Favarger, ou l'érotisme de
bon aloi
C'est le lecteur, plus que le critique littéraire,
qui décrit ici cette expérience intime qu'est
le livre. Dans ses lectures impénitentes, confie
Alain Favarger, il y a recherche de soi. D'un sens. D'une
obsession, en l'occurrence. Comprendre comment l'érotisme,
ou le désir si l'on préfère, gouverne
nos existences. Alors, dans la géographie littéraire
que l'auteur met en place - de Rousseau à Borges,
avec de longs détours par Balzac ou des incursions
chez Joyce, White, Duras, Thomas Mann, etc. - apparaît
une fascination pour l'entre-deux, le malaise, l'amour contrarié,
le désir malaisé, mais aussi l'émotion
trouble, l'extase, le sublime. Et plus encore pour l'explosion
de cet érotisme «noir», zone à
mi-chemin entre culpabilité et désespoir,
qui nourrit tant la littérature. Disons qu'Alain
Favarger n'aborde guère les rivages du sexe débondé
sans retenue. C'est un érotisme de bon aloi, une
finesse psychologique dans l'analyse des passions plus ou
moins contrariées, qui passionne sa recherche. L'allégorie,
l'allusion, le doute instillé par les mots, tels
sont les outils auxquels le lecteur est sensible, dans cette
quête de savoir. Sans céder à la tentation
d'une analyse pédante ou à un freudisme primaire.
Estimant, avec Martin Amis, que la lecture, mieux que le
sexe, est l'expérience la plus intime possible.
Jacques Sterchi
5.4.2003
Alain Favarger, Figures du désir,
Ed. de l'Aire, 164 pp.
L'auteur sera présent pour une séance de
dédicaces le vendredi 11 avril, dès 15 h 30
à la librairie Saint-Paul, boulevard de Pérolles
38, à Fribourg.
Page créée le: 08.04.03
Dernière mise à jour le 08.04.03
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