Sergueï Hazanov
Notice biographique
- Bibliographie - Les Lettres
russe
Notice
biographique |
Né à Moscou en 1951, écrivain, poète
et journaliste Serge Hazanov
vit en Suisse depuis 1989. Après ses études
à l'Université Lomonossov de Moscou, il se lance
dans l´écriture et publie des romans, des pièces
de théâtre et des centaines de poèmes
et d´articles dans diverses publications russes, notamment
le journal satirique Krokodil. En 1989 Serge Hazanov s´exile
en Suisse, où il obtient l´asile politique, et
publie en français "Lettres russes". Il s´y
inspire des Lettres persanes de Montesquieu pour dresser,
avec force détails burlesques, un portrait croisé
et très enlevé de la Suisse et de l´Union
soviétique lors des années de mutation 1989
à 1993. Il a également publié en français
un roman "En Déshérence" (Paris, 2000)
et vient de finir "Bottles in the Smoke" et "
S Tet ", deux romans en anglais. Les uvres de Serge
Hazanov ont été remarquées par la critique
en France, en Allemagne, en Suisse, en Russie et aux Etat
Unis. Serge Hazanov a été traduit en anglais,
allemand et autres langues.
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« Si
une malchance vous pousse vers la lecture de mes
chef-duvres, sachez quelles
- ne tendent pas à une histoire continue
et à suspense ;
- naspirent ni à la profondeur de pensée,
ni à lélévation de style,
ni au déferlement des passions.
Mes livres ne sont pas faits pour être lus.
Mais les garder sur votre table de chevet est la
moindre de choses. » |
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Bibliographie |
Do we need
ourselves? Moscou, 1987 |
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Without anything,
Moscou, 1988 |
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An old man
Arcady, Moscou, 1989 |
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A hamster in
a wheel, Moscou, 1990 |
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Lettres russes,
Vevey, Suisse, 1997 |
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EN DESHERENCE,
Paris, France, 2000 |
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Dans l'anthologie
"Contemporary Jewish writing in Switzerland ",
Nebraska Press (USA) 2002 ; Limmat Verlag (Zurich) 2001 |
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Les
Lettres russes |
Les Lettres russes de Sergueï
Hazanov excellent dans la verve chaplinesque
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Le lecteur dénué
d'humour évitera cette lecture. De même
que ne s'y risqueront ni le Suisse susceptible (il
y en a), ni le Russe chauvin (on en a vu), ni moins
encore la femme suisse ou russe susceptible ou dénuée
d'humour. Celui qui ne goûte ni la satire,
ni l'exagération chaplinesque, ni la caricature
des individus ou des peuples, et moins encore la
misogynie galopante, se gardera de mettre le nez
dans ces Lettres russes, qui jouent le plus souvent
sur le deuxième degré gouailleur et
le rire panique.
«Plus c'est pire, mieux c'est bien»,
pourrait susurrer l'auteur sous sa casquette à
transformations évoquant successivement la
chapka, la kipa et le capet d'armailli, pour résumer
une philosophie évidemment empreinte d'humour
juif; et la dernière lettre de ce roman épistolaire
contient un trait assez typique à cet égard:
«Comme me l'a appris mon maître, un
vieux Khazar, pour un poète l'idéal
c'est de pouvoir se passer du nécessaire
mais non pas du superflu.» |
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C'est pourtant le superflu qui fait
bel et bien ronchonner le prénommé Youri lorsqu'il
débarque à Genève en 1989 (l'année
même où l'auteur s'est introduit en douce dans
notre pays) dans sa première lettre à son ami
Igor, resté à Moscou et qui ne ronchonne pas
moins à l'endroit de Gorbatchev et de sa perestroïka.
Les lettres de ces deux amis constitueront d'ailleurs l'essentiel
du livre, combinant les aperçus croisés de la
vie en Occident et du quotidien russe, avec un jeu de reflets
renvoyant au passé estudiantin de Youri, et quelques
autres échappées latérales ménagées
par un autre correspondant, Micha de son prénom et
ancien étudiant de Youri à l'Université
de Lomonossov, dont l' vocation de la vie bohème dans
la grisaille du communisme nourrit les pages les plus attachantes
du livre.
Dans le sillage de Zinoviev
Avec la hargne typique de l'intellectuel
soviétique débarquant pour la première
fois en Occident (des années de puritanisme léniniste
laissent tout de même des traces chez les plus occidentalistes
des rejetons d'Absurdie), Youri brosse un portrait de la société
occidentale qui n'aurait rien à envier, en matière
de caricature, au tableau qu'en fit Alexandre Zinoviev dans
Homo sovieticus. Il y a d'ailleurs quelque chose de la conversation
zinovievienne dans ces Lettres russes, dont l'auteur manifeste
la même verve mariolle et la même curiosité
sociologique, ou plus exactement anthropologico-satirique.
Des femmes suisses («ne pensant qu'au fric et aux fringues»,
comme chacun sait, «de vraies poupées gonflées»,
mais utiles au candidat à l'asile...) aux problèmes
du logement à Moscou, des moeurs comparées en
matière de divorce ou de funérailles, des paniers
de crabes que représentent les milieux de l' migration
russe en Suisse ou du journalisme à Moscou, tout passe
à la moulinette du mauvais esprit de nos épistoliers,
dont on n'imagine pas moins la vie bien difficile entre les
lignes.
Expliquant, en avant propos, son choix
du genre épistolaire, Sergueï Hazanov affirme
que «nos lettres ne mentent jamais, malgré les
efforts de leurs auteurs». Or ce n'est, bien entendu,
qu'une ruse supplémentaire de l' crivain, qui joue
de ce «mentir vrai» à sa façon rouée.
Un certain Athanase, dans un préambule, suggère
en outre qu'il a donné un coup de main à l'auteur
en matière stylistique. Autre clin d'oeil? Du moins,
aidé ou pas à maîtriser son usage de la
langue de Montesquieu, Hazanov se signale-t-il par une indéniable
«voix» d'alerte satiriste-conteur, et son livre
apparaît enfin comme un réjouissant oeuf de coucou
dans le nid souvent trop douillet de notre littérature.
Jean-Louis Kuffer
20.05.1997
Sergueï Hazanov, Lettres russes.
L'Aire, 400 p.
Page créée le 23.02.05
Dernière mise à jour le 20.06.11
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