Récit constitué en 36 fableaux - vocable demeuré jusqu'à ce jour clandestin et que l'auteur doit à Adrienne Monnier: un fableau étant la réunion de la fable et du tableau. Trente-six tableaux aussi picturaux - ils seraient alors impressionnistes, et s'apparenteraient davantage aux tableautins, mais la chose demeure purement confidentielle, sans quoi il faudrait dire fableautin ... - que théâtraux - ils seraient alors tragicomiques, plus oniriques que naturalistes.
Chaque fableau est relié au suivant par une absence. Plus exactement, il en est le fruit. Une femme rencontre un homme, appelé le souffleur .
Cet homme est établi, sa vie construite.
Leurs rencontres vont devenir des escales pour la femme qui - errance ou épopée - chemine en quête de retrouvailles, avec elle-même, avec l'éros comme souffle de vie, avec la parole. La liaison avec l'amant, comme avec l'absence, va lentement recréer la liaison entre les mots.
Ce qu'elle croit être l'errance de l'être privé de l'objet de son amour se révélera reconquête de la parole endommagée, ou conquête d'une parole nouvelle, à laquelle est restituée sa valeur créatrice, sa puissance poétique - son souffle.
Trente-six expériences, fragments, passages, rencontres, attentes, songes, pour finalement renoncer au souffleur et épouser dans la nuit profonde le chant joyeux du Verbe.
Sarah Jalabert, Des tombereaux de désir , Lausanne, L'Age d'Homme, 2007.
ISBN 978-2-8251-3698-0, 163p.
Page créée le 18.01.08
Dernière mise à jour le
12.08.08
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