Claire Genoux

Claire Genoux vit à Lausanne, où elle est née en 1971. Elle obtient une licence en Lettres à l'Université de Lausanne en 1997, l'année où paraît Soleil ovale, son premier recueil de poèmes (Editions Empreintes). Elle publie ensuite Saison du Corps (Editions Empreintes, 1999), qui lui vaut le Prix de poésie C. F. Ramuz en 1999. Son troisième livre, Poitrine d'Ecorce (Campiche, 2000) est son premier livre en prose. En 2001-2002, elle séjourne à Paris en tant que boursière de la fondation Leenaards.

 

Six poèmes inédits

Qu'il me soit donné
d'être une fois l'étrangère le long des routes
traînant l'herbe par ses bretelles
comme un compagnon mélancolique
qu'on ne distingue plus mes pieds
parmi les batailles de pommes
qu'il ne reste rien de l'ancien chemin de ronde
pas la moindre trace qui signerait mes semelles

***


C'est toujours docilement
que j'ai suivi le cortège des trèfles
attentive à leurs causeries parmi les cailloux
et aux fruits roses que la tristesse épingle à leur front

à les entendre ainsi comploter
j'ai pris leurs noces en horreur
et j'ai quitté la région
espérant qu'un jour aussi on fêtera mon passage

***


La ville verse dans mes veines
son vin familier et ses flaques hautes
elle m'apprend à trinquer à la santé de ceux
qui se pendent comme ils peuvent à leur bâton
mais elle n'imagine pas que je vais
d'un coup de pied ouvrir les portes
et la bouche ouverte comme un corsage
boire à l'infidélité des hommes

***


Tapie sous les porches
la chandelle à la main
je veille à l'entrelacs des rues
détachant une à une les gouttes de cire
que le vent fait couler sur mes doigts
je ne ressens aucune inquiétude devant cette ombre
si elle devait durer toujours
car je vis et suis aimée de la nuit

***


Le marchand des nuits sans repos
me cherche querelle
en faisant fumer ses épices derrière mon épaule
je finirai bien par lui offrir une poitrine étourdie
et par lui jeter au visage
ma colère hâchée menu
quant à la menthe et le thym
l'oiseau des moissons saura les éparpiller
avant que ne batte la mesure de l'orage

***


Le marchand des nuits sans repos
me cherche querelle
en faisant fumer ses épices derrière mon épaule
je finirai bien par lui offrir une poitrine étourdie
et par lui jeter au visage
ma colère hâchée menu
quant à la menthe et le thym
l'oiseau des moissons saura les éparpiller
avant que ne batte la mesure de l'orage

Claire Genoux