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Alain Bagnoud
Alain Bagnoud. Le blues des vocations éphémères. L’Aire, 2010, 206 pages

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  Alain Bagnoud / Le blues des vocations éphémères

 

Alain Bagnoud / Le Blues des vocations éphémères Que faire quand on a vingt ans, qu'on rêve de devenir artiste? Que choisir? La musique? La peinture? Ecrire?
Tiraillé par les rêves et les espoirs, un jeune homme cherche sa voie. Entre la ville et sa commune natale, il passe des salles de l'université à un vernissage ou à un bal de campagne. Des aventures amoureuses imprévues et des découvertes autour de la sexualité l'attendent tout au long de cette journée d'automne rythmée par un vieux blues de Marclette Honoré.
Le Blues des vocations éphémères se passe dans le début des années 80. Il est la troisième étape d'une entreprise d'autofiction, à laquelle appartiennent aussi les deux derniers livres de l'auteur, La Leçon de choses en un jour et Le Jour du dragon .

Alain Bagnoud est né en 1959 à Chermignon dans les vignobles valaisans. Ancien collaborateur au Nouveau Quotidien. Actuellement, il enseigne le français à Genève. Père de quatre enfants. En 2007, il publie avec succès "La Leçon de choses en un jour" prélude au "Jour du dragon".

Alain Bagnoud. Le blues des vocations éphémères. L’Aire, 2010, 206 pages.


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RSR Entre les Lignes
Alain Bagnoud : "Le blues des vocations éphémères"

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  Critique, par Elisabeth Vust

In breve in italiano - Kurz und deutsch

Si ce récit clôt une trilogie, il peut tout à fait se lire de manière indépendante. Trilogie d'autofiction qui revient sur des commencements: entrée dans l'âge de raison dans La leçon de choses en un jour (2006), qui montrait par ailleurs un Valais encore très marqué par les traditions ancestrales; premières fois multiples dans Le jour du dragon (2008), où un adolescent intègre la fanfare du village, est initié à l'amour et au cannabis, et se découvre une âme d'artiste.
Le narrateur (et double romanesque de l'écrivain) avait 7 ans dans la première partie, 14 ans dans la seconde. Il a 21 ans dans Le blues des vocations éphémères , qui se passe également sur une seule journée, rendue si particulière et emblématique par un travail de condensation de la mémoire et de concentration narrative. Autobiographie et littérature font ainsi bon ménage dans ce triptyque, alliant constance (unité de temps, narration au « je ») et évolution, du héros bien sûr, mais aussi du style. Suggestive et elliptique dans les remémorations de l'enfance, l'écriture devient plus explicite dans ce nouveau récit, trop parfois, comme pour souligner l'état d'esprit du héros, qui a la prétention, le côté poseur propre à son âge. Et en reflet de cette période de la vie où les rêves sont mis à la rude épreuve de la réalité, le ton se fait introspectif.

Venu à Genève pour étudier, le héros du Blues des vocations éphémères ne reçoit pas un accueil à la hauteur de ses espoirs, lui qui se voyait en Rastignac arrivant à Paris. La froideur troublante du climat protestant et l'indifférence des gens à sa présence le renvoie à ses attentes et à ses origines valaisannes. La langue est le lieu d'un fossé culturel et préside conjointement à sa mue: il change sa façon de parler, abandonne l'égrenage de la « liste campagnarde des merci, à demain, bonne journée, bon week-end, bon retour, bonne nuit », accélère son tempo, et s'improvise « aventurier et espion » recueillant des informations sur les autochtones et leur ville.
Les illusions volent en morceaux, de tous les côtés: dans les auditoires de l'Université et les cafés, sur les fronts du savoir et des relations. Sur les trottoirs également, puisque son ami d'enfance Dogane lui annonce en pleine rue de Genève, et en pleine figure, qu'il « sort du lit d'un mec ». Panique du narrateur, « les meubles valsent, les pots de fleurs s'écroulent ». Cette révélation sexuelle fait vaciller les certitudes de fraternité, d'identité. Choc du réel, cruel mais salutaire pour le jeune homme issu d'un Valais où l'on ne parle pas d'homosexualité.
Les soixante-huitards ont beau avoir plébiscité coming out et autres dévoilements, la jeunesse des années 80, même urbaine, est dépeinte ici comme frileuse, ne sachant pas trop quoi faire de l'héritage du passé à part fumer des joints.

L'amitié, l'amour sont, ou plutôt deviennent problématiques à plusieurs titres pour le narrateur, avec notamment la question de savoir s'il est possible d'établir un lien authentique sans partager valeurs et expériences du passé. En s'exilant, le Valaisan est pour ainsi dire devenu apatride. Il ne se sent pas (encore) chez lui à Genève, il ne l'est plus dans son village natal, où il retourne cela dit, pour gratter de la guitare dans des bals, retrouver sa soi-disant amoureuse, la maison familiale et cette cuisine « où les idées passent moins bien que n'importe où ailleurs ». Face à cette difficulté de communiquer avec les siens, on pense à un autre écrivain valaisan, Jérôme Meizoz, et à ses récits intimes, de Morts ou vif (1999) au tout récent Fantômes (2010), hommage bouleversant et pudique aux disparus, aux présences invisibles en nous. On y lit: « la famille se fait pesanteur quand elle rappelle ses attentes et ses lois, jusque-là demeurées silencieuses, enfouies dans l'affection ».
Jérôme Meizoz et Alain Bagnoud (entre autres écrivains « expatriés ») parlent de ces sentiments de fierté et de trahison partagés par celui qui part étudier et ses parents qui restent. Fierté de pouvoir accéder à ce qui a été inaccessible pour les générations d'avant; trahison du milieu social.
Au final, entre désir d'émancipation et désir d'appartenance, Le blues des vocations éphémères trace un chemin le long duquel les illusions aboutissent tout de même à une vocation: l'écriture. Chemin de vie, revécu, retrouvé, réinventé dans un roman de formation, de questionnements et d'immersion sociologique, émotive, culturelle, musicale dans une Suisse romande des années 80 contrastée.

Elisabeth Vust

 

  En bref

 

In breve in italiano

Alain Bagnoud, di origine vallesana, conclude con Le blues des vocations éphémères una trilogia delle origini sotto forma di autofinzione. Dopo La leçon de choses en un jour (2006) incentrato sull'infanzia e la scoperta dell'età della ragione, Le jour du dragon (2008) esplora le molteplici iniziazioni di un adolescente di 14 anni. Con il terzo volume lo scrittore prosegue con il racconto di una giornata particolare nella vita del suo alter ego di 21 anni. Il ragazzo si è trasferito dal villaggio natale in Vallese per studiare a Ginevra. I suoi sogni, messi a confronto con la realtà, sono messi a dura prova: ad esempio quando ritrova un vecchio amico d'infanzia che gli rivela d'essere omosessuale; oppure quando si rende conto di non sentirsi più né vallesano né parte della città d'adozione.
Dai banchi d'università il mattino al ballo di paese la sera, il racconto immerge il lettore negli anni ottanta e nella mente di un giovane in balìa dei propri desideri che a volte oscillano tra emancipazione e appartenenza. E fra tutte le illusioni perdute si fa strada una vocazione: la scrittura.

***

Kurz und deutsch

Mit Le blues des vocations éphémères schliesst der ursprünglich aus dem Wallis stammende Alain Bagnoud eine Faction-Trilogie, in welcher er Anfänge thematisiert. In La leçon des choses en un jour (2006) ging es um den Eingang in das Alter der Vernunft, während in Le jour du dragon (2008) um die verschiedenen Initiationen eines 14. jährigen Jugendlichen und jetzt geht es um einen besonderen Tag im Leben seines 21.-jährigen Alter-Ego. Dieser hat sein Walliser Geburtsdorf verlassen, um in Genf zu studieren: seine Träume und Gewissheiten werden dabei allerdings durch die Realität stark auf die Probe gesetzt, dann, zum Beispiel, wenn sein Kindheitsfreund ihm seine Homosexualität verrät. Ausserdem fühlt sich der Erzähler nicht mehr seinem Geburtsort zugehörig, seiner neuen Wahlheimat Genf aber auch noch nicht.
Die Erzählung führt uns in die 80er-Jahre, am Morgen in die Hörsäle, abends auf ein Dorffest ins Wallis und vor allem führt sie uns in den Kopf eines jungen Mannes, der von widersprüchlichen Wünschen von Emanzipation und Zugehörigkeit bewohnt is.
Und inmitten all der verlorenen Illusionen, macht sich eine neue Berufung breit: das Schreiben.

 

Page créée le: 20.12.10
Dernière mise à jour le: 21.12.10

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