[...]
La frontière n'est pas la cause de nos problèmes,
elle en est le prétexte. Nous la percevons d'ailleurs
de manières très diverses. Lorsque nous partons
en vacances, en consommateurs du monde nous la souhaitons
facile, vite franchie. En citoyens-contribuables, au contraire,
nous la voulons infranchissable à tous ceux qui souhaitent
entrer. C'est une vision que nous devrions rééquilibrer.
Contrairement à ce que prônent certains, établir
une frontière et la garder n'est pas un projet. Or,
sans projet, une communauté perd sa force, son lien.
[...]
Adieu à
Terminus, Réflexions sur les frontières d'un
monde globalisé, Hachette Littératures, 2004
Joëlle Kuntz à Marie-Christine
Pasche
24.03.04
[...]
Joëlle Kuntz a fouillé dans ses souvenirs, dans
ses expériences de journaliste, dans des livres savants
aussi, et elle a tricoté maille après maille
un ouvrage sensible et intelligent [...] sur toutes les
déclinaisons possibles du mot "frontière".
La frontière qui sépare, celle qui déclenche
les guerres, celle qui rapproche, celle qui se ferme, celle
qui s'ouvre.
[...]
Cela donne un essai très personnel et joliment écrit
sur la propriété, la nationalité, l'étranger
et la différence. De Terminus, le dieu romain des
bornes, jusqu'à Canaan, la Terre promise... de Macao
à l'Afrique noire et au mur de Berlin, Joëlle
Kuntz décrypte l'histoire de l'humanité [...]
avec toujours les frontières comme explication.
[...]
Adieu à
Terminus, Réflexions sur les frontières d'un
monde globalisé, Hachette Littératures, 2004
Yves de Chazournes
Lire
[...]
Sa réussite est d'avoir su inventer une forme accordée
à son projet. Une écriture fluide. Une réflexion
capricante. Une manière souple et subtile de glisser
du récit à l'analyse, des souvenirs d'enfance
à la charte onusienne, des espaces intimes au désordre
planétaire.
[...]
Joëlle Kuntz, qui nous balade aussi de la Chine des
jésuites à la planète Mars, cherche
en même temps un lieu qui la constitue: la place du
monde dans sa vie comme sa propre place dans le monde.
[...]
Terminus était le dieu romain des bornes, explique
Joëlle Kuntz; il arpentait les limites sans cesse en
mouvement d'un empire qui se rêvait monde.
[...]
Pour Joëlle Kuntz, dire Adieu à Terminus
est une renonciation nécessaire, dans le monde
rétréci qui est devenu le nôtre, afin
de savoir "comment nous organiser pour y vivre tous
ensemble".
Adieu à
Terminus, Réflexions sur les frontières d'un
monde globalisé, Hachette Littératures, 2004
Michel Audétat
Rien n'est plus commun à la
mondialisation que la notion de frontières. C'est
le paradoxe que relève Adieu à Terminus en
guise d'introduction: les particularismes se soulèvent
passionnément au fur et à mesure que les individus
et les groupes entrent dans la grande lessiveuse des différences
qu'est la mondialisation.
Dans Adieu terminus, Hachette Littératures
2004, Joëlle Kunz, journaliste au journal Le Temps,
explore la notion de frontière. Elle le fait à
la faveur de six séquences de brèves nouvelles
intitulées: Itinéraires (les siens), No man's
land, Le partage du monde, L'espace et la fuite, La frontière
en chair et en os, Matière à penser. [...]
Comme toutes les géographies, Adieu à Terminus
[...] propose une géographie mentale. Les frontières
sont à ce point taillées dans la glèbe,
[...] parce que la séparation est une grande passion
humaine. [...]
Joëlle Kunz raconte fort bien.
Elle conçoit qu'après tant d'essais labourés
et laborieux sur la mondialisation-globalisation, le temps
est venu de la raconter plutôt que de rabâcher
les concepts. L'auteur ajoute à sa mobilité
de journaliste une riche expérience transfrontalière.
[...]
Adieu à
Terminus, Réflexions sur les frontières d'un
monde globalisé, Hachette Littératures, 2004
Antoine Maurice
25.03.2004
Avec le dieu Terminus, Joëlle
Kuntz regarde passer la frontière
[...] Appuyée sur de nombreuses
lectures, à commencer par l'ouvrage de Jeffrey Herbst
sur l'Afrique, la démonstration emprunte des formes
et des lieux variés: un dialogue autour du fantôme
du mur de Berlin, un autre avec un enfant à propos
du paradis, les retrouvailles d'un couple de cinéma
sur un parking de check-point palestinien, une anecdote
sur Sarajevo, une fable sur la cohabitation dans un immeuble,
une conversation dans la cave bernoise de Swisstopo, une
phrase drolatique résumant les idées de George
Steiner sur la traduction.
[...]
En attendant la Lune et Mars, 193 Etats souverains représentant
6,3 milliards d'humains se partagent aujourd'hui la Terre,
devenue un espace fini depuis 1945 et l'article 2 de la
charte des Nations unies décrétant qu'il est
interdit de «conquérir un territoire par la
force». [...]
«Nouveauté inouïe dans l'histoire humaine»,
l'agrandissement territorial appartient désormais
au passé [...]. Avec un correctif onusien d'importance:
le droit des peuples à l'autodétermination,
qui réintroduit des rapports de force dans la partition
des pays. Ainsi en a-t-il été lors de la sécession
de l'Erythrée ou de Timor-Est, en vertu du soutien
de l'Australie ou du lâchage de l'Union soviétique.
L'exception à la règle, c'est la séparation
voulue de part et d'autre de la Slovaquie et de la République
tchèque; à quoi l'on peut ajouter la prochaine
réunification de Chypre.
Si donc la force et «le droit
d'ingérence» finissent toujours par apparaître
illégitimes (cf. l'Irak), reste à penser les
frontières en termes de valeur, en espérant
que les valeurs culturelles, scientifiques, sportives voire
gastronomiques auront leur place aux côtés
de celles qui sont plus difficiles à défendre
sans opposition, comme la démocratie ou l'islam.
Joëlle Kuntz en appelle pour conclure à la légitimité
supranationale qui devrait guider les habitants de la maison
Terre, à condition qu'ils se donnent les moyens d'avoir
un projet commun - dans lequel Terminus n'aura plus rien
à faire.
[...]
Isabelle Martin
21 février 2004
Page créée le: 01.04.04
Dernière mise à jour le 06.04.04
|