Ils sont saisis à Lausanne, sur le vif d’événements le plus souvent ordinaires et apparemment anodins. Il y a Hélène la jeune femme moderne et ambitieuse, François son petit frère, et bientôt Annie, la fille d’Hélène. On les suit sur quinze ans, de 1960 à 1975, par bribes. De la combinaison de leurs récits, surgit le portrait d’une famille et d’une éducation. Les adultes écoutent peu. Seuls et oppressés d’angoisses, les enfants avancent vaillamment. «J’ai réussi à lui voler ce rouleau. Elle pouvait pas le voir. Je l’ai pris comme ça, parce qu’il coûtait plus cher que les autres, j’aime pas tellement les bonbons à la menthe, c’est trop fort. Maman me fixe de son regard sévère, me tend le paquet de bonbons, elle dit: va le rapporter, obéis, et que cela te serve de leçon. Elle se lève de mon lit où elle s’était assise, et quitte ma chambre. Dans le corridor j’entends qu’elle dit: et toi ne te mêle pas de ça. Et puis la voix de François qui dit: non, non. Je dois y aller. Je regarde le rouleau, j’ai mangé un seul bonbon. Peut-être que un seul c’est rien, et qu’elle me grondera pas.»
Loyse Pahud, Casse-tête, Vevey, L’Aire, 2007, ISBN 2-88108-847-3
Page créée le 01.02.08
Dernière mise à jour le
01.02.08
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