Parfois, vous rêvez de changer de vie. Souvent, en fait.Mais lorsqu'une opportunité se présente, vous hésitez. Quoi de plus normal ? Prendre un risque ? C'est d'accord. Vous n'avez rien à perdre. Et vous en êtes conscient. Votre patience ne doit connaître aucune limite. Il faut savoir attendre. Attendre son heure. Et puis, tuer le temps, ce n'est pas un crime. C'est le début du bonheur.
Avec « La complainte des baleines », son premier roman policier dont l'action se situe aux îles Féroé, publié aux éditions du Polar, Roch-Alexandre KURSNER, auteur Suisse, nous livrait une enquête originale dans un cadre particulièrement sauvage et à la conclusion surprenante. « Tuer le temps n'est pas un crime »se situe dans les années cinquante-soixante et est d'une toute autre originalité. Ici, pas d'embruns, pas d'hommes rudes, mais des personnages ciselés, dont le principal acteur est doué d'une patience infinie et machabiélique. Le monde dans lequel il vit le porte sur les nerfs. Pour lui, changer de vie devient urgent, primordial. Dans un sens cela n'a rien d'anormal ; qui parmi nous n'a pas souhaité, ne serait-ce qu'une fois, de la changer ? Être un autre, recommencer tout à zéro, autrement. Mais lorsque une opportunité se présente, on hésite, l'inconnu, en fait, fait peur, même si l'on met toutes ses chances de son coté. On peut hésiter et c'est normal. Prendre néanmoins le risque ? Oui si vous n'avez rien à perdre. Parfait si vous êtes conscient du risque que cela représente. A partir de cet instant, votre patience ne doit plus avoir de limites. Il faut préparer son départ, tricoter un temps à la mesure de vos prétentions. Avec un seul et unique but : réussir votre entreprise. Il faut savoir attendre. Attendre son heure. «Dans « Tuer le temps n'est pas un crime », ses protagonistes évoluent dans un milieu ouaté, élégant. Rien ne laisse présager le drame qui s'y trame sous des lambris où résonnent, parfois, les pleurs d'un violon triste.Dans leur univers, la vie ne peut être qu'agréable, remplie de moments raffinés. Pas pour tous, bien sûr. Il y a toujours quelqu'un à qui le bonheur tranquille ne suffit pas. Qui a d'autres prétentions, d'autres désirs. Pour y parvenir, il ne va pas lésiner à faire preuve d'imagination, de suspendre parfois le temps, tant il a conscience de le tenir dans ses mains. Alors, il patiente, trame son projet dans le moindre détail pour arriver à ses fins. Du temps, il en dispose largement. Il peut le dilapider à sa guise, son heure viendra. Et puis, franchement, tuer le temps n'est pas un crime. Si on ne tuait que celui-là.
Roch-Alexandre Kursner, Tuer le temps n'est pas un crime, Editions Nuits Blanches, 2010.
Page créée le 04.06.09
Dernière mise à jour le
13.07.10
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