r.p., blue and blocks n.41, 1999
acrylique sur toile 80 x 100
© by ProLitter

rita perraudin pacifici vers la couleur unique

Comment expliquer que ses tableaux vibrent, qu'ils n'ont rien de décoratif ? La frontière n'est sans doute pas loin entre la profondeur de cet art et son côté agréable à l'oeil. mais on sent une vie organique qui sous-tend ces surfaces monochromes, ces épaisseurs de matières qui, frémissantes quand on s'en approche, se prêtent à des jeux imaginatifs renouvelés lorsqu'on regarde de loin ces grands et moyens formats.

Rita Perraudin Pacifici présente "Essences", sa première exposition personnelle. Italienne, elle vit aujourd'hui à Sion où elle a trouvé en Suzanne Bolli-Besson l'exemplaire galeriste qui ose s'engager dans la défense d'un art qui n'en est pas à ses débuts. Rita, qui a naguère adopté le pseudonyme d'errepi (RP prononcé à l'italienne) est née dans les collines toscanes baignées du sang de sangiovese.

Elle a passé son enfance à Piombino, son adolescence à l'Ile d'Elbe, a fait ses études de lettres et de philosophie à Florence, éprouvant, sur la Piazza san Marco, une irrésistible attirance vers la fameuse Académie des beaux-arts. De la Renaissance, elle y a surtout retenu l'esprit d'innovation - non pas les formules figées qui à certains yeux passent pour le B.A. BA des Beaux-Arts. Elle a eu la chance de fréquenter les cours d'histoire de l'art prodigués par un peintre abstrait avec qui elle correspond toujours. Mais elle se marie et va vivre aux Etats-Unis pour atterrir quelques années plus tard en Suisse où elle donne dans le social et le culturel internationaux. Elle enseigne l'histoire et la philosophie à Sion, mais n'abandonne ni la poésie qu'elle pratique assidûment, ni la peinture qui demande un engagement plus intense.

Le miracle d'une année sabbatique lui fait accomplir une évolution décisive. Forte d'une technique acquise au cours de plusieurs lustres, maniant les matières avec aisance et créant ses pigments personnels, elle crée ces tableaux monochromes enrichis de mystérieuses concrétions apparaissant comme des noeuds d'où surgit l'énergie.

Il n'est pas besoin qu'elle explique que tel ou tel tableau est le résultat, déchirant, de constants élagages - toute une richesse initiale sacrifiée pour parvenir à l'essence : on sent la passion dont est investie la toile, où ne subsistent, comme libérées des scories anecdotiques, que les pulsations vitales.

Pierre Hugli
extrait de la revue "ph arts" numéro 17

La publication d'un recueil de poèmes italiens allant dans le même sens que sa peinture, Essenze (Ibiskos, 2000), vaut à Errepi un prix à Turin, une invitation aux colloques du fameux "Caffé delle Giubbe rosse" de Florence - établissement garibaldien où apparurent Marinetti et les dadas italiens - ce qui s'accompagne d'expositions personnelles à Prato, Piombino, à l'Ile d'Elbe puis, en octobre, à Florence au Foyer degli artisti.

Sur les traces de l'art

Le cheminement créatif de Rita Perraudin Pacifi a conduit l'artiste vers une synthèse où rythme, lumière et couleur tendent à l'universalité.

Les traces m'interpellent, nous les répandons dans notre vie et sont des énergies pour des voies nouvelles, Elles ne se concluent jamais. Il y a une éternelle renaissance."

Le terme de renaissance est cher à Rita Perraudin, l'artiste vient d'exposer une série de vingt-quatre oeuvres grand format à Florence, au foyer des Artistes, haut lieu culturel de la Péninsule.

Lorsqu'elle parle de son processus de création, l'artiste est prolixe. "Les traces, je les libère au moment de l'événement artistique, la création. Je conçois l'art comme un événement, le tableau fait office de synthèse, c'est une série de messages dépouillés de leur inutilité. Je recherche une universalité de formes vitales, primordiales. La structure sur laquelle je peins à donc une grande importance. Elle fait partie de l'oeuvre, texture et structure."

Le hasard est banni de la création

Les oeuvres de Rita Perraudin montrent un travail analytique intérieur transcendant les éléments traditionnels de l'art pictural : espace, couleur et structure se marient en une synthèse mûrie. La lumière glisse sur la toile, les couleurs s'y concentrent en masse ou en strates nerveuses. La palette est lumineuse et sensuelle. Sensualité, le mot aussi est important pour Rita Perraudin. En choisissant l'abstrait comme mode d'expression, c'est bien dans le but de reproduire cette essentialité des sentiments et de la passion, chose qui selon l'artiste ne serait possible avec du figuratif. Cet abandon s'est fait dans la douleur, dans une longue démarche intellectuelle, qui a abouti à cette renaissance. "J'expose maintenant", conclut-elle, "car je peux enfin exprimer ce que je voulais dire petite."

Quand l'art voyage

Rita Perraudin Pacifi revient de Malaisie où elle a participé au Festival international de Langkawi mis sur pied par Ibrahim Hussein, l'une des figures marquantes de l'art indonésien.

Y ont participé plus d'une quarantaine d'artistes du monde entier, le but étant de les faire créer des oeuvres en commun, lors d'événements. Peinture, sculpture, danse, musique et spectacles ont ponctué ces rencontres du 26 octobre au 4 novembre et ont rencontré un immense succès. Selon les propres mots de l'organisateur Ibrahim Hussein, "le système social et culturel doit comprendre qu'il faut donner un espace à l'art pour équilibrer le domaine de l'utilitaire avec la liberté de l'esprit".

Didier Chammarin

20.11.00

Ritmo e Colore
La sintesi artistica e le impronte evocative di Rita Perraudin Pacifici

Le arti figurative delineano oggi un grande spazio di possibilità espressive e di accesso all'immaginario. E non sarebbe un errore dire che, seppure con le sue economie selettive di qualità e originalità, mai come al presente il campo delle arti visive ha conosciuto tale pluralità di compresenze die linguaggio e di personali tragitti. Molti di questi percorsi, più o meno vicini cronologicamente, hanno lasciato una profonda traccia, una matrice poetica sulla quale oggi si innestano le diverse sequenze creative. Seguendo questo cammino ideologico, Rita Perraudin-Pacifici, che in ottobre terrà una importante mostra personale al Foyer degli Artisti a Firenze, elargisce nelle sue opere una memoria sedimentata, una linfa storica che come attraverso una radice, alimenta e dissemina il nutrimento vitale del passato-contemporaneo sul presente delle ricerche espressive. Le sue opere sembrano richiamare quel pensiero che fu caro a un'intera generazione di pittori americani che vedevano ciô che doveva andare sulla tela non come un quadro, ma come un avvenimento. E in questo avvenimento è racchiusa l'essenza intima di ogni pittore che secondo un pensiero di Mondrian "...dovrebbe essere consapevole dell'astrazione nell'emozione della bellezza; dovrebbe essere conscio del fatto che l'emozione della bellezza è cosmica, universale... in natura tutte le relazioni sono dominate da una semplice relazione primordiale, emozionale...". Ogni creazione di Rita Perraudin mostra un lavoro analitico intorno agli elementi tradizionali della pittura : spazio, colore e struttura si concentrano in una sintesi che sembra nascere nella profondità della mente e affiorare sulla superficie pittorica dove la luce scivola dolcemente e il colore si aggrega in masse o in strisciate nervose. La tavolozza è luminosa e sensuale : sottili veli di colore sfumano la tela e la riempiono; le cromie smembrate invitano lo spettatore in uno spazio tranquillo, equivalente metaforico del sogno. La sua arte supera il concetto di astratto et di oggettivo condensandoli in una sintesi che li comprende entrambi : è per questo che le strutture compositive dei suoi quadri sono realizzate da macchie colorate e lucenti in cui sono inserite vere e proprie impronte che hanno il potere di evocare ricordi di una realtà oggettiva, Dalle tele trapela un profondo senso di ordine, testimonianza di un'arte che affina gli occhi, la mente e i sentimenti, creando nuovi tipi di rapporti spaziali, nuove forme, nuove leggi ottiche che fondendosi insieme determinano un'opera ricca di intuizione e riflessione, fantasia e razionalità, passione e rigore. Tutte queste qualità divengono testimonianza di un personale percorso e rivelano immagini in cui le emozioni, anziché essere eluse, partono da un joumano e tendono verso un'idealità universale. Opere che devono essere più percepite che osservate, in modo tale da poter rivelare la loro profonda sostanza di fenomeno elevato a significato di coscienza, dove il sapere allude a una eterna ricerca di una pittrice che fa dell'arte un sublime mezzo comunicativo.

Chiaramarina Camèra
Segni d'Arte - Pietro Chegai - Editore
18 luglio-settembre 2000

 

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