Rafik Ben Salah
Parole à l'invité
Regards en Suisse
Que savais-je de la Suisse
Que savais-je de la Suisse, à lépoque où jétais encore au village, jusquà lâge de 11 ou 12 ans?
En raclant fort dans ma mémoire denfant, il ne me revient guère que de vagues propos dont la vérité ne saurait être garantie ; mais voici que jentends et voici que jécoute.
On savait, sans ordre, que la Suisse avait des montagnes dargent que beaucoup détrangers, souvent de pays pauvres, avaient aidé à construire, mais quen revanche, le pays était riche en montagnes de neige et de glace, véritables celles-là et authentiquement régnicoles, et qui avaient la vertu enviable dagir sur la peau des habitants, en la blanchissant bellement.
On savait aussi que les Suisses possédaient les plus belles vaches du monde et partageaient ce privilège avec les Hollandais. Je le savais parce que mon père avait formé le projet dacheter une vache pour nous et avait hésité entre les deux. Il opta pour la suisse et moi je le corrigeais, ayant entendu mon maître décole dire quau féminin le Suisse donnait Suissesse. Mais mon père disait; tais-toi, mon atome, nous aurons une vache suisse, et non une Suissesse; même vache, ta mère nous pendrait à la lune par nos paupières, tais-toi donc !
Cétait sa plaisanterie de lettré, à laquelle je navais accédé que par une tardive remémoration.
Si donc les Suisses avaient les plus belles vaches du monde, ils navaient aucune gêne ni aucun scrupule à prendre des bains de lait pur, pas coupé à leau comme chez nous; et tu voyais des pépites de beurre flotter dans la baignoire, quand les enfants sétaient rassasiés de sébattre et de débattre.
Cétait pour cela que les Suisses avaient la peau claire et lisse, leurs femmes surtout.
Cétait ce quon disait dans les rues du village.
Que savais-je encore?
Que savais-je encore ?
Eh bien, je savais aussi que notre président de lépoque séjournait en Suisse, pour deux raisons: la première était le repos, à Gstaad qui était la traduction allemande de Genève; mais, ignare, les présidents ne vont que dans les capitales, tu ne sais pas que cest Genève, la capitale de la Suisse, non? Et lignare baissait la tête de confusion.
La seconde raison qui conduisait notre président en Suisse était le besoin régulier de soins dentaires de qualité; ne voyait-on pas quil portait la plus belle denture du pays et quil navait aucune peine à la montrer, senhardissant jusquà leffigier sur nos billets de banque ?
Donc, des montagnes de deux sortes , de belles vaches, du bon air favorisant le repos des Grands(mais il ny a de Grand quAllah, on le sait), les meilleurs dentistes du monde et, bien sûr, le chocolat le plus pâmant de la planète.
On disait aussi ...
On disait aussi que les Suisses avaient un grand lac deau douce; pas une sebkha, ignare, non, de leau douce, de leau de pluie bien conservée !
Oui, mais cela, à quoi bon ? Nous, on avait la Blanchemédiane, pleine de poisson, à quoi pouvait leur servir leur lac sans poisson ?
Sur ce détail, nous pouvions chatouiller notre fierté.
Seulement alors quest-ce quils mangeaient ces Suisses avec un pays tapissé de montagnes froides de neige et de glace?
Du fromage, bien sûr et du chocolat au dessert. Du lait à boire et pour le bain
Cétait la substance de nos conversations denfants sans ressources de connaissance.
A vrai dire , la Suisse nentrait que peu dans notre imaginaire...
A vrai dire , la Suisse nentrait que peu dans notre imaginaire, en comparaison de la France qui était certes le pays du Roumi conquérant et déflagrant, mais aussi le pays de Paris-la-Lumière. Nous ignorions lhistoire et la géographie de la Suisse, tandis que mon père était capable de citer de mémoire les rivières et les cours deau les plus insignifiants du territoire français. Et nul ne savait- le sait-on même aujourdhui- que le Rhône prenait source et racine en Helvétie. Une injustice qui mémeut encore.
Quelques années plus tard, mon père fut nommé dans la capitale, ce qui nous permit de glaner quelques autres curiosités suisses.
A Tunis, on ne parlait guère plus longuement de la Suisse ...
Il y avait cependant quelques signes de la présence helvétique ....
A Tunis, on ne parlait guère plus longuement de la Suisse. Il y avait cependant quelques signes de la présence helvétique dans la capitale dont je citerai deux: le premier est la présence dune horloge au croisement des rues al Jazira et lavenue de France. Cétait une grosse pendule ronde accrochée à trois ou quatre mètres du sol, juste à côté du centre culturel américain. Tous les fauteurs damours clandestines et coupables( on létait toujours à cette époque-là) se donnaient rendez-vous sous al Cortabé ou le Cortébert pour les lettrés. Mais personne ne savait que cétait une horloge suisse. Le mot Cortébert était cependant synonyme de rendez-vous, amoureux le plus souvent.
Cétait tout de même un signe de taille pour moi qui allais aimer et épouser une Suissesse !
La seconde présence suisse au centre de la capitale était la Brasserie Suisse. En réalité, cet établissement navait de suisse que son nom de baptême, et je puis garantir que lon y mangeait, jusquà une date récente, les meilleures spécialités kasher du pays. Une clientèle bourgeoise et des mets à se manger les doigts. Maintenant que jy pense, il y avait aussi un bureau Swissair sur le même trottoir que la brasserie. Mais la Suisse cétait encore toutes les montres quon ne pouvait se payer. Et comme je lapprendrai plus tard, chez mes amis vaudois: Touche pas à ce tu peux pas tpayer!, Eh bien, on ny touchait pas à ces fameuses montres de ministre.
Cela se passe au milieu des années soixante.
A cette époque-là, le président en exercice avait connu des accès dennuis dentaires, ce qui lavait conduit assez souvent à Genève ou , si lon préfère à Gstaad. On saura pourtant que ces ennuis-là étaient dordre psychiatrique, et que cétait Bel-Air qui laccueillait. On raconte dans cette foulée que lors de lun de ces séjours, se promenant le long des berges du Léman, le président se serait arrêté, aurait promené son regard sur les eaux bleues du lac et aurait demandé à son ministre de léconomie qui laccompagnait: Combien avons-nous dépensé pour lassainir?
A la même époque, un projet dassainissement du lac de Tunis était en difficile gestation.
Il faut dire que ces fréquents séjours présidentiels nous paraissaient naturels; le président allait à Genève, comme il allait à Monastir, sa ville natale, ou à Hammamet, dautant que les Suisses soignaient bien. Cétait patent, à chaque retour du président. On lui trouvait la peau un brin plus blanche, les yeux un peu plus bleus, la mine épanouie. Lon devait bien cela au Père de la Nation reconnaissante, même si chaque déplacement pour des soins médicaux était un camouflet à la médecine régnicole.
Quand jeus mon baccalauréat, je ne songeai pas à faire mes études supérieures en Suisse. Mais lun de mes oncles fut nommé, la même année, à lambassade de Tunisie, à Berne. Beaucoup sétonnèrent que cela ne fût pas à Genève, et il se murmura que le poste était sans doute une affaire de seconde main; doccasion, avaient suggéré dautres. Nous y reviendrons.
Je fis mes études universitaires à Paris, sans rien apprendre sur la Suisse
Je fis donc toutes mes études universitaires à Paris, sans rien apprendre sur la Suisse, excepté le fait que Napoléon ne sétait pas gêné pour occuper le pays quelque temps, en réformant ses institutions, réformes que les Suisses avaient vite fait de rejeter, dès le retrait du grand homme. Je nappris rien sur la littérature suisse, alors même que je préparais une licence ès-lettres; je ne connus à Paris ni Ramuz, ni Corinna Bille, ni Chappaz, ni Chessex, ni Haldas ...
Les seules allusions à la Suisse, qui métaient faites par des camarades de France, avaient trait à des accusations selon lesquelles je posséderais une propriété bien cachée en Suisse, comme nombre dhommes dÉtat du tiers-monde, disaient-ils. Car personne nignorait quà cette époque-là, javais un ministre dans ma famille.
Cela me choquait, mais quy pouvais-je ?
Cependant, si je devais évoquer ma première visite en Suisse, je remonterais à lhiver 67 / 68. Jabordai alors à Marseille. Au port de cette ville, un douanier accueillait la foule sortie du navire avec un mégaphone, demandant aux passagers de se scinder en deux catégories : les Mohammed et les autres. Comme je ne portais pas le prénom mégaphoné, je fis la queue avec les non-Mohammed. Quand ce fut mon tour de présenter mes papiers, le préposé à laccueil manqua se pâmer de colère tricolore; un collègue le secourut et proféra à mon adresse que la catégorie dhumour que je venais de leur servir était à forclore. Ce nétait pas dit ainsi, mais Allah seul connaît la vérité.
Je ne compris lincident que layant conté dans les hautes sphères de mon entourage.
Mais allons vers la Suisse.
Voilà ce qui devait frapper mes sens, à la première rencontre avec ce pays ...
Je garde encore la nostalgie de ce voyage, parce que cest à cette occasion-là que je vis la neige pour la première fois. Une rencontre soudaine et pleine, au sortir dun tunnel, je ne sais pas lequel, mais la neige apparut sans avertir et le paysage parut soudain plus plat, comme si le blanc uni avait effacé tous les reliefs. Cétait un exemple dharmonie absolue de beauté et de pureté quAllah donnait sur ce sol, me dis-je, et il ny avait plus quà suivre.
Harmonie et pureté. Voilà qui devait frapper mes sens, à la première rencontre avec ce pays. Jécrivis à lépoque à ma famille, annonçant que javais trouvé le Paradis.
Cette impression, je devais la retrouver, quinze ans plus tard, dans le sein même dun homme chargé dannées, le père dun ami. Cet homme était venu rendre visite à son fils, doctorant à Genève. Jinvitai père et fils au bord de la Broye où je louais une petite maison. Nous avions accueilli le visiteur à Cointrin et lorsque nous étions arrivés à Epalinges, lhomme se tourna vers moi et me demanda où étaient donc les Suisses ? Il ny avait pas de piétons, pas de Suisses.
Après le repas, nous entreprîmes de longer la Broye. Mon invité sarrêta soudain, posa sa main sur mon épaule et me dit: Sais-tu, mon fils, que maintenant je suis sûr que le Paradis existe, je viens den acquérir la conviction.
Je ne vis pas la pertinence de cette déclaration et restai donc muet.
Il ajouta alors: Parce que, si le bon Dieu a pu faire un pays aussi beau que ce que je vois, crois-tu quil ne soit pas capable de faire un peu mieux ? Cest cela le Paradis, un peu mieux quici, et cest plus que suffisant !
De retour à la maison, mon hôte se remit à contempler le paysage et observa que le verger, propriété de nos voisins, était couvert dune herbe aussi haute quun homme. Il la contempla un moment, sen approcha, toucha avec précaution et se tourna vers moi : Est-ce que je peux me rouler là-dedans un instant, mon fils ? Javoue que je cédai à la surprise et à la gêne, car outre que je ne voyais pas cet homme distingué et dâge vénérable se rouler par terre comme un âne galeux, outre cela, nous interdisions à nos enfants de fouler lherbe deux ou trois jours après le fauchage. je restai donc coi, jusquà ce que le fils prît linitiative de répondre au père, connaissant heureusement les usages du pays.
Une année plus tard, lhomme que je navais pas autorisé à se rouler dans lherbe mourut subitement. Jen conçus un long étranglement.
Mais revenons à ma première visite.
Je ne restai chez mon oncle que trois ou quatre jours, mais je découvris quon parlait une espèce dallemand à Berne, cependant que tout le monde sexprimait volontiers en français. Jabordai un jour, dans un café, une bande de jeunes et nous sympathisâmes assez naturellement. Lune des jeunes filles présentes me dit, sans paraître me questionner: Tu es doù ?" ( je compris doux). Je rougis aussitôt et répondis: Ah! tu trouves ? Elle eut un silence puis reprit: Mais tu ne me dis pas de quel pays tu viens!
On nous avait ressassé que les Européennes étaient plutôt directes, alors ... Elles étaient toutes, comment dire ... avenantes et accueillantes et pas réticentes, ni récalcitrantes et même, entreprenantes, alors quoi ?
Cest mon second voyage, quatre ans plus tard, qui me fit choisir ce pays.
Je minstallai dabord pour quelques jours chez mon oncle de Suisse, à Rüfenacht, dans la banlieue bernoise. Je prenais chaque jour le petit train bleu pour Berne et je rentrais en voiture diplomatique au milieu ou en fin de nuit.
Le Président de la Confédération helvétique
Un jour, jétais en compagnie de mon oncle, dans un café fréquenté par des diplomates mais aussi par le bon peuple de la capitale. Nous attendions quelquun et surveillions donc lentrée.
Je vis soudain un homme pousser la porte du café, ôter son chapeau, son manteau, et je sentis mon oncle me toucher de son coude; regarde cet homme, chuchota-t-il!
Un homme ordinaire, la soixantaine, peut-être, un costume et une cravate; il tira une chaise et sassit, à quelques tables de nous. Mon oncle se leva et alla lui serrer la main, obséquieusement.
- Sais-tu à qui jai serré la main, dit-il, avec une malice satisfaite delle-même. ?
Une personne anonyme, pour moi, à supposer que cela existe.
Eh bien, il fallait retenir son souffle et sa langue et rester bien assis, car lhomme dont la main venait dêtre serrée par mon oncle, diplomate de son état, cet homme nétait autre que, rien de moins, je jure par Allah ...le Président de la Confédération helvétique, en personne , en chair et en os, tu las vu, fils de ma soeur !
Cétait évidemment impossible et je me fâchai un peu, parce quon me prenait pour un niais, tout licencié ès-lettres que jétais, mais enfin, je savais mon oncle un peu rodomont, je pouvais donc bien lui pardonner sa folie des grandeurs et je repris.
Quoi, le Président de la Suisse, tout seul, dans un café, sans soulever les foules; un Président que rien navait annoncé, pas de motards, pas de sirènes, pas dhélicoptères, pas descorte et pas de policiers aux abois, on navait pas bouclé le quartier, ni arrêté la circulation, sans compter que dans ce café-là, personne navait semblé le reconnaître, personne navait bougé, à part mon oncle; nul ne sourit, nul napplaudit !
Cétait évidemment impossible et la plaisanterie était pour le moins insapide !
- Regarde-le bien pour ten souvenir tout à lheure, dit mon oncle calmement.
De retour à la maison, il sortit un dossier de presse où la photo du Président illustrait chaque article conservé.
Mais ce nétait pas tout. Jappris aussi que le Président payait lui-même ses assurances, ses tickets de tram, ses pommes de terre et tout ce quon voudra, comme nimporte quel fils dAdam résidant en ce pays et possédant une boîte à factures hantée quotidiennement par le facteur, fauteur de bulletins de versement, terreur du peuple, par Allah !
Je médite encore sur cette pyramidale vérité.
Ma première télévision
Cela me remet en mémoire lincroyable réaction queut ma propriétaire, le jour où je fis ma première télévision, comme il se dit.
Je venais de publier mon premier roman et jen étais fier comme un coq des bords de la Blanchemédiane. Jean-Philippe Rapp me convia à son journal de 12 h.45.
De retour , en fin daprès-midi, dans ma petite ville broyarde, je me mis à arpenter les bars et les trottoirs et les petites places et les grandes surfaces , en scrutant les regards, certain quon allait se précipiter sur moi pour me toucher la main. Mais les regards escomptés, comme souvent, restaient fuyants, éteints ou absents. Soudain, ma propriétaire. Elle ralentit le pas, elle va sarrêter, me serrer la main, qui sait, peut-être membrasserait-elle ?
Elle est à ma hauteur, elle sarrête, mon Dieu, enfin quelquun pour me féliciter ... je marrête avec un sourire grand comme une échancrure dans le visage. Elle ne me regarde pas, elle me toise, son visage reste fermé et elle finit par dire, après avoir posé une main sur une hanche, lautre brandissant une canne: Alors, comme ça, on veut devenir célèbre ! en raclant fort le R.
Le ton était sévère, presque indigné.
Je restai figé sur le trottoir; elle reprit son chemin.
Si les gens connus font tout pour passer inaperçus, pourquoi des inconnus voudraient-ils passer aperçus ?
Quinze ans séparent ces deux événements, le bernois et le broyard.
Mais revenons un instant à Berne.
Mon oncle et moi
Mon oncle et moi avions pris la curieuse habitude de partir en vadrouille, chaque fin de journée. Cétait au hasard de lenvie de lun ou de lautre: Zurich, Bâle ou Genève ou encore la Neuveville. La seule limite que nous nous imposions était de ne rentrer pas trop tard. Mais il arrivait que nos rentrées fussent tardives et un brin éthérées.
Or une nuit, traversant tel patelin de la région bernoise, mon oncle ne vit pas que certain trottoir sétendait au-delà des limites qui lui étaient légalement imparties. Il le heurta donc, sans méchanceté. Il était environ trois heures du matin. Le lendemain, ou quelques heures plus tard, mon oncle reçut un appel téléphonique en son bureau, de la part des gendarmes. On lui demandait, très courtoisement, si sa rentrée de la veille sétait déroulée sans heurt; après quoi, on linforma que quelquun avait ramassé lenjoliveur dune roue , celle dune Mercedes et que cet objet pouvait être le sien. Cela dit, Monsieur le Ministre plénipotentiaire était humblement prié de contrôler ses roues et de rappeler.
Alors mon oncle, éberlué et confus, alla inspecter sa voiture ; il lui manquait bel et bien un enjoliveur!
Quand il me conta ces faits, en fin daprès-midi, je fus stupéfié, puis jeus peur. Je crus dabord que nous étions pistés, surveillés, harcelés, mais je nen vis aucune raison. Je me pris alors à soupçonner mon oncle dêtre un hors-la-loi au jeu celé, mais cétait absurde !
Lexplication était pourtant toute simple: la personne qui avait ramassé lenjoliveur devait se tenir sur son balcon à notre passage, ce soir-là. Un flic en chaque Suisse, diraient les langues qui clappent et qui frappent. Allons donc !
Et puis le temps passant sans repasser, me voici presque en Méditerranée, au bord du lac pour des années.
Un jour, je vis passer au bord de leau une Lémanienne aux yeux émeraude. Elle venait les baigner au soleil bleu du Léman.
Je cueillis alors une pomme, dans le verger au bord de londe, et la lui lançai; elle lattrapa et la croqua. Nous nous mîmes la main dans la main et le temps nous embarqua.
Ma première voiture et la suivante...
Et puis un jour, me vint, sans crier gare, une impérieuse et furieuse envie de changer de monture. Javais pourtant beaucoup de peine à remplir le réservoir de ma petite Mini, mais ce nétait plus assez pour moi. Je nageais alors en pleine moimoisie . Cependant, il fallait prendre lavis dun aîné car, comme le rappelle le dicton tunisien:
Si dune seule nuit Tel te dépasse
Dau moins une ruse il te surpasse !
En traduction libre, évidemment. Ruse ou expérience ou intelligence ou sapience, allez savoir !
Javais alors vingt-six ou vingt-sept ans. Ma première voiture avait été acquise avec le consentement dun aîné, comme il se doit. Or mon oncle nétait plus en poste à Berne.
Il fallait tout de même dénicher un aîné, faute de quoi, aucune transaction nétait envisageable.
Jen fis part à ma Lémanienne qui était devenue ma compagne. Je voulais en parler à son père.
Mais pourquoi voulais-je en parler à son père à elle; au reste, lui ou un autre, pourquoi vouloir en parler à quelquun; cétait ma décision à moi, voilà tout !
Je trouvai cette réaction étrange, et même vexatoire en regard du père, à qui je manquerais de respect, si je ne prenais auprès de lui conseil et avis et même, plein consentement, puisque cétait lui laîné de la famille; même si nous ne sommes pas mariés, femme, faillis-je ajouter !
Je me mis en humeurs saumâtres à cause de cette affaire et jattendis. Quelques jours plus tard, nous étions invités à dîner (à midi ! je vécus quelques quiproquos à ce sujet) chez les parents de mon amie.
Jattendis le café et, sans préambule, jannonçai une affaire sérieuse à exposer. Javais besoin de lavis du chef de famille de qui je sollicitais, plus précisément, conseil et approbation.
Je vis alors les mines prendre un air sévère autour de la table, des gestes sinterrompre et des regards séchanger. Lon fit donc silence, et jarticulai mes préoccupations.
Javais pensé, en effet, mais je navais fait que penser, je navais rien décidé, parce que pour cela, justement, javais besoin des aînés, nest-ce pas, javais donc pensé quil était peut-être temps de changer de ... mais oui, de voiture, en effet ...
Et jargumentai durant quelques minutes, en scrutant les visages.
Ma compagne avait baissé les yeux, et ses parents se regardaient de temps à autre, avec une extrême perplexité, que je pris tout dabord pour de lhostilité à mon projet.
Je redoublai alors dardeur argumentative... mais oui, cétait vraiment le moment den changer, économiquement parlant, bien sûr, bien sûr, mais aussi sécuritairement, nest-ce pas, votre fille... enfin, tout le monde, je veux dire ...
Quand jeus terminé de méchauffer, sans plus darguments nouveaux, - la mère de ma compagne sétait levée, suivie de sa fille- ( discussion dhommes pensai-je) le père de mon amie me dit, lair un peu gêné, quen somme (cétait son mot), si javais décidé de changer de voiture, je navais quà le faire et quil ne voyait pas où était lobstacle. Maintenant si javais besoin du conseil dun professionnel, il pouvait men indiquer un bon.
Et lon changea de sujet de conversation.
Au sortir de ce repas, javais le coeur crevassé. Je dis à ma compagne que je nenvisageais plus de rendre visite à ses parents. Parce que, comprenait-on ou ne comprenait-on pas, javais besoin dun conseil paternel, pas dun garagiste, moi !
Je mis du temps à comprendre que cétait mon affaire et je remercie quon ne meût pas dit: cest ton problème, comme il se dit trop souvent aujourdhui. Je crois que jeusse rompu bruyamment avec mes hôtes dont jappris à connaître la faste générosité.
En porte-à faux....
Ce porte-à-faux me fait penser à un autre que me conta un de mes amis tunisiens, vivant à Fribourg.
Il reçut un jour un de ses frères, étudiant de son état, fier et hautin de caractère. Cest pour cette dernière raison quil naccepta de venir séjourner chez son frère, quaprès plusieurs années de sollicitation. Or le voici, cette année-là, muni dun titre universitaire égal en valeur à celui de son frère exilé. Il accepta donc linvitation perpétuelle qui lui était adressée.
La journée de sa visite se passa agréablement. Après le repas du soir cependant, tout allait basculer, déflagrer.
Lon coucha les enfants, et lépouse fribourgeoise de mon ami revint un moment auprès de son mari et de son beau-frère, échangea quelques mots avec chacun et, se sentant fatiguée, annonça quelle allait se coucher.
Jusque-là, tout allait bien et même, très bien, on allait enfin parler entre frères.
Cependant, avant daller au lit, lépouse fribourgeoise de mon ami revint au salon, munie dune serviette ou linge de toilette et dune lavette fraîchement repassées quelle tendit à son beau-frère, en souriant; voilà, cest pour toi, bonne nuit.
Aussitôt seuls, le jeune frère prit son aîné par le coude et le tira dehors; allons faire quelques pas, par Allah !
Il savait bien, le jeune frère, et il sentait la survenance de linfamie ... et il hurlait dans la petite rue où ils marchaient et sa voix, entrée dans un orage rouge carmin ou rouge jargon ou sanguin; quelle était la signification dun tel geste, voulait-on lui expliquer, et était-il porteur de gale ou de petite vérole ou de grande peste, ou était-ce une basse provocation pour le jeter dehors aussitôt reçu; pourquoi donc cette serviette à part, et ce gant, frère, es-tu encore mon frère, comment peux-tu tolérer une telle injure faite à ton frère, par Allah; je te sens dénaturé à présent, et que fais-je ici, demain je men vais, et dis-lui quAllah nous fasse entendre les meilleures nouvelles lun sur lautre, demain je men vais !
Il partit, sans retour.
Je reçus aussi mon frère
Je reçus aussi, quelques années après mon installation, mon frère cadet, alors que jenseignais dans un institut privé, au bord du lac Léman. Pendant ce séjour, jeus plutôt à rire quà me préparer des regrets, comme mon ami fribourgeois.
Voici donc mon frère cadet, jeune étudiant et brillant doctorant, au bord du Léman. Il était arrivé à une période de lannée où le calendrier scolaire noffrait guère de vacances, si bien quil allait mattendre dans quelque café, le temps que jaie donné mes cours.
Je navais que peu de périodes laprès-midi, aussi, mon cadet occupait-il ces attentes à lire et à boire du café. Il advint cependant que durant son séjour, je me fusse trouvé appelé à résoudre un problème relatif au comportement dun élève, occupation qui prolongea, un jour, lattente de mon frère jusquà lheure de lapéritif du crépuscule. A cette époque-là, nous ne manquions pas de larroser ensemble, joyeusement.
Donc, quand vint lheure de lapéritif, sans que je parusse, mon frère entreprit douvrir les voies de lappétit. Il senquit des moyens à disposition dans les lieux où il se trouvait-un salon de thé appelé bar à café, mais mon frère ne connaissait pas cette espèce détablissement et ne vit que le mot bar-, on lui montra des bouteilles de bière sur un tablar et il déclara sen contenter.
Je métais aussi laissé égarer par létrange appellation quaffichent ces établissements, croyant quils avaient un statut commercial allant du bar au café, en passant peut-être par tous les autres: restaurant, auberge, bistrot, estaminet et pourquoi pas café turc ou arabe ?
Mon frère ne songea pas un instant quil se trouvait dans un établissement sans alcool. Il but donc cinq ou six bières, en pestant contre le lâcheur, si bien que , lorsque je pénétrai dans le salon de thé, je vis que son oeil sétait bellement fané et quil avait du mal à articuler.
Jétais stupéfié du résultat et je le fis jurer quil navait bu quen létablissement où il se trouvait. Il jura en trébuchant de la langue. Je le pris par le bras pour laider à marcher, et lentraînai vers le comptoir. La sommelière me présenta une bière fermée et je la mis sous le nez de mon frère, afin de lui faire lire la mention bière sans alcool.
Il lut, mais faillit chanceler.
La propreté en ce pays
Quand nous fûmes dehors, sur les pavés de la petite ville de Lutry, mon frère marchait lamble, comme un chameau arabe, alors quen temps normal, il avait la démarche élégante et légère. Il sortit néanmoins un paquet de cigarettes de sa poche sans faillir, en tira la dernière, froissa le paquet et le jeta au sol.
Au même instant, passait un petit bonhomme, célèbre dans la région parce quil était le dernier vendeur de journaux à la criée; il sapprocha de nous et ordonna à mon frère de ramasser ce quil venait de jeter au sol; nom de bleu ou bien !
Ni la taille , ni la mise du bonhomme - à priori - ne semblaient lautoriser à ordonner, ni à tancer, ni même à se mêler ...et pourtant !
- Laisse-moi létarquer au sol, semblait dire mon frère, en faisant un pas vers le marchand de journaux; quavait-il à pharaonner ce minus, enfin ?
- Eh bien, mon frère, dis-je, il pharaonne parce quon ne jette rien au sol ici. Alors ramasse, Allah te garde, et laisse-nous échanger cette heure contre une autre plus amène; ce nest pas au bonhomme que tu obéiras, mais à la loi.
Mon frère achevait alors sa formation de juriste, émérite déjà. Il perdit soudain son ébriété et ramassa le papier froissé.
Aujourdhui, la propreté en ce pays me paraît bien souvent en doux péril, et lon pose ses pieds chaussés, semelle contre le tissu, dans nombre de trains réputés propres. A tomber souventefois en navrement profond, ou à brandir une offensive francisque, par Allah, âmine !
Mais la miséricorde dAllah et dIesus Ben Youssef ne connaît aucune limite.
Rafik Ben Salah
Moudon le 14 novembre 2000
Prix Lipp : "Le harem en péril"
Que dissimule le ventre de Selma, fille d'Aïcha ? Le docteur Nawas fricote-t-il avec nos femmes dans son cabinet ? Ouarda la bonne ne serait-elle pas une folle dangereuse ? Et si Khlifa était un... ?
Qu'un fait suspect vienne rompre le fragile équilibre d'une famille ou d'une communauté, et voici la curiosité tapie en amont du geste, voici l'état d'urgence, où chacun tente de savoir... ou de cacher.
Associé à cette quête, on aura tôt fait d'apprendre que l'exacte vérité demeure souvent insaisissable. Qu'importe aux personnages de ces nouvelles ? Dès lors que le vrai se dérobe, il faut l'espionner. Du regard d'autrui ou de l'oeil de sa conscience, auquel obéir ? Peut-on même choisir ? Le jeune Boumous choisit, et sa curiosité le perd... comme la jalousie, l'orgueil, le soupçon ou l'innocence en perdront d'autres.
Ainsi chaque nouvelle de ce recueil met en scène un drame, qui broie des êtres de chair et de sang, jouets infortunés à la merci d'un secret qui finit toujours par les engloutir....
Rafik Ben Salah livre dix nouvelles où l'incertain parfume le vrai : le lecteur n'y trouvera qu'un surcroît de délices.
Laurent Paratte
Rafik Ben Salah est né en Tunisie où il fait ses études primaires et secondaires. Il obtient ensuite une licence ès-lettres et un diplôme de journalisme à Paris. Depuis lors, il enseigne le français et l'histoire, à Lausanne puis à Moudon
Extrait d'un livre à paraître
Extrait dun roman à paraître : La Mort du Sid
Moudonnya est dorigine suisse, mais elle ne connaît que quelques légendes qui prouvent son identité. Elle sapplique donc à en restituer la substance en toute occasion. Elle contera, par exemple, linvasion de la Suisse par les Trèchiènes ( Autrichiens) ou encore lépisode légendaire de Guillaume Tell qui deviendra dans sa bouche Ghoulème Ben Tell; au lieu de la pomme à transpercer, cest une figue de barbarie qui est lobjet du défi...
Elle avait une façon à elle de se signaler, délaissant sonnette et heurtoir, et frappant avec son sabot droit, voici pourquoi.
Tata Modnya ou Monia, en réalité Moudonnya, était une femme de haute taille et de large envergure, aux rondeurs expansives et en constante progression; grâce aux bienfaits du Généreux; oui, ma sur, Dieu a donné et na rien retiré de ses dons, faut-il être ingrat pour sen plaindre, un peu de vergogne, voyons, quIl nous prenne en pitié, ma douce !
Seulement, cétait dans la répartition des rondeurs que Sa main navait pas été équitable, surtout à hauteur de jambes, parce que la droite avait pris des allures éléphantesques, tandis que la gauche accourcissait en satrophiant.
Cest la raison pour laquelle elle pouvait ôter son sabot droit pour frapper aux portes, non le gauche.
Mais pourquoi frappait-elle avec un sabot, alors quil lui était loisible de heurter ou de sonner ?
Elle disait que ses sabots étaient en bois dHelvétie, bois quelle faisait venir exprès chaque année; il ny avait quà demander au menuisier Sadok, livrogne le plus assidu du village, mais le sabotier le plus génial de toute lHelvétie, ma douce, euh... que dit ma bouche, voyons...
En raison de ses difformités, Monia était un monument difficile à déplacer, dangereux pour lui-même et pour le passant toujours innocent. Lon avait pourtant trouvé à équilibrer ce corps, en demandant à Sadok de confectionner deux sabots dinégale hauteur.
Oui, mais pourquoi du bois dHelvétie, Tata ?
Eh bien parce que lHelvétie cétait son pays, pardi, et quelle navait fait que sempayser en ces contrées, par Mouhammad, par lEnvoyé !
En effet, Modnya pensait quen frappant chez autrui avec le bois de sa terre natale, elle faisait le lien entre son pays dexil et celui de ses origines; où était létrange ?
Mais, le temps passant sans repasser, les sabots navaient plus suffi. Car, il faut se figurer, de dos, le bassin de cette femme : deux demi-lunes, dinégale fourniture, frappées dune fente, invisible, il va de soi, non pas dune fente centrale comme chez la plupart des humains, mais dune fêlure latérale, donnant à la fesse droite un poids et un pouvoir incommensurables sur lautre. Ce nouveau déséquilibre dans le sein de la dame en généra un autre, balançant le tronc vers la gauche et menaçant de tout faire choir, à chaque pas, du même côté.
Cest pourquoi lon arma la main gauche dune canne, pour bloquer le balancement du corps. Cependant, avec le temps, lon saperçut que le système de blocage du tronc devenait insuffisant, la bonne femme cassant canne sur canne.
Il fallait donc trouver un moyen de mieux retenir la fuite du tronc.
Comment ?
Selon le menuisier Sadok, pour une fois approuvé par le forgeron Haddad, il était nécessaire de créer une tirée vers larrière. Lon y réfléchit longtemps pour le bien-être de la dame Moudonnya Essouissi.
Lon voit donc bien doù elle tirait sa fierté, son prestige et son originalité, la brave dame. Essouissi était le nom de ses ancêtres. Il manquait toutefois le R, laissé pour lest durant le voyage, mais cétait compréhensible, si lon considérait les moyens de transport de lépoque où ses ancêtres avaient traversé la Blanchemédiane, par Iesus, petit cousin de Mouhammad, Allah pardonne et Sa clémence Il ordonne !
Mais la dame sen balançait, le croirait-on ou ne le croirait-on pas !
Il fallait pourtant créer une bonne tirée vers larrière, disait Sadok.
Rafik Ben Salah
Articles de Presse
Rafik Ben Salah, lauréat du Prix Lipp 1999
"Dès le premier mot, le lecteur est appâté par cette écriture forte et concentrée." Jacques Chessex, membre du jury du 12e Prix Lipp de Genève, ne tarit pas d'éloges à l'égard de l'auteur du Harem en péril. A la lecture des dix petits contes cruels de ce recueil, publié à L'Age d'Homme, l'écrivain vaudois y a décelé une forme d'ouverture qu'il rattache à Ramuz autant qu'à Gustave Roux, grands arpenteurs des espaces intérieurs.
Né en Tunisie en 1948, Rafik Ben Salah est le fils d'un instituteur lettré. A vingt ans, il part à la conquête de Paris, où il obtient une licence en lettres à la Sorbonne, et un diplôme de journaliste. Durant cette période, le jeune homme réside de manière sporadique en Suisse chez un parent diplomate, et décide, au sortir de ses études, de s'y installer. Suivant la voie paternelle, Rafik Ben Salah trouve alors du travail dans l'enseignement. Dans la région lausannoise tout d'abord, puis à Moudon, où il enseigne encore actuellement le français et l'histoire. Marié à une Suissesse, Ben Salah possède une double nationalité, suisse et tunisienne.
Lundi matin, l'auteur s'est vu remettre la somme de 10 000 francs pour Le Harem en péril, dont l'écriture métissée reflète à merveille son parcours d'exilé. Ainsi célébré, Rafik Ben Salah intègre la douzaine d'auteurs primés par les précédentes éditions, dont Bernard Comment (1990), Jacques-Etienne Bovard (1993) et le regretté Adrien Pasquali (1994)
Nicolas Julliard
Le Temps
http://www.letemps.ch
28.09.00
Ben Salah conteur Cruelle authenticité
Rafik Ben Salah est un conteur captivant, doublé d'un observateur implacable. On l'imaginerait volontiers assis en tailleur au milieu d'un cercle d'auditeurs, dans quelque médina arabe, mais ce qu'il dit exhale le soufre de la critique; et les siens ont souvent mal pris ce qu'il racontait aux "roumis". Ces deux composantes de son talent, qui faisaient déjà le charme et l'intérêt de ses trois premiers romans (Retour d'exil, en 1987, Lettres scellées au Président, en 1991, et La prophétie du chameau, en 1993), fondent également la qualité des Dix nouvelles du Harem en péril, où l'on retrouve le mélange de révolte et de vitalité de son observation.
Toutes ces histoires sont marquées du sceau cruel de l'authenticité, à commencer par l'insoutenable premier récit (La Viande morte) des souffrances atroces endurées par Selma, atteinte d'une tumeur et que les siens accusent d'avoir "fauté" parce que son ventre gonfle. Mélange de verve caustique et de compassion, ce recueil est aussi intéressant du point de vue de la langue, qui consomme la fusion de l'oralité et de l'écrit, des deux sources de l'auteur se fécondant mutuellement.
Jean-Louis Kuffer
24Heures
http://www.24heures.ch
Rafik Ben Salah, Le harem en péril, L'Age d'Homme, 144 pp.
Bio-bibliographie
Nom : Ben Salah
Prénom : Rafik
Date et lieu de naissance : 31. 3 1948 à Moknine ( Tunisie )
Nationalité : tunisienne et suisse
État civil : marié
Enfants : 2 garçons : 19et 21ans
Formation
Baccalauréat, philo-lettres classiques, Tunis 1967
Licence ès lettres Paris 1971
Diplôme de journalisme, Paris 1971
Séminaire pédagogique, Lausanne 1996/1997
Brevet daptitude à lenseignement secondaire.
Expérience professionnelle
Enseignement, français - histoire
École Nouvelle de Paudex 1972 à 1979
Collège de l'Ochette Moudon , depuis 1980
Publications
Retour d'Exil(roman) , Éditions Publisud , Paris ,1987.
Prix de la meilleure uvre franco-maghrébine
Lettres scellées au président(roman), Éditions Rousseau , Genève 1991,
Prix Schiller, Suisse
La Prophétie du chameau(roman), Editions Rousseau, Genève 1993
Le Harem en péril(nouvelles). Editions lAge dHomme. Lausanne, 1999.
Prix Lipp. Genève septembre 99.
La femme du cousin(en traduction allemande), (nouvelle) à la Limmat Verlag. Zürich .1998
Participations à des périodiques
Le Passe-Muraille (Journal littéraire), Lausanne
L' Impartial, La Chaux-de-Fonds
L'Educateur, Lausanne
La Nouvelle Revue Française, Gallimard, Paris, juin 1997
A paraître
Un accès du sort (nouvelle illustrée-février 2001)
Lettre morte (recueil de nouvelles-avril 2001)
En préparation : la Mort du Sid (roman)
Autres activités : lectures publiques :
Université-écoles secondaires-clubs littéraires-journées littéraires
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