Narcisse Seppey - Scènes
de chasse en Valais
César
"Il était une fois un cerf
extraordinairement développé, qui vivait dans
la région d'Hérémence, dans les années
1970-1980."
Je m'enfonce profondément dans
mon fauteuil pour recueillir ces récits, comme on les
disait le soir, à la veillée. Ces faits, Narcisse
les a vécus. Ils se racontent à tous les temps
de la passion. Ils font sourire, rire, quelquefois pleurer.
Suivez-nous dans la vallée.
"Sa masse dépassait largement
celle de tous les autres, sa ramure, sans être exceptionnelle,
lui correspondait.
On s'interrogeait. Ce cerf devait-il
son développement à toute la nourriture qu'il
maraudait dans les jardins d'Hérémence ou à
ce penchant qu'il avait pour une mendicité sans vergogne
? L'un et l'autre, certainement, car le bel animal vivait
la jolie saison comme un pacha, à l'ombre des bosquets
qui bordent la rivière. Il s'installait dans les jardins
potagers dès l'apparition de la première neige.
Début novembre généralement.
Pépère à cette
période où les périodes où les
propriétaires ont récolté ce qui leur
est nécessaire, le grand cerf s'enhardit de plus en
plus, se montra de plus en lus vite et de plus en plus près
des habitations...
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Bruno Bagnoud - Parole d'Honneur
Bruno reparle de fatalité.
- On avait un pilote français, Pellegrin. Il avait tout fait, il avait été au Vietnam, on lui avait tiré dessus, etc. Il avait tout vécu. C'était un instrument solide, je l'ai engagé.
On avait conclu un accord avec les italiens pour des navettes derrière le Monte Leone. Ce contrat précisait que nous montions du village, le matin, à midi et l'après-midi, jusqu'au barrage, avec des équipes qui effectuaient des travaux de contrôle. L'Alouette III était prévue pour effectuer ce travail. Un jour, on me téléphone et on me dit: "Ton Alouette III s'est crachée."
D'ici, on ne voyait pas de l'autre côté tellement il faisait mauvais et là-bas, il faisait grand beau.
Pellegrin redescendait avec Bartholdi, le mécanicien assistant et le responsable de la société Enel. Ils rentrent dans un câble, l'hélico bascule et s'écrase plus bas. Le responsable d'Enel qui n'était pas attaché, est éjecté par la vitre et se retrouve assis dans la neige. Il vit toujours en Italie. Le moment pour lui n'était pas le bon, où plutôt pas le mauvais.
La vie de Bruno est peuplée d'histoires comme celles-là. Pour ces hommes qui vont à la rencontre du ciel, les rites de passage s'accomplissent souvent dans des régions de lumière intense et demeurent entourés du mystère des destinées. Ces morts programmées... incontournables et ces miracles sont inscrits dans le grand livre de la vie. Il est possible...
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Valais grandeur nature
On nous prête des origines sarrasines et des yeux couleur glacier, des coups de gueule et des timidités, de l'aisance et de la brusquerie, du bon sens et de la déraison, des blocus sentimentaux et le goût des discours échevelés. Nos ancêtres sont nés dans des raccards suspendus aux flancs des vallées. Ils étaient, pour la plupart, paysans et s'exprimaient dans des patois aux consonnances gothiques. Leurs descendants sont ambassadeurs ou banquiers.
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Courbet l'Insoumis
Le 1er août 1873, les cloches de Fleurier carillonnent. Des enfants courent dans les rues avec des lampions rouges à croix blanches. Dans des éclats de rire, ils font éclater des pétards. Les clients attablés à la terrasse de l'auberge sursautent. Les femmes poussent de petits cris. Cela sent le soufre. Courbet vient d'apprendre qu'il est définitivement expulsé de France. Au milieu de la fête populaire, il ne compte plus ses verres d'absinthe. Sur les conseils de Barman, il se rend discrètement, dans les premiers jours d'août, à Saillon, à l'Auberge des Moulins, proche des gorges de la Salentze...
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Vigneronnes passionnément
Installées sur un mur, devant la maison, nous parlions d'humilité, Marie-Thérèse Chappaz et moi, et de la vie, plus grande que nos vies. C'était sans doute à cause de la douceur de la lumière et de ce tenace parfum, un assemblage de capucines et de giroflées, promené par un vent tiède de fin d'après-midi.
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