|
Éric Masserey est connu de notre petite république des Lettres depuis 2002, année de parution d’Une si belle ignorance (généalogies) aux Éditions délémontaises d’Autre part. En 2006, il publie son deuxième livre, remarquable: Le Sommeil séfarade qui lui vaudra le Prix de la Loterie romande décerné par notre association. Aujourd’hui il reprend «Une si belle ignorance» dans une version revue et corrigée. Ses nouveaux lecteurs découvriront ainsi ces courtes proses faites de réminiscences, et les autres s’y replongeront avec plaisir. Univers singulier. Il y a d’abord la poignante évocation de Sébastien, l’enfant mort «mille fois bordé». Suit la série des souvenirs, longtemps attachés à l’auteur avant de s’immortaliser par l’écrit, hantés par la perte, grevés d’irrémédiable. «Je souris à notre complicité passée. C’était une belle histoire. Elle est terminée, c’est comme ça, on n’y peut rien.»
D’une veine différente mais conduites par la même sensibilité sont les «Petites histoires nomades ou L’Ambre jaune». Elles décrivent des situations aux quatre coins du monde, dont certaines aux limites de l’absurde, pétries d’une humanité que l’on a souvent peine à concevoir sous nos latitudes et qui cependant partage les communes passions. «Il eut peur, se débattit, cria, fuit quelque chose qui le poursuivit et s’arrêta hors d’haleine devant la case du propriétaire. |
|
Elle était barricadée, il frappa pourtant et perçut en même temps combien le paysage était bouleversé dans la nuit, les arbres triturés, les cases chahutées.» Éric Masserey brosse des portraits avec une intensité qui force l’attention. Pour terminer ce volume de la collection camPoche: «Terre promise terre due». Une correspondance des plus étranges dans des conditions qui le sont tout autant. «La nostalgie était sobre mais imprégnait les maisons, vingt-cinq années d’exil plus tard, et l’aisance venue.» À lire.
JACQUES TORNAY
Journal des écrivains valaisans
Page créée le 05.06.07
Dernière mise à jour le
26.02.10
|