chinois qui se transmet par son regard sur la femme, mais aussi plus largement par le traitement de formes, de sons, de couleurs qui constituent les images et les mouvements rythmés du film. Il tourne souvent avec la même actrice, ce qui contribue à donner une unité à son œuvre.(…)Gong Li incarne le passage d’une vision de la femme à l’autre, de la militante en uniforme, asexuée, à la femme qui retrouve sa forme corporelle ainsi que le pouvoir érotique qu’elle possédait dans le passé(…) La femme n’est-elle pas ici la métaphore de l’évolution de la Chine ?

(…)

Plurielles, décidées, personnalisées, telles sont les héroïnes de Zhang Yimou et d’Eliseo Subiela. Elles font signes pour les autres indiquant le fonctionnement d’un tissu social, d’une culture. Et si le premier demeure le maître incontesté de la rigueur réaliste, le second sait explorer le réel jusqu’en ses parts invisibles, telle la vie évoluant à l’intérieur des êtres, des relations, du cosmos.

Du visage-image de Berivan, objet-signe, à l’actrice Gong-Li, sujet-signe, l’image de la femme occupe ici tout l’éventail des possibles. Leurs langages vont du virtuel au réel, du concret au rêvé, ouverts à ce que l’on nommerait dans la langue, la dimension épicène. Ils donnent à découvrir une dynamique pour vivre les unes avec les autres dans le monde.

Michèle Bolli
Extraits de : Revue Hors-Champ, 5, 2000

 

  Les quatre veilles de Judith


Michèle Bolli - Les quatre veilles de JudithUne nuit, certes, est envers du jour, mais aussi profondeur invisible où habite le mystère de chaque existence. C'est de là que parfois, en un geste étonnant, l'être humain se met à prier et s'élance ainsi à travers la nuit, emporté vers une probable présence, avec ses mots, ses rêves, ses intuitions, ses souvenirs, en un mot, sa vie. Ici, Judith, est celle qui, par sa parole poétique, conduit cette nocturne traversée en quatre veilles jusqu'à l'aube.

Les quatre veilles de Judith, poèmes, Bookapp.com, 2011.



Page créée le 01.08.98
Dernière mise à jour le 15.02.12

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