Actuellement sur le Cultur@ctif
Les invités du mois : Jean Richard (Editions d'en bas), Sabine Dörlemann (Dörlemann Verlag), Thomas Heilmann (Rotpunktverlag), Fabio Casagrande (Edizioni Casagrande) - Les Livres du mois : Fabiano Alborghetti : "Supernova" - Quentin Mouron : "Au point d'effusion des égouts" - Peter Stamm : "Au-delà du lac" - Mikhaïl Chichkine : "Deux heures moins dix" - Marius Daniel Popescu : "Les couleurs de l'hirondelle" - Arno Camenisch : "Ustrinkata" - Sylviane Dupuis : "Poème de la méthode" - Klaus Merz : "Die Lamellen stehen offen" - "In der Dunkelkammer" - Pietro Montorfani : "Di là non ancora" - Inédits : Elena Jurissevich : "Ce qui reste du ciel" - Erica Pedretti : "Plutôt bizarre"

 
retour page d'accueil


Georges Borgeaud
www.georgesborgeaud.ch

Bibliographie -  Le Jour du printemps, un roman posthume de Georges Borgeaud

  Bibliographie

Le Préau, roman, Gallimard, 1952
(Editions L'Age d'homme, 1982)
 
La Vaisselle des évèques, roman, Gallimard, 1959
(Editions Gallimard, 1992)
 
Italiques, Lausanne, L’Age d’Homme, 1969.
(Editions Verticales, 1999)
 
Le Voyage à l'étranger, roman, Bernard Grasset, 1974
(Edito-Service, 1979)
 
Le soleil sur Aubiac, Editions 24 Heures,1986.
 
Mille Feuilles (tomes I-IV), chroniques, La Bibliothèque des arts, 1997-1999
 
Le Jour du printemps, roman, Denoël, 1999

Sur l'auteur

André Durussel, Georges Borgeaud, essai. Ed. Universitaires, Fribourg 1990

Collectif

La langue et le politique : enquête auprès de quelques écrivains suisses de langue française, éd., conc. et préf. par Patrick Amstutz, postf. de Daniel Maggetti, Editions de L'Aire, Vevey, 2001. p.99.

 

  Le Jour du printemps, un roman posthume de Georges Borgeaud

Georges Borgeaud - Le Jour du printemps
Ce jour, c’est précisément le 21 mars 1959. Le narrateur, prénommé Bernard, écrit à son jeune ami Antoine Cerniat une phrase que va lui dicter " un grand mouvement de tendresse amplifié par sa propre culpabilité " (p. 227). Hélas, ce roman de Georges Borgeaud, trop longtemps retenu par son auteur qui est décédé en décembre 1998, m’a passablement déçu. Peut-être, d’une part, à cause de cette " culpabilité " sans cesse ressassée, celle qui fut " la toile de fond de sa jeunesse ", mais aussi et surtout, d’autre part, parce que ce roman, achevé au début des années huitante et refusé par Grasset peu après le succès du " Voyage à l’étranger " (1974), contrairement aux grands vins, n’a rien gagné d’attendre si longtemps dans un tiroir de l’avenue Froidevaux.

Une relation trouble et ambiguë, essentiellement épistolaire à partir du milieu de la deuxième partie de ce roman, va donc s’établir et s’agrandir démesurément entre un écrivain d’âge mûr et son jeune admirateur, et cela jusqu’au drame final.

Un drame qui est suivi d’un long épilogue, comme s’il fallait que le narrateur tente une dernière fois de se justifier, d’expliquer l’inexplicable, refaisant ces chemins sans issue, cette " sortie de route qui mène en définitive au lieu où la conclusion de tout nous attend " (p. 314).

Après le légitime succès littéraire de son premier roman fortement autobiographique intitulé " Le Préau ", Georges Borgeaud avait publié " La Vaisselle des Evêques " chez Gallimard, puis évoqué sa rencontre décisive avec la Mer du Nord dans " Le Voyage à l’étranger " déjà cité, un roman magnifique qui lui vaudra le prestigieux Prix Renaudot. Chargés de poésie, de cet émerveillement permanent pour les choses simples que l’auteur du " Soleil sur Aubiac " et d’" Italiques " a toujours su rendre avec infiniment de bonheur, ces ouvrages sont et demeurent à mon avis des chefs-d’œuvre, servis par une écriture soignée et parfaitement maîtrisée. Dès lors, j’ai de la peine à comprendre pourquoi l’écrivain, en pleine possession de ses talents reconnus, s’est lancé dans ce nouveau roman en partant d’un événement personnel vécu en mai 1957 à Crêt-Bérard (près de Puidoux VD) lors du soixantième anniversaire du poète et traducteur Gustave Roud (1897-1976), l’obligeant à bâtir une intrigue où il ne se passe presque rien, à partir d’un personnage principal un peu détraqué qui va l’éloigner de ses thèmes de prédilection, l’obligeant même à inventer d’autres personnages peu convaincants. Il y a certes des passages de cet ouvrage qui sont excellents. Ceux en particulier où le narrateur rend visite à des anciens fermiers du Mont-sur-Lausanne qui l’avaient accueillis autrefois, ou encore les dernières pages du livre, celles-là même que Georges Borgeaud racontait volontiers en public, à savoir ce chapelet étincelant et trop lourd, emporté par une pie et tombé dans la haute herbe d’un pré de montagne où s’affairent des faucheurs alignés… Cette thématique rappelle étrangement l’accidentel éparpillement du collier de perles de Madeleine Cédrat au terme du " Voyage à l’étranger " de 1974. De même, Constant Cerniat, le père adoptif d’Antoine, ressemble beaucoup à Léon Cédrat, le mari de Madeleine.

Georges Borgeaud, soucieux d’exploiter le succès d’un chef-d’œuvre en essayant de le reproduire sous une autre thématique, s’est peut-être fourvoyé ? Et s’il est heureux, pour les spécialistes en génétique de l’œuvre de l’écrivain, que les Editions Denoël aient pris le risque de publier enfin ce roman, l’ensemble, à mon humble avis, ne s’en trouve guère agrandi, ni complété. Je crois qu’il faut oser le dire ici, à cause de la profonde attention que je porte à tout ce qu’a écrit cet " oiseau tombé du nid " (p. 127), un passereau la fois insaisissable et désormais sauvé.

André Durussel
ESPACES No 223, juillet- août 1999

Le Jour du printemps, roman, par Georges Borgeaud (1914-1998).
Avec une note de l’Editeur. Editions Denoël, 9, rue du Cherche-Midi, F-75006 Paris. ISBN 2-207-24895-X, 319p.

 

Page créée le 01.08.98
Dernière mise à jour le 20.02.09

© "Le Culturactif Suisse" - "Le Service de Presse Suisse"