L'histoire - vient par ici ! Un type hanté par le sublime n'ose plus vivre, encore moins prendre de la place en existant, et ne saurait pas du tout vivre non plus si, au-delà de sa pâle solitude, sur les cimes de la tristesse, il rencontrait, jaune, le Bonheur ; terra incognita. Alors, il postule auprès de sa copine comme chat ; qu'elle le gardât, lui, chez elle comme chat, qu'elle pourrait même se marier et avoir des enfants qu'à eux, il ne leur serait pas plus pénible qu'un chat. L'avantage ? C'est un chat autonettoyant, non polluant, qui mange peu et qui fait la vaisselle. La raison ( ) de cette débine existentielle est illustrée ici, dans ce conte bref, par une triple métamorphose fantastique du narrateur, allant vers être. Premièrement, et parce que Dostoïevski avait pour projet de devenir fou, avoir un projet plus sensé : devenir un appendice - le double - du fou, puisqu'également sauvagement mordu de solitude. En deuxième raison, un deuxième moi-peau viendra remplacer celui du fou second, lui greffant, en italique sur ses propres écrits, un cuir nouveau sur lequel est pyrogravée l'identité de Grand Illusionniste du cirque. La troisième mutation devrait rester suspendue - à Dieu par une vie de chat.
Frédéric Thurre, Une vie de chat , Lausanne, L'Age d'Homme, 2007. |