Le Prix de l'Institut neuchâtelois récompense aujourd'hui le travail exigeant de l'écrivaine Monique Laederach

Une médiatrice

Née en 1938, aux Brenets, Monique Laederach a enseigné l'allemand pendant une trentaine d'années au Gymnase NumaDroz, où elle aura formé plusieurs générations d'élèves (quand elle était elle-même gymnasienne, son bilinguisme la dispensait de l'allemand en classe). Elle est aujourd'hui chargée de cours de traduction allemand-français au Séminaire de français moderne à l'Université de Neuchâtel. Passionnée de musique, elle a fait des études complètes de piano au Conservatoire de Neuchâtel, puis à Vienne.

Toute sa vie a été marquée par l'activité de la traduction : mémoire de licence ès lettres sur des problèmes de traduction; animation de séminaires au Centre de traduction littéraire de l'Université de Lausanne; responsabilités aux Editions de L'Aire naguère et chez François Demoures Editeur aujourd'hui; activités radiophoniques; médiatrice dans les discussions du Groupe d'Olten ou lors des Journées littéraires de Soleure entre Alémaniques et Romands; traductrice littéraire, de Rilke à Mariella Mehr, en passant par Erika Burkart, dont elle a dirigé aux éditions de L'Aire un superbe recueil de poèmes traduits par une douzaine de poètes romands, "Minute de silence" (1989).

Elle est donc une formidable passeuse: ses articles critiques dans les journaux comme son enseignement gymnasial ne sont que le prolongement de cette manière d'être au monde: une médiatrice. Comme elle tisse des liens entre elle et le monde, elle établit des contacts entre deux cultures.

Même si le montant du prix n'est pas à la mesure du travail accompli, la récompense d'aujourd'hui est extrêmement heureuse, car elle signifie publiquement la reconnaissance d'un lieu auquel elle a donné beaucoup. Professeure, traductrice et journaliste, poétesse et romancière, Monique Laederach est traversée par des influences variées. Elle a fait de son oeuvre sur plusieurs versants, le lieu d'une expérimentation.

Il ne reste plus qu'à relire ses livres et à les faire découvrir aux lecteurs francophones d'ailleurs. On signalera, aux éditions de l'Aire: "Pénélope" (1971, poèmes), "Stéphanie" (1978, récit) et "Trop petits pour Dieu" (1986, roman), dont on espère vivement une réédition urgente dans la collection L'Aire bleue; chez Zoé: "J'ai rêvé Lara debout" (1990, roman) ; et à L'Age d'Homme : "J'habiterai mon nom" (1977, poèmes), "La Femme séparée" (1982 : collection Poche Suisse, roman), "Les Noces de Cana" (1996, roman), "Je n'ai pas dansé dans l'île" (2000, roman).

Patrick Amstutz
L'express
24 mars 2001

 

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