On ne le dira jamais assez, la perfusion est planétaire. L'euphorie gagne, le divertissement est généralisé, la consommation se porte bien. Tout le monde est content, tout va pour le mieux. Il est une force, cependant, derrière le feu d'artifice. Invisible, puissante, infinie.
Catapulté vers Zurich, l'oeil critique, la solitude solide, l'allemand boiteux, le narrateur va profiter à fond de sa mise en retrait. Mieux, il va en faire un exercice de tous les instants.
Qui suis-je ? Avec ce genre de question, on atteint trop souvent l'objet utile à d'autres, l'acteur. Et d'ailleurs, qui est ce "je" au-delà de sa mémoire, autrement dit, au-delà de ce qu'il a appris à penser qu'il était ? Trop de tout, n'est-ce pas, trop de mémoire, d'informations, de jeu - de société -, de propagande, de lavage de cerveau.
Alors déconnecter, débrancher, enlever la perfusion et ne pas s'en faire, car il faut que cela se passe.
D.C.
David Charles, La Part du vide, Lausanne, L’Age d’Homme, 2008. |