1957 en Algérie : la guerre d’indépendance fait rage. Attentats à la bombe et torture sont à l’ordre du jour. L’orientaliste Ben Kader se retrouve parachuté au beau milieu de tout cela, avec une délicate mission à accomplir. Bien des années plus tard, à l’automne 2001, son fils, Dan, est arraché à la vie paisible qu’il mène à Zurich. Le passé de son père le rattrape lorsqu’il entame la lecture du document AS 1957. Il ne peut garder ses œillères plus longtemps : la surface bien lisse de son quotidien se trouble, son reflet se déforme. En se mettant dans la peau de ce fils en quête de vérité, c’est cette remise en question que Daniel Goetsch nous rapporte dans ce roman:
Jusqu’à présent je n’étais entré qu’une seule fois dans l’appartement de mon père. Je devais avoir alors dix ou onze ans. Je ne me rappelais pas la raison, mais très bien le sentiment d’angoisse qui s’était emparé de moi lorsque j’avais franchi le seuil derrière lui. Me voici en territoire ennemi, avais-je pensé. Cet appartement m’était suspect puisqu’il mettait en question notre foyer commun, l’appartement en terrasses dans lequel nous logions tous les quatre. Un vrai foyer ne tolère pas de filiales, un vrai foyer se limite à quatre murs, pensais-je en ce temps-là. Ce n’est que plus tard que je compris le motif pour lequel mon père possédait, à côté de notre foyer, son propre appartement, et que c’était mieux ainsi.
Daniel Goetsch, Ben Kader, Traduit de l’allemand par Christine Theumann-Monnier, L’Aire, 2010, 209 pages.
Page créée le 25.05.10
Dernière mise à jour le
06.07.10
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