Capitaine des nausées
Des abricots pas mûrs serrent
leur petit poing de boxeur dans une coupe de porcelaine. Et
moi, tous les jours avant laube, ouvrant les yeux avec
appréhension, je méveille dans le roulis
de son sommeil, je massois sur mon lit et je fixe dans
le ciel lendroit où les montagnes vont apparaître
en me répétant, le cur battant : Elle
dort encore, je suis seul, seul ! comme si je mexerçais
à vivre dans un monde dont elle serait absente, ce
que, bien sûr, je narrive même pas à
me représenter, de sorte quau lieu de sapaiser
ma crainte se fige en une sale terreur qui ne me lâche
plus, et je me dis que cest cela, le temps : une souffrance
qui continue quand nous aurions déjà dû
en mourir plus de mille fois, qui sacharne à
nous humilier, etje nose plus bouger car je me sens
si peu de chose dans ces moments-là, si léger,
si vide, quun battement de cils me roulerait au sol
; je ne bouge plus, respire à peine, et de toutes mes
ridicules forces, je pense à mes cheveux, là
où ils tiennent en cuir, à mes ongles, à
mes dents, je me concentre sur tout ce qui en moi, dans ma
chair, sancre, sattache, senracine, je magrippe
à moi-même afin de ne pas menvoler, et
cest ainsi, recroquevillé au pied des montagnes
dont les dents silluminent, méticuleusement crispé
sur ma peur et ma honte, que jattends son réveil
comme un malade attend la mort. Ma mère
Ma mère aurait pu se contenter
dun chien, elle fit un enfant. Puis deux, puis sept.
Linstinct maternel : Jai toujours aimé
jouer à la poupée. Ma mère, quand elle
en parle, plonge ses mains tragiques dans le pétrin
de ses seins. La Nature, gémit-elle. Cétait
plus fort que moi. LAmour. Et ajoute, grinçante
: Pas comme ces femmes dégénérées,
ces égoïstes, ces intellos qui font des gosses
du bout des trompes de Fallope ! Voici pourquoi, et non un
chien, jexiste et suis aimé : par force du tout-puissant,
de lauthentique et infaillible instinct de Femelle ma
Mère, moi, le premier enfant, et le seul à navoir
pas su trouver « la sortie »
Cet enfant est idiot.
à navoir pas compris
Regardez ses frères et
surs. Eux, ils ont fait le pas. Ils sont devenus des
adultes, avec de vrais désirs dadultes. Le fric,
le pognon, le flouze, voilà ce qui les intéresse
!
moi lattardé, le demeuré,
qui reste là, bouche collée contre ses seins,
tête enfouie dans ses chairs, écuré
et docile
Ils me tapent, ils me volent.
Ces amours ! Tournent autour de moi comme des mouches à
miel. Et ils nen ont jamais assez
incapable dêtre comme eux,
même en miniature, cynique et fanfaron ; dêtre
dur, dêtre fort, et de jouer les petits messieurs
de bois vernis, ainsi font font font, mais bègue dâme
et cur puceau, rester
Par le lait, puis par largent
: cest ainsi croyez-moi que lon tient les enfants.
Il faut voir comme ils savent mendier, et ruser, et mentir
pour mextorquer quelques petits sequins de plus ; avec
quelle fidélité, ils viennent ramper devant
ma couche, arranger ma literie pour pouvoir la sonder, et
sucer mes bagouses dans un long baiser de ventouse pour tenter
den arracher les plus belles pierres. Je ne suis pas
dupe, mais je laisse faire. Quils ne puissent se passer
de mon fric, et nous resterons une famille unie. Que pourraient-ils
faire contre ma générosité ?
sous les yeux infiniment vides de ma
mère, rester lidiot de la famille, celui dont
elle parle toujours à la troisième personne.
Les
enfants doivent comprendre quils ne sont que nos enfants,
et pour toujours. Non des égaux, des êtres humains
normaux et accomplis, comme nous, avec lesquels il serait
possible de discuter, de commercer ou de se battre. Non. Ils
sont et resteront nos créatures, nos petits, nos choses
: des sortes de caricatures amoindries de nous-mêmes,
des miroirs plus ou moins sales dans lesquels nous ne pouvons
que regretter notre jeunesse. La jeunesse que nous leur avons
sacrifiééééééée
Et voilà ! ça recommence
! Le iodel de ses sanglots trébuche sur la bibeloterie,
rue dans les lustres, sengouffre de salle en salle par
les murs éventrés, et je sais, où que
je sois, quand elle entame la pleurnichante des miroirs ou
autre rengaine de la même eau salée, quil
nest plus un espace dans tout le château où
je pourrai lui échapper. Maintenant, tout le monde
la entendue. Cest le signal ! Lune après
lautre, les machines à coudre hésitent
puis sarrêtent, et les marteaux, les pinceaux,
les scies, et enfin, tout en dernier parce que la cuisine
est loin, le ramdam des casseroles. Dans le silence qui sinstalle
par à-coups, on dirait que la maison, de tout son poids,
comme un immense convoi, vient de faire halte en pleine campagne
pour une obscure raison daiguillage ou dhoraire,
et que les voyageurs, habitués, en profitent pour se
dégourdir les jambes. Les couturières sébrouent,
les maçons sortent leur casse-croûte, la volière
des dames de compagnie séparpille dans un sillage
de miettes de cake et de cartes à jouer. Tous se réjouissent.
Tous, sauf moi. Elle mappelle. Elle mattend.
La voix de moi-idiot, je lentends,
la voix sincère et suppliante que je nemploie
quavec les insectes et les escargots pour leur demander
pardon de les manger : cette voix dit non et se tortille au
fond de mon ventre. Non, non, non. Me retourne comme une bête
quon écorche. Je ne veux pas. Déjà,
les outres tièdes de ses mamelles, qui couvent un immonde
gargouillement de glandes, bombent et se mettent à
perler. Non, non, non.
Il a faim, et il refuse de manger
? Ce nest pas gentil, ça.
Lait gris, sale et vitreux, lait aux
reflets violets, au goût rance et au relent de viande
faisandée, lait poisseux comme le sang et presque aussi
salé, lait vieux de ma mère vieille quelle
me force à téter tandis quelle
fouille mes poches à la recherche dune larve
ou dun scarabée que jaurais oublié
de jeter.
Et il avale ces cochonneries,
exprès pour me faire de la peine. Il ne sait pas ce
qui est bon pour lui.
Me pince loreille entre ses ongles.
Lait de mon dégoût, de mon vieillir-enfant. Lait
de mon impuissance. Jai quatre-vingt-sept ans. Ma mère
depuis longtemps na pas dâge, par coquetterie,
mais du lait toujours, oui ; ce quelle appelle du lait,
sourdant de ses larges tétons tannés ; du lait
comme un pétrole visqueux quelle me gicle en
bouche, dont elle me gave et métouffe depuis
quatre-vingt-sept ans. Car je nai jamais osé
Après tout ce que jai
fait pour lui ! Cet enfant naime pas sa mère.
Il veut me tuer.
jamais pu refuser. Si je naccours
pas assez vite, elle prend le sac où sont enfermés
la dépouille et les os de mon père. Mon père
le très-mort, très-feu mon père, que
je ne me souviens pas avoir connu vivant, mais que je crains
encore. Délicatement, elle le presse contre elle, lagite
un peu. La peau séchée craque, mes poils se
dressent, les os bilboquent. Et je cède à ce
bruit. Je cède toujours.
Voilà qui est mieux.
Elle range le père Craquel dans
son bahut. Et se dépoitraille dun soupir rugissant.
Cest quil est si petit,
et je pourrais être si grande
Les couturières en maugréant
déroulent des mètres de ruban gradué,
larchitecte aux yeux de cachou mâchonné
attend en vain quon applaudisse son entrée, les
dames de compagnie, aux fesses démangées par
un patient velours se grattent du bout des gants. Et moi,
pauvre de moi, agrippé à son sein comme un criquet
sur le ventre dune vache, je me mets à téter
docilement.
Je tète. Et cest elle
qui gonfle, elle qui se remplit. Comme chaque fois, depuis
quatre-vingt-sept ans, dès que mes lèvres touchent
son sein, elle reprend sa monstrueuse croissance. Et grossit,
se dilate, se répand dans lespace au fur et à
mesure que jaspire son lait. Ma mère, la «
Généreuse », saccroît quand
elle nourrit ses dons lui profitent ! Je sens sous
moi gronder le pouls, rouler les viandes, et les maçons
ricanent : Combien, le tour de poitrine ? Quinze mètres
? Vingt ? Qui veut parier ? Continue, gémit-elle. Des
poufs de graisse glissent sous la peau comme des bancs de
méduses, les muscles distendent leur vieil accordéon.
Je me cramponne, ballotté par ce tremblement de chair.
Encore ! Encore !
Je mexécute il
le faut bien et grinçant, gémissant comme
les poutres du toit par un vent de tempête, la carcasse
écartelée sétire et se distend.
Jusquoù ira-t-elle ? Son corps échoué
emplit bientôt tout le château. Jusquoù
pourrai-je aller ?
Des coussins, vite.
Madame est en train de gagner
lorangerie.
Des coussins, des coussins.
Ses pieds passent la brèche.
Dépêchez-vous.
Elle a un coude dans lescalier
de service.
On amène des coussins, des planches,
des fauteuils, on la soulève avec un treuil, on la
cale avec des matelas et des meubles qui cèdent sous
son poids. On linstalle tant bien que mal. Je me demande
souvent pourquoi, malgré son impotence, ma mère
veut toujours avoir lair assise.
Vous ne mavez pas demandé,
je suis là. Toujours au service de votre épanouissement.
Chère Madame
Larchitecte se débabine
à force de sourires.
Il est clair quun nouvel
aménagement simpose. Je commencerais par abattre
ces murs, puis je relèverais ce plafond. Là,
je verrais un entablement néo-post-after pour camoufler
létai. Dici demain, parole darchitecte
Les couturières mesurent, coupent,
rapiècent et se disputent, des épingles plein
la bouche. Jai envie de vomir. Ma mère comme
dhabitude, se plaint de lenfant-moi à la
compagnie des dames compatissantes.
Jétais mince avant
lui. Vous mauriez vue ! Une déesse. Et un de
ces culs ! Javais tous les hommes à mon panier.
Mais ensuite, hélaaaaaaaaas !
Je nai jamais
récupéré de ma première grossesse.
Et pour quoi ? Pour ça ! Un enfant nest jamais
quun amant impuissant.
Et les dames hochent tête.
Mais
laissons cela. Et revenons à notre sujet : Lélectuaire
des bonnes manières, chapitre 67 : « Les asperges
». Mesdames, sil est de la dernière muflerie
de les manger entières, vous éviterez de nen
croquer que la pointe : ce geste signifierait que vous ne
les trouvez pas assez tendres, pas assez cuites. Quel affront
pour la maîtresse de maison ! Quant aux petites asperges
vertes
Et les hoches dament tête.
La maison trépigne, le convoi
sébranle et repart au ronron nerveux des machines
à coudre. Scies, blablas, petits marteaux, chutes de
pierre, chuchotis le train-train. Et moi, salement
pris de mal de mer, je me cache pour vomir le lait sombre
au goût de mort, pour vomir, ma mère, ta Nature,
ton Amour tout-puissant, la vie que tu mas donnée
et que tu tacharnes à me conserver afin quinfiniment
je te la doive, moi lidiot écuré,
le capitaine des nausées, je me vomis jusquau
fond de lâme.
Bouffée de chair, exhalé
cimetière. Elle est morte en soupirant et en douceur.
Ma mère est morte ! Dire que javais si peur !
Elle sest évaporée, tout simplement :
pouf ! Comme si la mort était partout sauf en elle-même
et quelle lavait rejointe. Peut-être quayant
atteint ses limites de dilatation, elle sest comme pulvérisée.
Il est également probable quelle ait voulu nous
ravir son corps, car elle navait confiance en personne.
Il ne resta de son immensité quune marée
figée de chiffes dans laquelle nous découvrîmes
le regard hypocrite, la nudité ébréchée
dune très vieille poupée de plâtre
qui tendait vers nous, comme si elle cherchait à nous
agripper ou pire mais vainement ses mains aux
doigts brisés. À tout hasard, nous lavons
enterrée les couturières me soutenaient
afin de pouvoir dire : Voilà sa tombe, et de
pouvoir y croire elles me consolèrent avec des
petits verres dalcool jaune. R.I.P. de bronze
sur une lourde pierre me disant, taquines, quil
était temps que je sois sevré, et que maintenant
je pourrais enfin profiter de la vie.
De la vie ! Quelle vie ? Celle quon
mavait prêtée ne pouvait plus servir. Et
pour en inventer, jétais incompétent.
Fallait-il quà mon âge jentreprenne
dexister, usé par quatre-vingt-sept ans denfance
prolongée ? Et le temps qui allait se mettre à
passer pour de bon !
Les couturières, moqueuses,
rembobinaient les fils, ramassaient les épingles. Je
pleurnichais : Non ! je ne lui survivrai pas. Et je le pensais
vraiment. Jétais lidiot qui raisonne, le
miraculé mélancolique, une tête fêlée
qui préfère les coups au silence. Ta mère
était un monstre, lançaient-elles en pliant
les étoffes. Je sais, je sais mais je ne veux pas le
savoir. Arrête de chialer, tu devrais être content
! Elles ont mis leur plus jolie robe. Maintenant tu es libre
!
Attention au départ ! Leurs sourires flous
tressautent aux fenêtres du train. Libre ?
Une
machine à coudre emporte le paysage. Mon cur
mis au zigzag, mes entrailles picorées par laiguille.
Le temps, tout le temps que je nai pas vécu sengouffre
dun coup dans ma carcasse. Je sens leffort de
chaque souffle, le poids de chaque goutte de sang, et les
faux plis des rides : comme jai mal dêtre
vieux ! Adieu, adieu.
Vous êtes dici
?
Heu !
Non. Non.
Est-ce que, par hasard
Est-ce
que vous attendez
lautre train ?
Je navais pas envie de discuter
:
Cest cela. Lautre
train.
Oh !
Merci. Merci, merci.
Si vous saviez le plaisir que vous me faites ! Jattends
ce moment depuis plus de cinquante ans. Voyez-vous, Monsieur,
deux trains sarrêtent chaque jour dans ma gare
: deux omnibus, mais très modernes, avec savon dans
les toilettes et moquette en première. Eh bien ! vous
ne croirez pas : depuis que je tiens cette gare, tous mes
voyageurs prennent le train de midi quinze, tous. Lautre,
celui de quinze heures douze, qui va dans la direction opposée
: personne, jamais. Vous serez le premier. Vous comprenez
? Voilà plus de cinquante ans que je mets ma casquette,
que jagite mon drapeau pour un train vide. Et lon
sétonne que je déprime et que ma femme
me trompe ! Mais vous êtes là. Enfin. Je naurai
pas vécu pour rien. Merci, merci.
Il me serra dans ses bras, mêla
son odeur dangoisse à la mienne, et nous restâmes
ainsi un moment, rides contre rides, jusquà ce
que jose lui demander :
Et il va où, ce train ?
Où ?! Monsieur le Voyageur
se moque de moi. Je ne suis que chef de gare, Monsieur. Ce
nest pas moi qui pars.
Quinze heures douze. Je vis le drapeau
rouge battre de laile, et quand je le saluai, lhomme
seffondra sur le quai, foudroyé et ravi.
Adieu, adieu.
Le diable la emportée
! jai oublié ma mère, je ne parle plus
ses mots. La langue maternelle : cette langue entravée
des idiots. Je ne suis plus lidiot de personne, je ne
parle plus la bouche pleine. Le monde, quelle avait
étouffé de ses vagissements de baleine échouée,
quelle masquait de sa masse sismique, ce monde sans
elle est si limpide si simple, si beau. Et jy
vis. Je vis. Elle ne peut plus matteindre. Je danse
sur les tombes, je crache dans le lait noir des ensevelisseuses
et me méfie de lamour au goût de
marécage et de Femelle Viande morte : lamour,
je ne veux en connaître que les gestes précis,
épurés, mâles, la mécanique des
squelettes. Je vis, je me moque du reste. Je vis si bien dailleurs
que je méloigne de la mort. Le temps que je craignais
si fort, le temps ma donné ma revanche : lune
après lautre, il me rend les années volées.
Il passe toujours, oui, mais à reculons. Je rajeunis.
Je ne sais pas comment, par quelle loi aberrante, mais cest
ainsi. Je me découvre chaque matin un peu plus leste
et plus fringant. Jai perdu mon teint de momie, retrouvé
mes cheveux et mes dents, mes rides senvolent et mes
yeux brillent frais comme lil rond des poissons
dans le panier du mareyeur. Je vis, je triomphe. Si vous me
rencontrez, au hasard de mes vagabondages, soyez mon ami un
soir, deux soirs, un mois si ça vous chante, mais jamais
plus : vous ne pourriez pas comprendre et vous seriez
jaloux que ma vie ne suive pas la vôtre dans
sa décrépitude ; vous ne me pardonneriez pas
ce détachement, quand je vous vois vous échiner
pour une idée ou quelques sous, qui me fait tout railler.
Mais laissez-moi plutôt, car jaime être
seul. Enfin seul. Enfin vivant.
Une seule chose minquiète
La goutte blindée dun
mini-scarabée roule et toque au fond de la coupe. Pris
au piège ! Que vais-je devenir ? Quand je serai petit,
tout petit, que fera-t-on de moi ? Et dire que je ny
pensais pas ! Que jétais si heureux ! Cest
logique pourtant, mathématique. Le compte à
rebours a continué. Les jours, les semaines, les années
senvolant lune après lautre. Déjà,
je nose plus sortir : jai trop jeuni, jai
rétréci. Comment leur expliquer que je suis
un adulte sous mes airs de gamin, que je compte plus de cent
soixante ans aller retour ? Qui me croirait ? Je passe des
heures à fixer le miroir, désespéré.
Je ne veux pas redevenir enfant, je refuse ; être à
nouveau cette chose débile qui se laisse triturer,
manipuler, humilier avec une confiance naïve. Je hais
lenfance. Ce que je donnerais maintenant pour me mettre
à vieillir ; jirais gaiement vers la mort, mains
dans les poches, en sifflotant. Mais rien à faire,
je membambine et je me rembobine, je continue à
remonter le temps, et de plus en plus vite, inexorablement,
comme si là-bas, dans le néant des origines,
une force maspirait, un siphon, un trou noir
Elle est là, je le sens. Et
cest pire que la mort. Elle ne ma pas oublié,
au contraire ; elle mattend, elle mattire, me
ramène patiemment au bout dune petite ficelle.
Et moi, comme un yoyo, je remonte me jeter entre ses mains.
Entre ses seins ! Moi, lincurable idiot. Et je me croyais
seul, et je me croyais libre, je pensais lui avoir échappé
alors que chaque effort que je faisais pour méloigner
me rapprochait delle. Toujours elle. Pourquoi, ma mère
? Pourquoi ne mas-tu pas abandonné ?
Oh non ! Ma première dent
de lait !
extrait de Contes des jours volés
Anne-Lou Steininger
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Page créée le 28.08.02
Dernière mise à jour le 28.11.06
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