art&fiction
«art&fiction produit et diffuse des publications conçues par des artistes visuels et en particulier des peintres, destinées à mettre en évidence quelques articulations originales entre l'image et le texte sous l'angle de la narration.»
C'est par ces quelques lignes qu'art&fiction se présente. Le projet est né en 1999-2000 d'une constatation assez simple, faite par ses fondateurs Stéphane Fretz et Christian Pellet, eux-mêmes artistes-peintres : beaucoup de peintres autour d'eux écrivaient et entretenaient un rapport soutenu à la littérature. art&fiction se proposait dès lors de publier des images et des textes d'artistes formés comme eux dans les années 1980 en Suisse romande, («ni tout frais moulus, ni vénérables vermoulus ». selon l'expression des éditeurs) , s'articulant autrement que dans la logique de l'llustration, de l'évocation, du commentaire.
Les publications se distinguent par leur petit format, le soin apporté dans leur fabrication et dans le choix des matériaux
Intimiste, reposant pour beaucoup sur un réseau de personnes se connaissant directement - dont les souscripteurs - art&fiction incarne pourtant une aspiration de très grande envergure. Interrogés par le site Art-en-jeu, les éditeurs n'hésitaient pas à se réclamer de Cervantès : «Aujourd'hui nous sommes dans la situation de Don Quichotte par rapport aux romans de chevalerie», expliquait Stéphane Fretz. «Le temps des chevaliers est passé, se lancer dans une épopée n'a plus de sens. C'est là qu'entre en scène ce que j'entends par fiction: avec Don Quichotte, Cervantès a inventé le roman moderne parce que l'épopée n'était plus possible. Nous devons trouver quelque chose de semblable en peinture aujourd'hui.» (http://www.art-en-jeu.ch/interviews/artfiction.html ). Dans un projet aux dimensions très humaines, art&fiction ne recherche donc rien de moins qu'une issue pour l'art contemporain, parfois menacé aux yeux de ses éditeurs de postures stériles : postures dont les peintres gravitant autour d'art&fiction cherchent à se dégager - ce qui du propre aveu des éditeurs ne va pas de soi. Le chemin passe par la conscience historique aussi bien que par la foi dans l'acte créatif, et plus spécifiquement dans les potentialités encore vivantes de la peinture figurative: un type d'image propre a déclencher ce que les éditeurs appellent «le vertige de la fiction»
RETOUR D'EGYPTE
Publication et exposition
DOCUMENT - RETOUR D'EGYPTE
Mauro Frascotti, Pascale Favre, Christine Sefolosha, Claudia Renna, Jean Crotti, Format 130 x 200 mm, 112 pages, dont 16 pages couleur, CHF 27.- ISBN 2-9700398-3-4 - ISSN 1660-5047
Suisse-Egypte: une longue histoire
Depuis une dizaine d'années, une somptueuse villa aux abords du Caire, à Shabramant, accueille des artistes au bénéfice d'une bourse de la Conférence des Villes Suisses en matière Culturelle. Dans cet atelier, l'occasion est donnée aux artistes de travailler à l'écart de la scène helvétique et de ses contraintes, mais aussi d'aller à la rencontre de l'art contemporain égyptien, de l'ambiance des rues, de l'Egypte ancienne, de la vie quotidienne des cairotes.
Réciproquement, la Suisse a accueilli en 2004 deux événements majeurs: les expositions «Cléopâtre» au Musée Rath de Genève et «Toutankhamon» à Bâle. Dans ce contexte, le projet est né de proposer une publication intitulée DOCUMENT - RETOUR D'EGYPTE, réunissant 5 visions inédites de la plus grande ville de l'Islam.
De Mauro Frascotti, DOCUMENT présente des vignettes extraites de «Rumeurs du Caire», une bande dessinée née durant son séjour en 2002. Les 25 premières planches ont été exposées en 2003 au Caire. Depuis, elle est publiée dans le mensuel «la Revue d'Egypte». Une projection dia à l'UAC en proposera des fragments.
Jean Crotti a partagé sa vie et son travail entre Lausanne et Le Caire de 1992 à 2002, année durant laquelle il se voit contraint de renoncer à sa vie en Egypte. Dans les pages qu'il consacre à DOCUMENT, au moyen de simples chablons, et à travers les titres de chansons de Oum Kalsoum qu'il traduit librement, il dit sa nostalgie du pays perdu et l'absence de l'être aimé.
Trois femmes à la rencontre de l'Orient
Pascale Favre livre «Planète Caire», après trois mois de pérégrinations égyptiennes. Plus qu'un retour avant l'heure, le texte découvre le va-et-vient fragmentaire du regard qui effleure, troublé par l'ambiance de la ville. À l'UAC, Pascale Favre présente une centaine de ses dessins, souvenirs de la métropole égyptienne.
Christine Sefolosha a fait, depuis 2000, plusieurs voyages en Egypte et en Turquie. Interpellée par l'extrême pudeur de la femme orientale, ses vêtements-citadelle, sa retenue mais aussi son explosive sensualité latente, elle rassemble dans un petit carnet des fragments de visions influencées par l'imagerie naïve des frontons et façades de villages aperçus le long de la route au bord du Nil.
Claudia Renna présente des extraits d'un projet d'encyclopédie iconographique, né au cours d'un séjour de six mois en Egypte en 2002 où son travail s'est focalisé sur l'Egypte ancienne. Pour l'UAC, Claudia Renna intervient sur des cartes géographiques reconstituant son itinéraire en Egypte.
Marc De Bernardis / Des tailles
COLLECTION PACIFIC
Second volume 2004 de notre collection Pacific, Des tailles est un petit livre sophistiqué: Les détails de la peinture de Marc De Bernardis (vraisemblablement un hommage au 17e siècle) nous invitent à la reconstitution mentale d'un tableau qui n'existe pas.
La fiction est ici malicieuse.
En écho, le maniérisme des textes de Philippe Moret (des tercets dont les rimes sont ordonnées par groupe de trois vers) convoque une action dont la peinture aurait pu composer la narration... si le tableau avait existé! Le piège d'une illustration unilatérale est ainsi subtilement déjoué. Mais cela importe-t-il vraiment? N'est-ce encore qu'un détail?
Philippe Moret
Né en 1962, Philippe Moret vit à Lausanne. Il enseigne à La Tour-de-Peilz, est amateur de voyages, de montagne et de vélo, de littérature aphoristique et de poésie. À cette dernière, il s'exerce parfois, par amitié.
Marc De Bernardis
Né en 1966, formé dans la section graphisme de l'Ecole cantonale d'art de Lausanne, Marc De Bernardis dit volontiers sa dette envers l'enseignement du plasticien et vidéaste lausannois Jean Otth.
Son travail de peintre est imprégné de son expérience de l'illustration. Ses sources: photographiques souvent, trouvées dans les quotidiens ou sur le web, ou peintes, mais à travers des reproductions, ou encore ramenées de ses voyages en Orient. Il se consacre à une peinture qui, par un changement progressif de focale, est passée de petites scènes photographiques à des séquences de grands détails.
EXPOSITION A l'UAC
avec
LE KIOSQUE d'ART&FICTION
visible en permanence du 2 décembre 2004 au 17 juin 2005
et sur www.artfiction.ch/lekiosque
Le Kiosque sera visible pour la première fois à l'Unité d'Art Contemporain de l'Université de Lausanne.
Son apparence rappelle les kiosques à journaux de nos villes. On y trouve toutes les publications d'art&fiction, on pourra y consulter des notes, des carnets d'atelier, des dossiers.
Le Kiosque se veut un lieu de mise en valeur de nos archives. Il s'agit d'archives toutes récentes, encore fraîchement marquées du sceau de la fiction. Nous avons senti, de lectures en réunions, de vernissages en visites d'ateliers, qu'il nous manquait une sorte de territoire, comme une scène ou une estrade, un confessionnal ou un isoloir. En quelque sorte la partie publique de notre laboratoire éditorial. Structure d'acier et d'aluminium, fabriquée par le serrurier Cédric Bersandi, le Kiosque est un lieu indéfini mais à vocations multiples.
Nous y afficherons dans un premier temps la correspondance d'une quinzaine de peintres avec l'énigmatique collectionneur Bertram Rothe, correspondance qui révèlera une manie - la sienne, la nôtre - de la référence à l'histoire de l'art et à la littérature. Ces archives seront enrichies au cours de l'exposition. Nous invitons les visiteurs à y contribuer selon cette consigne: Bertram Rothe vous charge de raconter librement une expérience marquante face à une peinture. Seules trois informations factuelles sont indispensables: titre et auteur de l'oeuvre, lieu où elle a été vue. Lui importent surtout la relation que vous entretenez avec ce lieu et les éléments biographiques qui y sont liés.
Les contributions pourront être déposées au Kiosque dès le 3 décembre ou envoyées à lekiosque@artfiction.ch.
Le Kiosque deviendra également kiosque à musique lorsque le quartett Pamela's Parade (saxophone, trombone, contrebasse, batterie et voix) livrera ses prochaines lectures d'écrits de peintres le 9 décembre 2004 et le 17 mars 2005 lors des Midi-spectacles organisés par les Affaires culturelles de l'Université.
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