Alberto Nessi
Quelli
che nella nebbia si sono perduti
e un giorno tornano al paese
a guardare le piante dopo la pioggia
a odorare il fieno, incrociare le gambe
sul sedile di pietra; gl'impalliditi
che passano di frodo la garitta
e rinverdiscono nella spuma del torrente
rinascono nel grido della civetta
vengono d'improvviso, se recede
l'ansia di questi giorni che ci assillano
per il male di sempre quando la sera
indugia col suo sangue sopra i colli,
hanno voci notturne che si accendono
come lucciole sbandate nel vento,
sottovoce raccontano le storie
che nessuno ha più voglia di ascoltare
si ritrovano all'angolo della strada
a cercare un pensiero smarrito,
una scatola di fiammiferi, una moneta,
un viso nella bruma che dirada,
tornano di nascosto sul piazzale
a sentire le voci, provare la bicicletta
rivivere il settembre dei ragazzi
che vanno a scuola con le mani in tasca
lasciano l'ultima pagina dei giornali,
la foto formato passaporto
con il sorriso sopra la cravatta più bella
- le donne hanno un viso fresco e ricordano
l'appuntamento con l'innamorato,
il nome inciso nella corteccia del platano
e quella luce che filtrava in cucina
dalle tendine quando il cielo era in fiamme -
tracciano geroglifici nell'aria,
sono foglie che tremano,
aeroplanini di carta, fili d'erba,
farfalle che ci seguono a zig zag,
ci vengono incontro dai cespugli,
fanno la loro comparsa sull'asfalto
quelli di ieri, tornano a farci visita
i pomeriggi dei giorni di festa
perché hanno nostalgia del vento,
vanno in silenzio ad annusare i tigli,
le traversine della ferrovia, il fumo di sigaretta,
guardano l'orologio sulla strada
che segna sempre le cinque,
passano davanti alle vetrine dei negozi
del centro, con il passo lieve
di chi non ha più fretta.
Alberto Nessi
***
Ceux
qui dans le brouillard se sont perdus
et un jour reviennent au pays
regarder les plantes après la pluie
respirer le foin, croiser les jambes
sur le banc de pierre ; les créatures blêmes
qui passent en fraude la guérite
et reverdissent dans l'écume du torrent
renaissent dans le cri de la chouette
ils viennent à l'improviste, si l'angoisse
de ces jours qui nous accablent s'éloigne
pour le mal de toujours quand le sang
du soir s'attarde sur les collines,
leurs voix nocturnes s''allument
comme des lucioles bousculées par le vent,
à voix basse ils racontent des histoires
que plus personne ne veut entendre
ils se retrouvent au coin de la rue
et cherchent une pensée égarée,
une boîte d'allumettes, une pièce de monnaie,
un visage dans la brume qui se dissipe,
ils reviennent en cachette sur la grande place
pour écouter les voix, essayer la bicyclette
revivre le mois de septembre des jeunes gens
qui vont à l'école les mains dans les poches
ils laissent la page des avis mortuaires
la photo format passeport
un sourire sur leur plus belle cravate
les femmes au teint frais se rappellent
le rendez-vous avec l'amoureux,
le nom gravé dans l'écorce du platane
et cette lumière-là qui filtrait dans la cuisine
par les rideaux quand le ciel était enflammé -
ils tracent des hiéroglyphes dans l'air,
ce sont des feuilles qui tremblent,
petits aéroplanes de papier, brins d'herbe,
papillons qui nous suivent en zig-zag,
des buissons ils volent à notre rencontre,
font leur apparition sur l'asphalte
ceux d'hier, ils reviennent nous rendre visite
les après-midis des jours de fête
parce qu'ils ont la nostalgie du vent,
ils vont en silence humer les tilleuls,
les traverses des voies ferrées, la fumée des cigarettes,
ils regardent l'horloge de la rue
qui indique toujours cinq heures,
ils passent devant les vitrines des magasins
du centre, avec le pas léger
de celui qui ne va plus en hâte.
Traduit de l'italien par Mathilde Vischer
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