«Personne ne le sait, je collectionne.»
«Je n'achète que des objets qui ont des défauts.»
«Je n'aime pas vraiment les livres.»
«J'ai installé mon lit près de la fenêtre, j'épie les passants.»
«Une fois par année, je prends des vacances.»
Il y a ainsi cent un personnages dans Sans un je qui parlent de leurs petites particularités, de leurs vagues préférences, de leurs pauvres manies, de leurs opinions bien tranchées, et tous utilisent ce «je», dont Julia Sørensen les prive par avance par le titre donné au livre.
Ces cent un personnages tentent néanmoins d'exister, de se montrer, de s'affirmer en s'affublant d'un «je» dont on vient à se demander s'il est autre chose qu'un effet de manche. «Je» est-il un vêtement dont on se pare ou ce qui reste quand on a tout enlevé? Sur le fil de cette intrigue, Julia Sørensen, pousse l'expérience plus loin. En collaboration avec la styliste Camille Dupont, les cent un personnages capturés en cent un petits textes s'allient à autant de vêtements, pièces uniques réalisées sous le label Mô, sur lesquels d'autres textes, échos ou suites des premiers, sont brodés ou appliqués au chablon.
Julia Sørensen, née en 1979 à Constance. Vit à Genève.
Julia Sørensen, Sans un je, Art&fiction, 2008, 110 pages. |