Arrivé à La Chaux-de-Fonds en janvier 1939 à l'âge de 10 ans avec un grand J sur le passeport, Robert Austern a voulu témoigner de cette période funeste qui a secoué l'Europe. La Suisse fut sa chance.

Même si sa mémoire est vive, l'auteur a voulu prendre un peu de recul pour évoquer cette tranche de l'Histoire. Les émouvantes pages qu'il nous offre à lire donnent un éclairage étonnant sur l'atmosphère qui régnait dans cette Helvétie encerclée. En citoyen responsable, Robert Austern restera toujours très sensibilisé par la politique d'immigration sous tous ses aspects.

Son brillant parcours professionnel où il fut tour à tour directeur chez Suchard, Nestlé et Sandoz lui donne la distance idéale pour ausculter notre société craintive et bouleversée par le phénomène de la mondialisation.

A la Suisse, sa nouvelle patrie, il adresse "un message qui condense 60 ans de vécu et d'observation". Sa politique d'ouverture de la Suisse que ce soit à l'Union européenne et à l'ONU ne peuvent que favoriser sa prospérité et selon le mot de Pascal: Il n'est pas pire folie que de vouloir être sage.

Robert Austern, Salut, l'étranger, L'Aire, 2001.

Témoin des hommes est le livre d'un journaliste qui, pendant des années, comme correspondant de Paris, puis de Berne, a commenté chaque jour des événements, mais qui souligne aujourd'hui la personnalité de leurs acteurs tels qu'il les a rencontrés: en Suisse, les Paul Chaudet, Max Petitpierre, Hans Peter Tschudi et Fritz Traugott Wahlen; en France, Paul Reynaud et sa "route du fer", Antoine Pinay et sa baisse des prix, Jacques Duclos et ses pigeons... enfin de Gaulle annotant un article de l'auteur publié par la Gazette de Lausanne.

Un des personnages du livre hante la mémoire du chroniqueur: c'est le procureur René Dubois, qu'une histoire d'espionnage amène au suicide. Frank Bridel analyse cette affaire quarante ans après l'avoir révélée, dans la Tribune de Genève, par une dépêche écrite dans le bureau même du malheureux procureur. Portraits savoureux, propos inédits, révélations troublantes, anecdotes comiques et réflexions sur les moeurs journalistiques font de ce livre un ouvrage indispensable à quiconque veut mieux connaître l'histoire de la presse romande et mieux juger de son évolution.

Licencié en droit, Frank Bridel débute dans le journalisme en 1950 à la Gazette de Lausanne, puis assume la correspondance parisienne de ce journal. Il est correspondant à Berne de la Tribune de Genève et de la Radio romande de 1956 à 1964, année où il repart pour Paris comme correspondant intérimaire de la Tribune de Genève. Il revient à sa ville natale comme rédacteur en chef de la "Gazette" en 1966. A Bâle, il dirige Pharma Information de 1968 à 1989. Depuis 1990, il est chroniqueur à Entreprise romande.

Frank Bridel, Témoin des hommes, Editions de L'Aire, 2001.

Né en 1914 à Lausanne, Samuel Campiche fut d'abord un jeune bellettrien, licencié en droit, rêvant de devenir correspondant au Moyen-Orient. Un hasard voulut qu'il devint employé de banque à New York. En 1941, dès l'entrée en guerre des Etats-Unis, la Suisse fidèle à sa tradition assuma à Washington la représentation de plusieurs pays devenus ennemis des Etats-Unis, dont le Japon, Face à un surcroît de travail. la Légation suisse cherchait du personnel et celle-ci, par l'intermédiaire d'un ami engagea Samuel Campiche qui fut nommé "attaché de légation" sans passer par les us et obligations du Département politique fédéral. Son nouveau métier de diplomate lui permit de découvrir la "High Society" américaine, Hollywood et aussi des écrivains comme Saint-John Perse. Maître de la parole, Samuel Campiche a gardé pour l'écriture une passion secrète en s'adonnant à un journal intime qui débuta dans les années trente pour se terminer en 1998.

Le temps est venu pour Samuel Campiche de livrer sa traversée du siècle. La vie d'ambassadeur (en poste à Madrid, Prague, Helsinki) s'efface devant le questionnement philosophique et plus particulièrement sur le mystère du destin.

"Mon cerveau ne m'appartient pas, il agit d'une manière autonome et insensée, créant des mots, des phrases, surgis de rien, sans aucun lien avec mon activité du moment.".

Samuel Campiche, Marée du soir, Editions de L'Aire, 2001.