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Charles-Albert Cingria
Lettres à Henry-Louis Mermod, Editions L'Age d'Homme, 2001

Retrouvez également Charles-Albert Cingria dans nos pages consacrées aux auteurs de Suisse.

  Charles-Albert Cingria / Lettres à Henry-Louis Mermod
 

ISBN : 2-8251-1321-2

Henry-Louis Mermod s'est assuré le mérite devant la postérité d'avoir été un merveilleux éditeur, mécène et collectionneur, à une époque qui suivait l'épanouissement de la littérature romande grâce au groupe des Cahiers vaudois. Il fut en particulier l'éditeur de C. F. Ramuz dont il publia, par conviction et amitié, presque tous les titres à partir de 1927, et surtout la splendide - par le format, la couleur, la typographie, le papier - édition des Oeuvres complètes. Il s'intéressa également à Charles-Albert Cingria, tout en comprenant qu'il n'était pas possible d'en faire un écrivain grand public. Il le publia donc sous forme de plaquettes fort soignées, Pendeloques alpestres, Le Seize Juillet, Le Canal exutoire, Impressions d'un passant à Lausanne, L'Eau de la dixième milliaire, mais tirées à un nombre très restreint d'exemplaires. Ces diverses publications, et d'autres qui restèrent à l'état de projets, donnèrent lieu, entre l'éditeur et l'édité, durant vingt ans, à des tractations infinies dont on trouve heureusement l'écho dans les pittoresques lettres ici rassemblées.


Pittoresques, mais souvent aussi réfléchies et pénétrantes quand Charles-Albert prend vis-à-vis de son éditeur la défense de son texte et de son écriture. Mermod se montre presque toujours grand seigneur, d'une bienveillance à toute épreuve, constamment disposé à pousser Charles-Albert à lui fournir des pages à publier ou à collectionner constamment ouvert et généreux. Charles-Albert de son côté tergiverse, promet, oublie de tenir, prend du retard, se répand en excuses ou en récriminations, cherche un difficile équilibre entre la mauvaise foi et la sincère gratitude, découvrant une fois de plus l'humeur et les humeurs, parfois aussi la conscience et le sérieux, que ses lecteurs, pour leur plus grand plaisir, ont appris à connaître et à admirer.

P.-O. Walzer

Lettres à Henry-Louis Mermod, Charles-Albert Cingria, Editions L'Age d'Homme, 2001

 

  Extrait de : Lettres à Henry-Louis Mermod

Lettre 36

A Henry-Louis Mermod

Monsieur H. Louis Mermod
Fantaisie/Elysée
Lausanne/SUISSE

Deurne (N-B) le 3 janvier 1930

Cher ami,

J'ai bien reçu votre projet de contrat ainsi que votre mot dont je vous remercie.

Avant de répondre - car, vous le supposez bien, j'ai de multiples objections, concernant aussi bien les termes mêmes du contrat que les procédés auxquels a été soumise ma copie - je prendrai un certain temps; et, cela va sans dire, avant que tout soit réglé dans les moindres détails, vous ne recevrez plus rien de moi. Même, peut-être, avant d'aborder ces pourparlers qui seront ardus et lents, je vous reparlerai moi-même de notre autre contrat vous demandant une modification où votre avantage sera respecté autant que le mien.

Je veux avoir, si ça me plaît, le droit d'écrire MERDE, Cela aussi sera stipulé dans ce contrat et dans l'autre. Ensuite il y aura la question du prix de ma ligne. Ce sera très ardu. Vous verrez ce que je vous proposerai et je considérerai ce que vous me répondrez. Tout cela sans passion : de ma part en tout cas. Il y aura aussi cette question de la lecture et de l'examen des manuscrits. Je vous félicite d'avoir là-dessus des idées qui ne sont pas les idées courantes. Reste à savoir si je puis les admettre.

Donc au sujet de tout cela je vous écrirai, mais pas tout de suite.

Bien à vous

CINGRIA

Extrait de: Lettres à Henry-Louis Mermod, Charles-Albert Cingria, Editions L'Age d'Homme, 2001

 

Page créée le: 09.10.01
Dernière mise à jour le 09.10.01

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