Quand je rencontre Gérard Treina pour la première
fois et qu'il me parle de l'accident qui a changé
le cours de sa vie, j'ai l'impression qu'il évoque
un événement récent. Et c'est avec surprise
qu'au détour du dialogue j'apprends la date précise
de l'accident. Près de vingt années ont passé
depuis ce jour de septembre 1984 où la moto du jeune
homme est percutée par une voiture (exactement vingt
ans que ce recueil paraîtra).
Vingt ans presque envolés, laissant si peu de
traces :
Une vie volée
Un temps sans distance de temps
quel travail de mémoire à faire
ça me prendra une vie
la vie à refaire.
Trous de mémoire, milliers de secondes, oubliées,
perdues.
Est-ce pour qu'elles ne le soient pas complètement
que Gérard entreprend ce patient voyage à travers
mots, ce recensement obstiné comme un sauvetage désespéré
? Pour que le mutisme devienne parole écrite, parole
inscrite ?
Pour que la perte du sens des mots devienne poésie
?
Au fond, c'est quoi qui trouble, élance mes syllabes
entre les lignes le coeur sait, mais je ne sais plus quoi
dire entre les lignes qui font mal et qu'il n'y a plus de
différence entre absurde et absoudre sa forme, ses
idées, et que le temps laisse l'âme s'étendre...
Cl. K.
Gérard Treina, Mémoire
éclatée, Editions Samizdat, 2004
Page créée le 08.09.04
Dernière mise à jour le 08.09.04
|