Interview de Patricia ZurcherFrançais
Matthias Zschokke, fidèle à ses habitudes, persiste à surprendre les lecteurs en se jouant de leurs attentes. Depuis Max (1982), qui lui valut jadis le Prix Robert-Walser, le temps a passé, laissant des traces bien visibles sur les corps et dans la tête des personnages. Das lose Glück, la dernière mosaïque inachevée de lauteur, dissèque avec humour et précision les doutes et les désillusions dune génération.
P. Z. - Vos trois premiers livres, Max, Prinz Hans et ErSieEs se passaient tous à Berlin, où vous êtes vous-même établi depuis longtemps. Dans Das lose Glück par contre, Berlin noccupe plus le devant de la scène...
M. Z. - Disons que la moitié du livre se passe quand même à Berlin... Cest là, ma foi, que je vis depuis vingt ans et comme je parle de ce qui mest proche, Berlin figure toujours dans ce que jécris. Je ne suis pas le genre dauteur qui emmène ses personnages à Mexico; chez moi, le voyage conduit plutôt à lintérieur, parce quil y a plein de choses autour de moi que je nai pas encore élucidées. Jai limpression que tout est là et quil suffit de bien regarder. Berlin suffirait donc amplement à remplir encore des livres entiers. Ce qui magace, cest laspect mode de cette ville, je trouve cela sans intérêt. Mais il y a quelque chose dessous qui détermine réellement un lieu et les gens qui y vivent. Ce qui mintéresse à Berlin, cest la lumière par exemple, cest une ville sombre en hiver, alors quen été, il y fait jour plus longtemps... Mais tout ce côté capitale, métropole européenne et tout cela, cest du ramdam superflu et jessaie de ne pas le faire entrer dans mes livres, ou alors cela napparaît que dans la marge, vite fait. Cest peut-être de là que vient cette impression que dans mon nouveau livre, Berlin occupe une place moins importante que dans les précédents. Et du fait aussi que dans ce livre, il y a un autre monde que joppose à Berlin, le monde dont je viens; il ne se limite pas exclusivement à la Suisse, il sétend jusquen Italie. Cest plutôt un monde rêvé, désiré, et ce désir saccroît de plus en plus chez moi, je me sens de plus en plus attiré par le sud, son atmosphère, la manière dont les gens interagissent, leur attitude face à la vie...
P. Z. - Dans Max déjà, votre premier livre, vous avez passablement malmené et remis en question le roman en tant que genre littéraire. Qua-t-il donc qui vous déplaît tant?M. Z. - Il ne me déplaît pas, mais je suis incapable décrire un roman, je nen possède pas les moyens techniques, et quand on ny arrive pas, on ne le désire pas. Jaime bien les romans, jai du plaisir à lire Madame Bovary qui, soit dit en passant, ne respecte pas non plus la forme du roman. Mais je maperçois que je mennuie de plus en plus quand je lis des romans achevés, peaufinés; lorsquil sagit de romans contemporains, jai limpression que je sais déjà comment lhistoire va se poursuivre. Lhistoire ne mimporte pas, car il nen existe quun nombre limité en ce bas monde et nous les connaissons à peu près; leur structure, leur déroulement ne peuvent pas nous réserver de grandes surprises. Il ny a que dans le détail que des sauts peuvent soudain se produire et irriter le lecteur; cest cela que jessaie de faire. Je ne veux pas démolir le roman, ni formuler une contre-proposition, ce qui mintéresse vraiment, cest le fait de raconter en soi. Tout auteur voudrait que son livre se mette à vivre, on voudrait créer quelque chose qui ne soit pas mort, or lécriture consiste à tuer sans cesse. Quand on met quelque chose par écrit, on le fige à tout jamais. On produit des cadavres à la chaîne et ce faisant, on désespère...
P. Z. - Cest donc dans lirrégularité que se cache la vie...M. Z. - Oui, ou dans la régularité, cela existe aussi, quand soudain le texte se met à se répéter, à faire du sur-place, et que lon se demande ce qui se passe. Je ne peux pas dire à quoi ressemble un livre vivant, je ne fais que constater que le roman "classique", celui qui cherche à remplir les exigences du genre, mennuie. Je baille quand jai limpression que quelquun a fait cela pour me divertir, cest un travail artificiel, ce nest pas de lart. Pour que cela soit de lart, il doit y avoir quelque chose de plus, je crois, qui minquiète et que je ne peux plus expliquer en tant que lecteur. Je crois que lart nest jamais délibéré, lart, cest toujours ce que personne ne veut. Dès que lon se met à laccepter, lart commence à mourir.
P. Z. - Et pour le théâtre, votre démarche est la même?M. Z. - Oui, cest drôle, ce nest pas volontaire. Je ne men aperçois quaprès coup. En Allemagne par exemple, le théâtre qui se joue en ce moment est très physique et très rapide, plein daction, dimages, de musique, et voilà que bizarrement, je me mets à écrire des monologues particulièrement longs... Dans ma nouvelle pièce, qui na pas encore été montée, il ny a plus que des personnes assises qui parlent et parlent encore. Je ne veux pas écrire contre le théâtre daction, je remarque seulement que quand tout sagite autour de moi, lenvie me prend soudain de ramener le calme et dobserver ce qui se passe. Mais je ne peux le dire quaprès coup, parce que je ne le fais pas délibérément. De toute façon, on se meut toujours dans son époque, on est toujours guidé par la mode, que lon sy oppose ou quon la suive.
P. Z. - Vos personnages, bien quils refusent toujours un peu de devenir de vrais personnages, ne sont pas non plus de pures créations de lesprit, ils ne détonnent pas dans cette fin de siècle...M. Z. - Non, je trouve que ce sont des personnages parfaitement réels, tangibles, et quils nont rien dexpérimental ou de construit. Je pense que les gens autour de moi sont comme eux et que je suis comme eux. Jai limpression que je décris notre époque dans les domaines que je vois, la Suisse, lAllemagne; je décris vraiment une situation sociale précise, un regard sur le monde. On me dit souvent: "ce nest pas comme cela que je me vois", "je ne trouve pas que nous sommes comme cela", "nous ne sommes pas à bout comme tes personnages"... Mais moi je trouve que nous sommes à bout comme eux. Je trouve que lagitation actuelle, et pas seulement au théâtre, ressemble à la course vaine du hamster dans sa roue. En réalité, les gens sont complètement au bout du rouleau et ne savent plus quoi faire. Il y a quelque chose dune ambiance fin de siècle dans tout cela, je crois que nous sommes désemparés, mais que nous ne voulons pas ladmettre.
P. Z. - Vos personnages ont toujours un peu de peine quand il sagit de sadapter à la société dans laquelle ils vivent...M. Z. - Oui, justement, parce que je crois que la société ne savoue pas la vérité, la société affirme toujours être autre chose que ce quelle est. Cest pour cela quil y a ces personnages qui disent "désolé, ce nest pas ma vision des choses, je voudrais sortir un moment de tout cela et pouvoir dire que je me sens plutôt comme cela". En cela, ils ne sont pas des prototypes de notre société, ils vivent plutôt dans la marge, mais ce nest quun pas quils ont franchi consciemment. Ils ne sopposent pas à la société, ils sont la société; simplement, ils ont effectué ce petit pas supplémentaire qui consiste à dire quils se sentent un peu bizarres, un peu étrangers dans leur peau, dans leur entourage... Je pense quon en serait tous là si on avait le courage de se lavouer. Mais cest douloureux, bien sûr, de se rendre compte que lon a perdu la cadence et que lon na plus envie de fonctionner...
P. Z. - Max, autrefois, rêvait de pouvoir être enfin comme tout le monde. Mais dans Das lose Glück, vous nexaucez toujours pas ce voeu...
M. Z. - Il se peut que Max, à lépoque, se soit senti extérieur à cette société et quil sy soit frotté. Mais les personnages de mon dernier livre font partie de la société, ils y occupent leur place et ne veulent plus devenir comme les autres, parce quils le sont déjà. Cest peut-être pour cela que le conflit se situe encore beaucoup plus à lintérieur deux-mêmes. Dun côté, on devient de plus en plus indépendant, parce que lon peut se passer dennemis, on na plus besoin des ennemis extérieurs. Mais à lintérieur, ces personnages sont de plus en plus désemparés.
P. Z. - Jadis, dans Max, vous répondiez au lecteur qui demandait: "et alors?": "Cette soif de savoir, je ne létancherai pas. Une soif étanchée nest pas une soif." La littérature na donc pas à fournir des réponses, ni à remplir des attentes?M. Z. - Non, je trouve que la plus belle chose quun livre puisse déclencher, cest de désécuriser le lecteur, de le pousser à sinterroger. Un livre est bon quand il me déstabilise et me réveille, bien quil dise ce que je pense moi aussi, mais dune manière simple et incontournable. Un livre doit me pousser à me confronter à mes propres pensées. Je trouve un livre incroyablement riche sil se sert de moi, sil mutilise en tant que lecteur, sil mintègre et mautorise à penser encore quelque chose.
P. Z. - Les fragments semblent avoir plus de valeur à vos yeux que le tout...M. Z. - Oui, mais il existe de nombreuses théories à ce sujet, je ne les ai pas inventées. Ce sont les romantiques qui ont commencé, qui ont créé volontairement des fragments, afin que le spectateur ou le lecteur supplée par limagination. Quand jimagine un nez, il est généralement plus beau que celui que je pourrais voir. Mais dans le fond, on ne peut pas créer des fragments, le résultat est toujours un peu kitsch, bien que ce soit très intéressant. Moi-même, je ne crée pas de fragments, je préfère les morceaux, les morceaux achevés, ceux dont je me dis quils sont justes comme cela, quils peuvent rester ainsi. Mais je nai pas de programme. Parfois, je me donne toutes les peines du monde pour raconter vraiment une histoire dun bout à lautre, mais il y a toujours un moment où je maperçois que ce nest plus quun marathon, que de la discipline, et que je ne le fais plus que parce que jai décidé de le faire... Il me semble que ce nest pas nécessaire.
P. Z. - Est-ce un hasard si après Brut et Piraten, votre nouveau livre se déroule lui aussi sur un bateau, mais sur un yacht cette fois-ci?
M. Z. - Je ne me suis dit quaprès coup que cela commençait à faire un peu beaucoup de bateaux, mais cest si pratique, un bateau, parce que lon peut oublier le monde, on peut le laisser derrière soi et se concentrer sur les gens qui sont à bord.
P. Z. - Dans le fond, ce qui vous intéresse, ce sont les relations entre les êtres?M. Z. - Oui, jadorerais écrire des histoires damour, de véritables histoires de relations; mes histoires traitent toujours dêtres humains et de la relation que lon entretient avec quelquun, des problèmes que cela pose et de ce désir de pouvoir enfin agir "juste" avec quelquun.
Entretien et adaptation française: Patricia Zurcher
Allemand
P. Z. - Ihre drei ersten Bücher, Max, Prinz Hans und ErSieEs spielten alle in Berlin, wo Sie ja auch selber leben. In Das lose Glück kommt Berlin aber eher am Rand vor: Welche Rolle spielt diese Stadt in Ihrem letzten Buch und in Ihrer eigenen Schriftstellerexistenz?
M. Z. - Ja, also die Hälfte des Buchs ist trotzdem Berlin! Es ist halt der Ort, in dem ich lebe seit 20 Jahren und da ich sehr nahe an mir dranschreibe, ist natürlich Berlin auch immer ein Bestandteil von dem, was ich schreibe. Ich bin ja nicht in dem Sinn ein Fiktional-Autor, der nach Mexiko reist mit seinen Figuren. Die Reise geht eigentlich mehr nach Innen, weil ich das Gefühl habe, dass ich noch genug nicht geklärt habe in meiner näheren Umgebung, dass da nach wie vor ein unheimliches Kosmos ist und man nur genau hinschauen muss. Berlin würde eigentlich also durchaus reichen, um ganze Bücher zu füllen. Den modischen Aspekt, also den Zeitaspekt an der Stadt, finde ich uninteressant, es ist eben so eine Mode und vergeht auch wieder. Aber da gibt es unten drunter etwas, was einen Ort wirklich bestimmt und was dann auch den Menschen, der darin lebt, auch mitbestimmt. Es interessiert mich in Berlin eben weiterhin das Licht zum Beispiel: Es ist eine dunkle Stadt im Winter und im Sommer ist es dort länger hell.
P. Z. - Sie haben von Anfang an die literarische Gattung des Romans misshandelt und sehr in Frage gestellt. Was missfällt Ihnen denn so sehr bei ihr?
M. Z. - Sie missfällt mir nicht, ich kann sie nicht und wenn man es nicht kann, dann will man es auch nicht. Aber an sich mag ich durchaus gern Romane. Madame Bovary lese ich sehr gerne. Obwohl der in sich ja auch ein völlig schiefer Roman ist, also die Romanform ist da auch nicht geglückt. Aber es fällt mir auf, dass ich mich zunehmend langweile an gebauten, fertigen, schönen, runden Romanen, wenn sie von heute sind. Ich habe das Gefühl, ich weiss ja, wie es weitergeht. Die Geschichte ist mir eigentlich egal, weil es ja so und soviel Geschichten auf der Welt gibt und wir sie ungefähr kennen. Es kann nicht sehr viel Neues passieren im Ablauf, sondern nur im Detail können plötzlich Sprünge stattfinden, die einen irritieren und genau das versuche ich dann auch. Ich will nicht einen Roman zertrümmern und möchte auch keinen Gegenentwurf hinstellen, sondern mich interessiert wirklich das Erzählen an sich. Jeder Autor möchte eigentlich, dass sein Buch zum Leben kommt, dass sein Buch ein lebendes Objekt wird; man möchte gern etwas schaffen, was nicht tot ist und schreiben ist unter anderem ein permanentes Töten. Wenn man etwas niederschreibt, dann ist es tot und kann nicht mehr anders werden als so, wie es da steht. Man produziert also dauernd eine Leiche und verzweifelt dabei. Irgendwie sollte das Leben da wieder reinkommen.
P. Z. - Es braucht also etwas unregelmässiges, damit das Leben wieder reinkommt...
M. Z. - Ja oder es kann auch regelmässig sein, das gibt es ja auch, also plötzlich ein Leiern, das sich wiederhohlt und wo man sich plötzlich fragt: Was ist denn jetzt los? Also wie es dann aussieht, das weiss ich auch nicht. Ich langweile mich, wenn ich das Gefühl habe, das macht einer, um mich zu unterhalten. Es ist dann Kunsthandwerk und nicht Kunst. Bei Kunst muss, glaube ich, noch etwas dazukommen, was mich beunruhigt und was ich nicht mehr erklären kann als Rezipient, was ich auch nicht will; ich glaube Kunst wird nie gewollt, Kunst ist immer das, was keiner will. In dem Moment, wo man es akzeptiert, fängt es an, abzusterben. Wir sehen ja, dass das Leben nicht perfekt ist und da fangen wir alle an zu suchen, was man da besser machen könnte, damit es endlich durchbricht, das Leben, damit es endlich anfängt zu atmen.
P. Z. - Und fürs Theater gehen Sie gleich vor?
M. Z. - Ja, es ist komisch, obwohl ich das nicht will. Ich merke es erst nachträglich. In Deutschland herrscht ein sehr körperliches Theater, ein sehr schnelles, aktionsreiches, bilderreiches, musikalisch und körperlich betontes Theater und in der gleichen Zeit schreibe ich komischerweise betont lange Monologe... Das neuste Stück, das noch nicht aufgeführt worden ist, sind nur noch Leute, die sitzen und noch länger reden. Ich will nicht gegen dieses Aktionstheater schreiben, ich merke nur, dass wenn sich alles so um mich bewegt, ich endlich einmal den Wunsch habe, Ruhe einkehren zu lassen und mal zu schauen, was eigentlich los ist. Ich will jetzt Ruhe haben auf der Bühne, weil alles sich bewegt. Und das kann ich eben erst rückwirkend sagen, weil ich das nicht absichtlich mache. Man bewegt sich immer in der Zeit, in seiner Zeit, man ist immer modisch, entweder antizyklisch oder dann mittendrin in der Mode.
P. Z. - Ihre Figuren, obwohl sie nie so richtig zu echten Figuren werden wollen, sind aber auch keine reinen Hirngespinste; sie passen eher gut ins zwanzigste Jahrhundert.
M. Z. - Ja, ich finde, es sind absolut reelle, also handfeste Figuren; das ist überhaupt nichts experimentelles oder ausgedachtes. Ich meine, dass die Leute um mich herum so sind und auch ich so bin. Ich habe das Gefühl, ich beschreibe unsere Zeit in den Bereichen, die ich überhaupt sehe, ich beschreibe da wirklich eine präzise gesellschaftliche, empfindungsmässige Gefühlslage, eine Sicht auf die Welt. Ich höre zwar immer, dass man mir sagt: Wir sind doch nicht so am Ende. Ich finde jedoch, wir sind so am Ende, ich finde dass dieses ungeheuer Bewegte, was jetzt so schäumt, eine Art Hamsterrennen im Rad ist. An sich sind die Leute vollkommen fix und fertig und wissen nicht weiter. Es geht jetzt auf eine Jahrhundertwende zu und wir wissen nicht, was jetzt gut war und was nicht, was wir neu beginnen könnten, was man tun könnte. Alle starren auf diese Zukunft und schauen zurück und sagen: Ich weiss auch nicht.
P. Z. - Ihre Figuren tun sich aber auch immer wieder schwer, wenn es darum geht, sich der Gesellschaft anzupassen, in der sie leben...
M. Z. - Ja eben, weil ich meine, die Gesellschaft gibt das nicht zu. Sie behauptet immer etwas anderes zu sein, als das, was sie ist. Und deswegen gibt es jetzt eben diese Figuren, die sagen: Es tut mir leid, mir kommt es nicht so vor, ich möchte einmal kurz austreten und sagen, ich fühle mich eher so... Insofern sind sie keine Prototypen unserer Gesellschaft, sondern eher randständig. Aber das ist nur ein bewusster Schritt; sie tun sich nicht schwer mit der Gesellschaft, sie sind die Gesellschaft und haben einfach den kleinen Schritt, den zusätzlichen getan.
P. Z. - Max träumte früher davon, endlich einmal gewöhnlich, so wie alle sein zu dürfen. Diesen Wunsch erfüllen Sie Ihren Figuren aber auch diesmal, in Das lose Glück, nicht?
M. Z. - Es kann sein, dass Max sich noch mehr als Gegenüber gesehen hat und sich an diese Gesellschaft gerieben hat. Doch die Figuren jetzt, die sind ja in der Gesellschaft, die haben ihre Positionen eingenommen innerhalb der Gesellschaft und wollen gar nicht mehr wie die anderen werden, weil sie schon so sind. Deshalb liegt vielleicht der Konflikt noch viel mehr in ihnen drinnen. Einerseits wird man immer souveräner, weil man verzichten auf Feinde kann, weil man die äusseren Feinde nicht mehr braucht und andererseits sind die Figuren immer mehr in sich selbst verloren.
P. Z. - Den Lesern, die fragen: Und was nun?, haben Sie schon damals in Max geantwortet: "Solchen Wissensdurst werde ich nicht löschen. Ein gelöschter Durst ist kein Durst." Literatur soll also keine Antworten liefern und auch keine Erwartungen erfüllen?
M. Z. - Nein, ich finde, das Schönste, was ein Buch auslösen könnte, wäre wirklich, dass es einen beim Lesen plötzlich unruhig macht und weckt, obwohl es das sagt, was man selber auch denkt. Also, ich finde ein Buch unheimlich reich, wenn es mich braucht, wenn es mich als Leser bedient und mich als ein Gleichberechtigter integriert, der praktisch mitsitzt und sich auch erlauben kann, noch etwas zu denken.
P. Z. - Fragmente scheinen in Ihren Augen mehr wert zu haben als das Ganze, weshalb?
M. Z. - Ja, früher gab es ganze Bewegungen und Theorien über Fragmente, auch in der Literatur hat man Fragmente geschaffen, Gedichtfragmente, oder in der Architektur. Doch eigentlich kann man Fragmente nicht schaffen, das wird dann immer so ein kitschiges Zeug, aber es ist wahnsinnig interessant. Selber schaffe ich nicht Fragmente; ich habe lieber Stücke, fertige Stücke, von denen ich dann denke, die können so stehenbleiben... Doch ich habe kein Programm. Ich kann einfach nicht eine runde, fertige Geschichte erzählen, weil ich mich dann langweile...
P. Z. - Ist es ein Zufall, dass nach Brut und Piraten wieder eins Ihrer Bücher auf einem Schiff spielt, doch diesmal auf einer Yacht?
M. Z. - Ich weiss nicht, aber es ist so praktisch, so ein Schiff, weil man die Welt draussen vergisst; man kann sie also weglassen und sich wirklich konzentrieren auf die Leute, die da sind...
P. Z. - Die Verhältnisse zwischen den Menschen sind von Anfang an zentral gewesen in Ihrem Werk...
M. Z. - Ja, ich würde weiterhin rasend gern wirkliche Liebesgeschichten erzählen, wirkliche Beziehungsgeschichten. Es geht immer um Menschen und um den Umgang mit einem, um die Schwierigkeiten, miteinander umzugehen und um die Sehnsucht, endlich mit jemandem umgehen zu können.
Patricia Zurcher