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Joane Tissot
Evanescence, Editions G d'Encre, 2005

Evanescence - Entretien avec Joane Tissot par Brigitte Steudler

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  Joane Tissot / Evanescence
 

ISBN 2-940257-23-x

"Je désirais écrire un récit simple, raconter une histoire qui peut arriver à tout un chacun. J'ai pensé à un jeune homme d'affaires qui, à chacun de ses voyages, écrit à son épouse. Le style épistolaire permet d'étaler le récit sur une longue période et de montrer comment réagit Jules, sur le long terme. La longue durée du récit est fragmentée grâce aux lettres. Celles-ci s'échelonnent sur une vie, mais ne racontent pas une vie, seulement des bribes.
La structure d'Evanescence offre une vision totalement subjective de la situation. Jules est le seul à s'exprimer, il est la voix unique du récit, ainsi le lecteur découvre son ressenti et ses réactions. Jules vit une expérience et le transmet directement, sans intermédiaire, sans narrateur qui cherche à interpréter les faits et les dires des personnages. Le récit n'est pas universel ou général, il présente un homme et son chemin, une personnalité.
Evanescence reflète la thématique du récit en la nuançant. Un tel titre donne une idée légère mais claire du contenu. Je trouvais intéressant que le titre comprenne le nom de celle qui est evanescente: Eva, son épouse. Il livre un certain nombre d'indications sur le contenu sans pour autant dévoiler toute l'histoire."


Joane Tissot est née le 16 novembre 1986, par un beau dimanche d'automne jurassien, à La Chaux-de-Fonds. Elle vit aujourd'hui encore dans cette ville à laquelle elle est attachée.
À l'aube de ses 19 ans et de son entrée à la faculté des Lettres de l'Université de Neuchâtel, elle publie son premier récit, «Evanescence», dans lequel chaque lecteur pourra cueillir une part de lui-même.

Joane Tissot, Evanescence, Editions G d'Encre, 2005

 

  Entretien avec Joane Tissot, par Brigitte Steudler

Trente-trois lettres écrites par Jules à sa bien-aimée Eva composent cette nouvelle épistolaire. De l’époque précédant leur mariage à la vieillesse, ces missives toutes datées nous racontent une partie de la vie de ce couple, soucis de travail, bonheurs et absences vus par les yeux de cet homme amoureux. Ces tendres billets adressés par Jules à celle qu'il aime par-dessus tout laissent cependant au lecteur une grande part d’imagination et d’interprétation… De ces ombres et ces incertitudes vient la force et la réussite de ces pages fort bien rédigées …

Pour commencer, pouvez-vous nous conter la genèse de votre nouvelle publiée aux Editions G d'encre en septembre passé ?

Evanescence est né dans le cadre de mon travail de maturité. En effet, chaque étudiant de troisième année au lycée doit réaliser un travail de fin d'études dont le sujet et la forme est libre (il s'agit soit de créations artistiques ou littéraires soit, et c'est le cas majoritairement, de travaux de documentation et de synthèse), mon choix s'est porté sur la création littéraire car cela faisait un petit bout de temps que l'idée d'écrire un texte d'une certaine longueur me trottait dans la tête. Je n'avais, jusque-là, jamais écrit de récit dépassant les trois ou quatre pages et afin de ne pas me perdre au cours de l'écriture j'ai élaboré un projet ayant une structure et une thématique. Ma volonté de donner à mon récit une ossature formelle m'a conduite au style épistolaire que je ne connaissais pas et que j'avais envie de découvrir et d'exploiter à ma façon. La thématique d'Evanescence découle de ce choix stylistique préalable, la lettre sous entend l'absence et est un palliatif à cette dernière, or toute absence est le résultat d'une disparition qu'elle soit temporaire, définitive, physique ou psychologique ; de ce fait la thématique de la disparition s'est imposée comme une évidence. J'ai ensuite tissé ma nouvelle autour de ces deux fils rouges.

Qu'avez-vous particulièrement apprécié dans l'usage de la correspondance à sens unique?

La correspondance à sens unique, ou plutôt univoque, m'a notamment permis de traiter la thématique de la disparition à travers la forme, puisqu'un pan de la correspondance est inexistant. Mais je crois que le principal intérêt de cette forme est la place laissée au lecteur. Les silences engendrés par l'absence d'une partie de la correspondance laissent le champ libre à l'imaginaire de chacun et ouvrent un espace aux interprétations diverses. Chacun lit autre chose au travers des blancs qui jonchent le récit et c'est, il me semble, intéressant voire essentiel, qu'un livre appartienne à ses lecteurs, que ces derniers puissent se l'approprier car il leur offre un rôle à jouer.

N'avez-vous pas été tentée à aucun moment de glisser une fois au moins une missive d'Eva à Jules histoire d'embrouiller les pistes?

On est toujours tenté de complexifier le récit, de créer d'autres effets, mais je souhaitais écrire un texte sobre, qui surprend certes, mais qui ne perd pas trop le lecteur. Faire apparaître une lettre d'Eva c aurait engendré une confusion intéressante, mais qui je crois aurait tué une partie du mystère qui règne autour de ce personnage.

Que pouvez-vous nous dire enfin quant au titre choisi: Evanescence?

Je ne voulais pas d'un titre trop explicite, mais son rôle est tout de même de livrer quelques informations sur le contenu du livre. Ainsi, Evanescence suggère la thématique que j'ai choisie tout en la précisant ; évanescence n'a pas un sens très éloigné de disparition, mais nuance ce terme. Le titre évoque donc la thématique tout en donnant quelques précisions sur l' " histoire " en elle-même. De plus, mais vous l'aurez remarqué, Evanescence = Eva naissance…

Propros recueillis par Brigitte Steudler

 

Page créée le: 30.11.05
Dernière mise à jour le: 30.11.05

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