Trente-trois lettres écrites
par Jules à sa bien-aimée Eva composent
cette nouvelle épistolaire. De lépoque
précédant leur mariage à la vieillesse,
ces missives toutes datées nous racontent une partie
de la vie de ce couple, soucis de travail, bonheurs et
absences vus par les yeux de cet homme amoureux. Ces tendres
billets adressés par Jules à celle qu'il
aime par-dessus tout laissent cependant au lecteur une
grande part dimagination et dinterprétation
De ces ombres et ces incertitudes vient la force et la
réussite de ces pages fort bien rédigées
Pour commencer, pouvez-vous
nous conter la genèse de votre nouvelle publiée
aux Editions G d'encre en septembre passé ?
Evanescence est né
dans le cadre de mon travail de maturité. En effet,
chaque étudiant de troisième année
au lycée doit réaliser un travail de fin
d'études dont le sujet et la forme est libre (il
s'agit soit de créations artistiques ou littéraires
soit, et c'est le cas majoritairement, de travaux de documentation
et de synthèse), mon choix s'est porté sur
la création littéraire car cela faisait
un petit bout de temps que l'idée d'écrire
un texte d'une certaine longueur me trottait dans la tête.
Je n'avais, jusque-là, jamais écrit de récit
dépassant les trois ou quatre pages et afin de
ne pas me perdre au cours de l'écriture j'ai élaboré
un projet ayant une structure et une thématique.
Ma volonté de donner à mon récit
une ossature formelle m'a conduite au style épistolaire
que je ne connaissais pas et que j'avais envie de découvrir
et d'exploiter à ma façon. La thématique
d'Evanescence découle de ce choix stylistique
préalable, la lettre sous entend l'absence et est
un palliatif à cette dernière, or toute
absence est le résultat d'une disparition qu'elle
soit temporaire, définitive, physique ou psychologique
; de ce fait la thématique de la disparition s'est
imposée comme une évidence. J'ai ensuite
tissé ma nouvelle autour de ces deux fils rouges.
Qu'avez-vous particulièrement
apprécié dans l'usage de la correspondance
à sens unique?
La correspondance à sens
unique, ou plutôt univoque, m'a notamment permis
de traiter la thématique de la disparition à
travers la forme, puisqu'un pan de la correspondance est
inexistant. Mais je crois que le principal intérêt
de cette forme est la place laissée au lecteur.
Les silences engendrés par l'absence d'une partie
de la correspondance laissent le champ libre à
l'imaginaire de chacun et ouvrent un espace aux interprétations
diverses. Chacun lit autre chose au travers des blancs
qui jonchent le récit et c'est, il me semble, intéressant
voire essentiel, qu'un livre appartienne à ses
lecteurs, que ces derniers puissent se l'approprier car
il leur offre un rôle à jouer.
N'avez-vous pas été
tentée à aucun moment de glisser une fois
au moins une missive d'Eva à Jules histoire d'embrouiller
les pistes?
On est toujours tenté de
complexifier le récit, de créer d'autres
effets, mais je souhaitais écrire un texte sobre,
qui surprend certes, mais qui ne perd pas trop le lecteur.
Faire apparaître une lettre d'Eva c aurait engendré
une confusion intéressante, mais qui je crois aurait
tué une partie du mystère qui règne
autour de ce personnage.
Que pouvez-vous nous dire enfin
quant au titre choisi: Evanescence?
Je ne voulais pas d'un titre trop
explicite, mais son rôle est tout de même
de livrer quelques informations sur le contenu du livre.
Ainsi, Evanescence suggère la thématique
que j'ai choisie tout en la précisant ; évanescence
n'a pas un sens très éloigné de disparition,
mais nuance ce terme. Le titre évoque donc la thématique
tout en donnant quelques précisions sur l' "
histoire " en elle-même. De plus, mais vous
l'aurez remarqué, Evanescence = Eva naissance
Propros recueillis par Brigitte
Steudler
Page créée le: 30.11.05
Dernière mise à jour le: 30.11.05