De l'autre côté / Prix Schiller 1991 - Extraits de Presse

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Nous avons sans doute là un des textes les plus beaux et les plus envoûtants de cette rentrée littéraire en Suisse romande : il s'impose par la gravité de son thème, le désespoir qui y filtre à travers la limpidité d'une écriture qui a l'éclat et le tranchant lumineux d'un diamant.
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J.-B. Mauroux
et Le Courrier
7/8 décembre 1990

De Sylviane Chatelain, nous avions déjà goûté Les Routes blanches, un premier recueil de nouvelles qui en disait long sur les possibilités de l'auteur dans un genre réputé difficile. La Part d'Ombre, son premier roman nous avait aussi séduit. Il a d'ailleurs obtenu le Prix Hermann Ganz 1989 et celui de la Commission littéraire du Canton de Berne. Mais avec De l'autre côté, un recueil de sept nouvelles qui emprunte son titre à celle qui domine l'ouvrage, nous découvrons un écrivain parvenu au sommet de son art. Depuis Corinna Bille, nous n'avions plus lu dans la production romande de textes brefs si forts, si prompts à créer un climat et à percer le mystère de nos solitudes et de nos silences... ...C'est triste, c'est sombre, mais quelle étrange beauté, fortifiée encore par des images d'une grande sobriété... une beauté proche du sortilège...!

Roger Guignard
A l'affiche, Radio Suisse Romande La Première
20 novembre 1990

Quant à Sylviane Chatelain, c'est plus haut encore et plus loin qu'elle nous emmène dans un recueil de pure émotion et d'écriture parfaite dont se détache l'admirable récit intitulé De l'autre côté. En septante pages, sans un mot de trop, c'est une tragédie à rebondissements inattendus, douce et terrible. Par accident, une femme écrase une petite fille - l'horreur vécue. Puis on voit la mère jeter le grappin sur l'innocente coupable, et la douleur se faire vengeance, et le remords se faire torture. On le lit pas cela comme de la littérature, mais c'est de la vraie, de la grand littérature. Lisez, cela ne se décrit pas.

J.-L. Kuffer

15 novembre 1990

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Ce recueil donne toute la dimension exploratrice de la plume incisive de celle qui aujourd'hui se révèle comme la meilleure nouvelliste de Suisse romande : Sylviane Chatelain recule l'envers du décor dans les reflets de mémoires contiguës de notre vie de tous les jours. Et ses ironies, comme autant de facettes, des clins d'oeil perspicaces aux sarcasmes du sort qui guette tout un chacun; des plus compassés idolâtres du cocon social, et des autres, unis aux jours qui passent qui érodent les chemins de l'esprit prompt aux glissades du temps énumérées au choix de l'auteur à sept reprises.

C. Favre

7 décembre 1990

Pourquoi le cacher? La lecture de cet ouvrage a été pour moi une révélation. J'ai tremblé devant le courage qu'il a fallu à l'écrivain pour oser transgresser nos sécurisantes apparences et plonger dans certains abîmes humains. Les six premiers récits de son livre m'ont émerveillé par leur densité. Le dernier, qui donne son titre au recueil, m'est apparu comme un chef-d'oeuvre.

S. Dubuis
Veillée de Crêt-Bérard
avril 1991

L' Etrangère : Extraits de Presse

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Sylviane Chatelain donne dans la pure fiction et ses nouvelles, regroupées sou le titre L'Etrangère, s'inscrivent dans un monde fait de fragilité, de violence latente, d'angoisse.

Un univers où seuls les enfants attentifs aux chats et aux oiseaux, sont porteurs d'humanité sur fond de désespoir. Ainsi Clara, enfermée dans La Tour : "Quand elle s'est éveillée, le soleil avait la légèreté du matin. Et peut-être avait-elle grandi, le mur ne lui cachait plus les champs, les collines qui s'étendaient à perte de vue, les maisons groupées en villes ou en villages et, sur les routes, dans les rues, les hommes, les femmes, les enfants. Mais si elle distinguait chacun d'eux, personne ne s'apercevait de sa présence. Elle était seule (...). Le soir venu, elle savait que leurs routes s'entrecroisent sans jamais se rejoindre." Ou cette enfant dans La Ville: "Elle s'est assise sur le mur. Elle était fatiguée, engourdie dans le silence de le place depuis que le chat l'avait quittée. Elle aurait voulu s'étendre sur le mur comme le vagabond et attendre que le chat revienne, sentir sa fourrure".

L'univers de Sylviane Chatelain est suspendu entre l'irréel et le cauchemardesque. Le soleil n'y fait que de timides apparitions, peinant à percer la grisaille d'une quotidienneté dont tous les traits rappellent la dominante concentrationnaire du siècle qui s'achève: "Chacun doit rester seul et se taire, éviter surtout l'insupportable addition de leurs mémoires."

Sylviane Chatelain est une très grande dame de la littérature. Ses textes, dans leur âpre violence, sonnent comme autant d'invitations à dépasser une condition décidément trop inhumaine. En cela, elle ressemble beaucoup à Agota Christof, sa voisine neuchâteloise.

Gérard Delaloye

Les six nouvelles de Sylviane Chatelain que l'éditeur Bernard Campiche vient de publier sous le titre de L'Etrangère devraient, semble-t-il, nous faire reculer d'horreur. L'odieux, l'absurde, de l'inhumanité, la dureté de certaines conditions de travail, une vision la plupart du temps désespérée de la vie et de la mort s'y étalent avec une densité, une force implacable. Sitôt ce livre ouvert, le lecteur ne parvient toutefois plus à s'en détacher tant ses textes terribles exercent sur lui une provocante fascination. Pourquoi ?

Parce que Sylviane Chatelain est un grand écrivain. Ses phrases brèves portent à tous les coups. Ses descriptions suggèrent des espaces qui s'imposent avec une évidence incroyable. Des mots apparemment banals réussissent dès les premières lignes de quelques-uns de ses récits à faire déjà sourdre un climat d'angoisse appelé à se préciser toujours plus. Evoqués dans un style où se mêlent souvent réalisme minutieux et délirants fantasmes, le souvenir de certaines horreurs du passé et le pressentiment de leur retour possible nous incitent à nous interroger sérieusement sur l'avenir du monde.

Samuel Dubuis
Le Régional

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Sylviane Chatelain raconte ici des histoires simples, intemporelles, où tout est dit à demi-mot. Par ce langage simple, par ces phrases courtes, elle crée un rythme qui entraîne peu à peu le lecteur, et qui donne à ses évocations de la nature ou des rêves une grande beauté poétique. Débarrassé de toute fioriture, de tout effet de manches, ce livre va à l'essentiel : il vise droit au coeur.

Frédéric Julliard