L'or du pauvre, c'est la recréation de l'univers de l'enfance d'Alexis Peiry, une communauté rurale de Gruyère avec les visages dont il partagea la vie. «Les ressusciter, ce n'était pas seulement mettre en ouvre les ressources plus ou moins subjectives de la mémoire, ou repeupler d'êtres et d'objets presque tous disparus un espace lointain et quasi géologique. C'était bien plus revivre avec leur intensité propre et leur lourde présence chacun des moments qui rythmèrent en même temps les débuts d'une existence et la vie d'un village suisse. (.) »Si Alexis Peiry est parvenu comme naturellement à cette transcription rigoureuse d'une réalité ancienne dont les mouvements de sa vie n'avaient point gommé les traits, ce n'est point parce qu'il était demeuré ce petit paysan de Gruyère dont ce livre raconte l'histoire. (.)

C'est bien plutôt parce que, ayant tout perdu de cette enfance, il en avait pourtant conservé l'essentiel: son pouvoir de surprise et d'éblouissement.» Extrait de la préface de C. Mettra Si j'excepte le séjour d'une année que je fis à Rome, où mes supérieurs de l'Abbaye de Saint-Maurice m'avaient envoyé pour y achever mes études théologiques, c'est à quarante-deux ans que je fis mon premier voyage, moi qui, depuis, n'ai cessé de parcourir les pays que j'aime, cherchant à y découvrir de nouveaux visages, des sagesses nouvelles, de nouveaux cours amis. A quinze ans j'ignorais l'existence des bananes, et c'est au couvent, âgé de plus de vingt ans, je m'en souviens, que je dégustais mon premier pamplemousse! Quand j'étais petit, j'habitais donc la Gruyère, le Pays des herbes grasses, des foins luxuriants, le pays, par conséquent, où le lait, si ce n'est le miel, devait couler à flots, comme sur la terre de Canaan.

Alexis Peiry, L'or du pauvre, préf. de Claude Mettra, Editions de l'Aire, 1989.

Page créée le 09.04.04
Dernière mise à jour le 12.04.11