Alexandre Friederich
Ogrorog, Genève, Editions des Sauvages, 2011, 84 pages.
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Alexandre Friederich / Ogrorog |
«Octobre – j'ai quitté ma maison, je me suis mis en route» Cet automne-là, l'auteur va de l'Ain à l'Aquitaine avec un but – rejoindre une autre maison – et un projet, celui de voir la forêt.
Alexandre Friederich, né à Lausanne, en 1965. Il déménage à Helsinki, Madrid, Lausanne, Mexico, Hanoï. Etudes de philosophie à Genève. Profession : afficheur. Fait des voyages à vélo, écrit du théâtre.
Ogrorog, Genève, Editions des Sauvages, 2011, 84 pages.
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Critique, par Brigitte Steudler |
In breve in italiano
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Kurz und deutschDans Ogrorog , paru récemment aux Editions des Sauvages, nous retrouvons à nouveau un narrateur-auteur pédalant sur son vélo, alors que de gros nuages envahissent le ciel et que la pluie menace. Connaissant déjà le penchant de l'écrivain pour les escapades à deux-roues, nous suivons ici le personnage qui vient de quitter son domicile. Nous sommes en octobre et il roule sur les routes de l'Ain en direction du sud. Oubliées les ascensions difficiles des cols des Alpes, relatées dans Trois divagations sur le mont Arto (2006, Héros Limite & Harpo). Cette fois, il se rend à l'autre bout de la France, dans l'Aquitaine, car il a rendez-vous sept jours plus tard avec un ami pour terminer le déménagement de sa maison. Poussé à fuir par de forts sentiments d'anxiété, le narrateur s'est donné pour objectif de voir la forêt. Il espère ainsi que son périple apaisera ses tourments : « […] j'ai un projet pendant cette traversée de France, un projet qui pourrait alléger mes angoisses, voir la forêt. Voir où elle est. Si elle est. A chaque fois que je verrai une forêt, je l'approcherai, je la pénétrerai. Il semble qu'on ne l'utilise plus. Elle est là. Derrière un panneau qui indique son commencement, devant un autre qui indique sa fin. Du coup on passe sa route, on lui tourne le dos. Autrefois pas. Lorsqu'on se sentait lourd, trop lourd, lorsque la folie plombait le crâne, on recourait à la forêt. On quittait sa maison, on sortait de la ville, on disait adieu, on allait vers la forêt, on y restait. C'était ça le recours. Le refuge. La forêt. »
Portées par ce questionnement autour du rôle primordial joué par la forêt au cours des siècles passés, les réflexions du narrateur d' Ogrorog vont progressivement transcender le récit. Au fil des étapes marquant sa longue traversée, il croise le quotidien d'hommes et de femmes vivant à l'écart des grands centres économiques. Philosophe de formation, Alexandre Friederich convie Epicure et Saint François d'Assise pour alimenter ses considérations. S'interrogeant sur l'évolution des rapports de force au cours des époques, il évoque de façon récurrente l'organisation de la société au Moyen-Age. Toute puissance des seigneurs face à leurs serfs, mise à l'écart des vagabonds et hors-la-loi. Notre cycliste analyse les liens sociaux en plaçant au centre de sa réflexion l'importance du rôle joué par la forêt comme refuge et lieu de subsistance. Au fil des kilomètres, il nourrit sa pensée des interrogations qui l'assaillent. Il semble même que réfléchir l'aide véritablement à mieux poursuivre sa route en rebelle. Ses pensées semblent ainsi suivre les contours des obstacles qu'il rencontre, le brouillard le rend poétique, l'absence d'un toit pour la nuit le laissant plus désemparé. Si sa monture s'emballe, ses pensées font de même. Ce n'est qu'au réveil d'une longue nuit passée enroulé dans la toile de sa tente que, tout à coup, son esprit semble avoir trouvé un semblant de paix. Ou alors serait-ce l'effet des kilomètres (plus de huit cent au final) qui, une fois avalés, apportent enfin l'apaisement ?
Au terme de ce long périple, le lecteur aura vu du pays, traversé des hameaux à la sauvette, entendu de courts dialogues noués avec des hommes et des femmes dont certains semblent encore très proches de la nature. Sans souffrir sur un vélo, le lecteur aura revisité des préceptes philosophiques. Il aura partagé les angoisses du narrateur, se sera réjoui des apaisements que ce dernier tente d'y apporter en usant de légèreté et d'ironie. Ce qu'Alexandre Friederich réussit avec ce texte, c'est le pari d'un projet s'inscrivant dans une certaine linéarité. Sous-tendu par l'objectif d'être au rendez-vous donné à son ami, il ne laisse plus sa plume s'éparpiller comme dans Trois divagations sur le mont Arto . Il est beaucoup plus concis dans la restitution des pensées de son narrateur. Ce faisant, il gagne en clarté et cela confère aux propos tenus une part d'authenticité qui, feinte ou non, touche et charme le lecteur. Il réussit surtout le pari de ménager, chemin faisant, un certain suspense. En effet, jusqu'à la dernière ligne d' Ogrorog , le lecteur ignore si véritablement notre cyclo-narrateur est décidé ou non à se rendre au rendez-vous fixé sept jours plus tôt. Curieux, celui-ci découvre alors que la numérotation des chapitres indique les départements traversés. Afin de visualiser l'itinéraire parcouru, le lecteur constate qu'en dépit des indications données régulièrement, le tracé souffre d'une absence d'étapes entre les départements de la Lozère et du Lot. Notre narrateur-cycliste aurait-il choisi de taire sciemment une partie de sa traversée ? Surpris par ce manque de rigueur inhabituel, le lecteur se surprend à penser que, décidément, rien n'est prévisible dans ce type de randonnée !
Brigitte Steudler |
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En bref |
In breve in italiano
Autore di pièces teatrali e di romanzi brevi, con questo Ogrorog , pubblicato presso le “Editions sauvages”, Alexandre Friederich (1965) aggiunge un nuovo tassello alla serie Etapes ( Tappe ), composta da testi che mescolano filosofia e finzione ed inaugurata nel 2006 da Trois divagations sur le mont Arto (ed. Harpo & Héros-Limite). Partito in bicicletta da una cittadina dell'Ain, il narratore ha appuntamento sette giorni più tardi nel Gers da un amico che dovrà aiutare a traslocare. Il periplo lo condurrà, sul filo degli incontri, a interrogarsi sull'urbanizzazione crescente delle campagne a scapito della foresta. Suo scopo principale è di avvicinarsi e sondare quest'ultima: “vedere il bosco. Vedere dov'è. Se è.” L'incontro, scandito da alcuni incidenti minori, si rivelerà propizio allo svelamento dei propri di tormenti, resi vicini e familiari dall'attrazione per alberi e ambienti boschivi. (rd)
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Kurz und deutsch
Alexandre Friederich (1965), Autor von Theater- und Prosastücken, fügt mit Ogrorog das neulich bei den Editions sauvages erschienen ist, der Serie Etapes ein neues Werk hinzu. Diese Serie besteht aus Texten, die Philosophie und Fiktion miteinander verquicken, und wurde im Jahr 2006 mit Trois divagations sur le mont Arto (Editions Harpo & Héros-Limite) eröffnet. Der Erzähler fährt mit dem Fahrrad von einer Ortschaft im Departement Ain los, um sich sieben Tage später mit einem Freund im südfranzösischen Gers zu treffen und ihm beim Umzug seines Hauses zu helfen. Diese Expedition wird, je nach Begegnung, den Erzähler dazu führen, sich Gedanken über die zunehmende Urbanisierung und Zersiedlung des Landes zum Schaden des Waldes zu machen. Entscheidendes Ziel wird dabei die Auseinandersetzung mit Letzterem: "Den Wald sehen. Sehen, wo er ist. Ob er ist." Dieses Wiedersehen, abgesehen von ein paar Zwischenfällen, wird sich günstig auf die Enthüllung des eigenen Leidens auswirken, welches ihm dank der Anziehungskraft der Bäume und des Waldes vertrauter geworden ist. (ja)
Page créée le: 13.04.11
Dernière mise à jour le: 14.04.11
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