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Jean-Pierre Monnier

Bibliographie - Monnier dans la clarté de la nuit - Ces vols qui n’ont pas fui

Autre page sur l'auteur

Rubrique Editeurs de Suisse
Bernard Campiche Editeur
Ces vols qui n’ont pas fui


  Bibliographie

Franches-Montagnes, texte de Jean-Pierre Monnier, photogr. Jean Chausse, Editions du Griffon, 1959
 
La terre première : roman, La Baconnière, 1965
 
L'âge ingrat du roman, Ed. de la Baconnière, 1967
 
Die Helle der Nacht : Roman, aus dem Franz. übertr. von Hans Rudolf Hilty, Huber, 1967 - Orte-Verlag, 2004
 
Tramelan, texte de Jean-Pierre Monnier, photogr. Jean Chausse, Editions du Griffon, 1967
 
Bekenntnis zum offenen Roman, Aus dem Franz. übertr. von Margrit Huber-Staffelbach, Huber, 1970
 
L'arbre un jour : Roman, Cahiers de la Renaissance vaudoise, 1971
 
Die Bäume zum Beispiel : Roman, Aus dem Franz. übertr. von Margrit Huber-Staffelbach, Huber, 1971
 
Littérature romande d'aujourd'hui, Pro Helvetia, (1970) 1974
 
Westschweizer Literatur heute, Pro Helvetia, (1971) 1975
 
La clarté de la nuit : roman ; précédé de, Romancier et pasteurs, (Plon, 1956) Editions L'Age d'homme, 1982
 
L'allégement : récit, (Bertil Galland, 1975) Castella, 1983
 
Ces vols qui n'ont pas fui : roman, B. Campiche, 1986
 
Ecrire en Suisse romande entre le ciel et la nuit : essai, (B. Galland, 1979) Castella, 1986
 
Erleichterung : Erzählung, aus dem Franz. von Marcel Schwander, Benziger Ex Libris, 1986
 

L'Amour difficile, Roman, (Plon, 1953) Bernard Campiche Editeur, 1988.

 
Ces vols qui n'ont pas fui, Bernard Campiche Editeur, 1986. 2e édition : 1989.
 

Les Algues du Fond, Roman, (Plon, 1960) Bernard Campiche Editeur, Nouvelle édition 1990.
Prix Schiller 1961

 
Pour Mémoire, Bernard Campiche Editeur, 1992. Prix des Charmettes (Rousseau) 1992.
 
Oeuvres I, II, III, Préfaces de Roger Guignard, Jean-Dominique Humbert et René Zahnd, Bernard Campiche Editeur, 1997.
 

La langue et le politique : enquête auprès de quelques écrivains suisses de langue française, éd., conc. et préf. par Patrick Amstutz, postf. de Daniel Maggetti, Editions de L'Aire, Vevey, 2001. p.100-102.

 
Herbstgerüche, Waldgut Verlag, 2001
 
Die Helle der Nacht : Roman, aus dem Franz. übers. von Hans Rudolf Hilty, Orte-Verlag, 2004
 
Ces vols qui n'ont pas fui : roman, Bernard Campiche Editeur, 2006

 

  Monnier dans la clarté de la nuit

L'écrivain jurassien Jean-Pierre Monnier vient de disparaître alors qu'on publie ses œuvres complètes.
On lui doit des livres d'une beauté grave et dépouillée.

"Peut-être ai-je fini par m'accepter, tel que je suis." L'œuvre de Jean-Pierre Monnier mène à cette phrase ultime, la dernière de son dernier livre ( "Pour mémoire"), à cette réconciliation au-delà de laquelle il lui semblait n'avoir plus grand-chose à ajouter. Avant d'en arriver là, l'écrivain jurassien aura traversé quarante années d'écriture d'où sont sortis six romans, un récit, deux essais, une autobiographie intellectuelle et une brassée de critiques. Tout cela, augmenté de quelques pages et d'entretiens inédits, se trouve désormais rassemblé dans les trois volumes des "Œuvres" que son éditeur Bernard Campiche vient de faire paraître. Le coffret était à peine arrivé chez les libraires quand on a appris la disparition de l'auteur. Jean-Pierre Monnier est décédé samedi dernier à son domicile d'Epautheyres, dans le Nord vaudois. Il aurait eu 76 ans le 20 décembre prochain.

L'écrivain ne s'est cependant jamais tenu bien loin de la mort. Elle est là depuis le début, prise dans la pâte des jours, éprouvée dans ce travail de deuil permanent qu'on appelle la vie, chevillée aux raisons qui l'ont poussé à prendre la plume. Comme si Jean-Pierre Monnier n'avait jamais cessé de suivre la trace laissée par le narrateur de son premier roman, "L'amour difficile" (publié en 1953 à Paris), quand il observait qu' "il n'y a pas d'espace entre le vivre et le mourir, car depuis toujours la mort est contenue en chacun des visages qu'on rencontre". Sans elle, rien n'aurait de sens.

L'emprise croissante de la mort sur une vie qui s'exténue lui inspirera quelques années plus tard un de ses plus beaux livres. C'est "La clarté de la nuit" (Prix Charles Veillon 1957), le martyre d'un pasteur que ses forces abandonnent, qui chancelle dans la neige, qui meurt doucement devant nous. L'œuvre de Jean-Pierre Monnier pourrait être placée sous cette phrase de Max Frisch qu'il cita un jour dans un texte de préface à Anne-Lise Grobéty: "Nous ne pouvons vivre qu'en mourant dans le même temps."

D'une beauté grave, dépouillée, laconique, cette œuvre est habitée par la question de l'autre qui fut pour l'auteur la question romanesque par excellence ("l'autre en soi et l'autre hors de soi" ). Ecrire c'est élucider. C'est amener l'autre dans un cercle de lumière. C'est faire une conquête sur les peurs ombreuses ou l'opacité du monde. Dans ses livres, Jean-Pierre Monnier donne aux êtres et aux choses des contours nets, précis, comme en montre l'hiver jurassien quand le noir des forêts fait contraste avec les neiges scintillantes.

"La saison qui a fait les gens de mon pays, c'est l'hiver, la paix sournoise de l'hiver qui fascine et qui force le regard émerveillé à découvrir, sous l'apparente douceur de la neige, la problématique raison d'être de l'effort et de ses quotidiens recommencements." Né à Saint-Imier, Jean-Pierre Monnier revendiquait une identité de Jurassien des vallées du Sud. Il se sentait appartenir à ce pays d'horlogers-paysans, de tradition protestante, auquel il reconnaissait une "sagesse terrienne" faite de patience et d'entêtement. Non qu'il ait voulu célébrer un quelconque génie du lieu (son écriture récuse toute inclination au pittoresque). Il se sentait simplement issu de ce terreau, sentiment qui n'impliquait pour lui aucune espèce de devoir politique.

A l'opposé du poète Alexandre Voisard, Jean-Pierre Monnier est toujours demeuré à l'écart de la question jurassienne et de ses querelles venimeuses. "L'engagement ne m'est pas consubstantiel", comme il l'a écrit dans "Pour mémoire", avec un certain sens de la litote.

Michel Audétat

4 décembre 1997

Les "Œuvres" de Jean-Pierre Monnier viennent d'être éditées par Bernard Campiche dans un superbe coffret de trois volumes.

 

  Ces vols qui n’ont pas fui

Jean-Pierre Monnier - Ces vols qui n'ont pas fui

Ce livre est de ceux dont on lève à tout moment les yeux pour songer à sa propre histoire.
C'est à la fois une longue balade sur les crêtes jurassiennes et par les sous bois d'un automne qui a valeur de symbole, et une étape décisive à la faveur de laquelle le protagoniste, aidé par les circonstances, fait le point sur son existence passée tout en scellant de nouvelles alliances... Personnage en disponibilité s'il en est, le héros de Jean-Pierre Monnier, pasteur comme l'était le protagoniste de La Clarté de la nuit, il y a trente ans de ça, fait profession d'écouter les autres après avoir renoncé à prêcher du haut de la chaire.
Répondant aux désemparés qui n'ont plus qu'un numéro de téléphone à composer comme recours à la solitude ou au désespoir, il s'est fait voix parmi les voix, et l'on présume que ses réponses n'ont pas le tranchant de la certitude. Au demeurant, sa fonction de pasteur n'a qu'une importance très secondaire en l'occurrence, et le lecteur peu porté aux " momeries " n'a rien à craindre assurément... La rencontre d'une femme - qui nous vaut un portrait à fines touches, d'une étonnante qualité de présence -, le dialogue renoué avec un fils rebelle, la confrontation avec des témoins de son adolescence ou de sa jeunesse, enfin l'ultime chemin parcouru aux côtés de sa mère : telles sont les ponctuations de ce mois de la vie d'un homme dont les incertitudes et les hésitations, mais aussi les attentes et les ferveurs, font écho aux nôtres.
Jean-Louis Kuffer Le Matin.

Jean-Pierre Monnier, Ces vols qui n'ont pas fui : roman, Bernard Campiche Editeur, 2006

 

Page créée le 01.08.98
Dernière mise à jour le 06.08.09

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