La Maison de l'écriture est basée à Montricher: porterez-vous une attention particulière aux auteurs romands?
J'ai choisi la commune de Montricher car Jan aimait beaucoup cet endroit, où nous vivions – et où je réside toujours d'ailleurs. Pas très loin de notre maison, il y avait une ancienne colonie de vacances: c'est ce bâtiment que j'ai racheté pour en faire la Maison de l'écriture. Mais si le projet est ancré en Suisse romande, dont j'apprécie la politique d'accueil et l'ouverture aux auteurs du monde entier, il se veut très ouvert. Nous n'accueillerons donc pas exclusivement des auteurs suisses, ou polonais, mais tous ceux qui ont un projet à développer! Les résidences seront décidées sur dossier, c'est-à-dire sur la base d'un projet d'écriture précis, et leur durée dépendra du temps estimé pour sa réalisation – de trois semaines à plusieurs mois.
Vous avez annoncé la création de la Fondation Jan Michalski en automne 2007; quand pensez-vous pouvoir accueillir les premiers auteurs en résidence?
Les travaux n'ont pas encore commencé, mais nous espérons pouvoir démarrer le chantier en 2008 encore, afin d'être opérationnel en 2010. Le projet est complexe puisque l'idée est de construire des cabanes dans les arbres: les chambres des écrivains seront détachées du sol et complètement plongées dans la verdure. Nous pourrons héberger cinq auteurs en même temps, qui disposeront aussi d'espaces communs: une salle d'exposition, une autre destinée à la projection de films, une troisième pour les colloques, un auditorium qui pourra accueillir des concerts, ainsi qu'une bibliothèque qui sera publique certains jours de la semaine.
La Maison de l'écriture se veut donc également un espace culturel.
Oui, nous sommes clairement dans une optique d'échange et nous désirons nous ouvrir au public. Nous engagerons quelqu'un pour animer le lieu et construire une programmation culturelle. Nous souhaitons que la population de Montricher considère la Maison comme un plus; elle s'est d'ailleurs montrée très curieuse lors de la séance d'information que nous avons organisée sur place.
Qu'en est-il du Prix international de littérature Jan Michalski?
L'idée est de distinguer un livre par année, tous genres littéraires confondus (roman, récit, nouvelles, reportage, théâtre, poésie, biographie et autobiographie, essai, livre d'art, calligraphie…). Le prix sera conséquent, puisqu'il est doté de 20 000 francs. Il sera ouvert aux auteurs – débutants ou non – du monde entier, qui écrivent donc dans toutes les langues, l'essentiel étant de choisir chaque année un livre qui nous paraît extraordinaire. Je pensais au début accepter même les manuscrits, mais on m'en a dissuadée… Un livre publié à compte d'éditeur constitue déjà la garantie d'un premier filtre, d'une certaine qualité.
Tous les genres littéraires, dans n'importe quelle langue: des critères extrêmement larges…
En effet, nous nous attendons à recevoir beaucoup de titres. C'est pourquoi nous sommes en train de freiner un peu le lancement du prix, afin de mieux sauter – d'être vraiment bien organisés et prêts au moment de l'appel à textes. Nous n'avons pas encore eu le temps de constituer le jury et ce n'est pas une tâche facile: nous le voulons indépendant, multilingue, composé de personnes suffisamment engagées pour se mouiller pour un livre et le défendre avec vigueur. Et nous devons rechercher dans plusieurs pays.
En revanche, le système des bourses fonctionne déjà.
Oui, tout comme celui des aides ponctuelles. Les bourses sont octroyées sur la base des dossiers reçus selon une enveloppe annuelle répartie entre les bénéficiaires. Elles doivent permettre à des auteurs de se libérer pour un temps des contraintes matérielles afin de pouvoir se consacrer à l'écriture; leur montant dépendra de la demande reçue, du temps que nous estimons nécessaire pour le projet, de sa qualité, etc.
Quant aux aides financières ponctuelles, elles sont destinées à soutenir une publication, un projet ou une manifestation littéraires – tout ce qui est lié à une activité d'écriture. Les traducteurs sont donc aussi concernés. Actuellement, nous soutenons par exemple «Les Quarante colonnes du souvenir», l'exposition sur Annemarie Schwarzenbach montée par Bibliothèque cantonale et universitaire de Lausanne à l'Espace Arlaud.
Comment comptez-vous garantir l'indépendance entre la Fondation Michalski et le groupe Libella?
La Fondation dispose d'un capital propre, financé par des fonds privés. Nous allons faire en sorte qu'elle soit la moins liée que possible avec les éditeurs du groupe. Mais Libella édite environ 200 livres par an en Pologne, et près de 200 en français. Si nous recevons un dossier d'un auteur que nous avons publié, nous n'allons pas le refuser pour cette raison… Enfin, je présiderai le jury du Prix littéraire et serai impliquée dans la commission qui attribue les aides, mais les décisions seront toujours collégiales. Propos recueillis par Anne Pitteloud
Page créée le 08.07.08
Dernière mise à jour le 08.07.08
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