La violence de l'histoire inquiète; les progrès techniques ont aussi conduit à un défaut d'être; les personnes que nous aimons meurent, et préfigurent notre propre mort. Mais dans ces Paysages avec figures absentes, Jaccottet marche, oublieux de lui-même, et goûte leur beauté, pour retrouver ensuite son émotion de marcheur devant les tableaux des peintres ou dans la poésie de tous les temps. Et finalement, notre personne oubliée, n'est-ce pas la permanence de cette beauté éphémère et la permanence de notre émerveillement qui demeurent? Un rapport apaisé au monde est possible à condition de se détourner du moi singulier. Et la poésie devient parole d'espérance.
Laure Himy-Piéri, “Paysages avec figures absentes” de Philippe Jaccottet, Genève (Carouge), Zoé -
ACEL, coll. Le cippe, 2007. |