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La revue de belles-lettres
Rbl 2010, I-2, jeunes poètes des cinq continents, hilde domin, paul celan, traduire à quatre mains, août 2010. 350 p.

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  La revue de belles-lettres 2010, I-2

 

La revue de belles-lettres 2010, I-2 Jeunes poètes des cinq continents

Christian Hawkey : "La chaise de Glenn Gould", traduction de Jean-Pierre Lanarès
Sabina Naef : "Léger vertige", traduction de Marielle Larré et de Marion Graf
Laurence Werner David : "Dans l'abri anglais"
Arno Camenisch : "Fragment 2", traduction de Camille Luscher
Afaf Zourgani : "Avec et sans Casablanca"
Yesenia Gasparian-Hagopian : "Mes mots refusent l'harmonie", traduction de Vahé Godel (traduit de l'arménien oriental)
Mario Ortega : "Sic", traduction de Philippe Dessommes Florès
Sylvain Thévoz : "Charge de la cime"
Philippe Rahmy : "Un terrain parmi d'autres"
Serhiy Zhadan : "Les distances se brisent", traduction d'Iryna Dmytrychyn
Samuel Wagan Watson : "Les hommes tordus", traduction de Jean-Pierre Lanarès
Linda Maria Baros : "La culasse de l'oeil pinéal"
Antonio Rodriguez : "Lâcher de papy"
Arpi Voskanian : "Vitre brisée", traduction de Vahé Godel (traduit de l'arménien oriental)
Fabien Vasseur : "Anonyme puissance",
Yan Jun : "A ce moment précis", traduction de Camille Loivier
Paul Wamo : "Il y a dans ma tête"
Svenja Herrmann : "Le poème sans encrage", traduction de Marion Graf
Elena Jurissevich : "Ce qui reste du ciel", traduction de Mathilde Vischer
Ophélie Jaëssan : "Là où l'infini trouve son lieu"

Hilde Domin

Marion Graf : "Comme un nid dans le vent" HIlde Domin (1909-2006)"
Hilde Domin : "Vingt-trois poèmes", traduction de Marion Graf
Hilde Domin : "A quoi bon la poésie aujourd'hui", traduction de Marion Graf
Wilfred Schiltknecht : "Oiseau-mot"
Pierre Voélin : "Pour saluer une fois encore...Hilde Domin"
Hilde Domin et Raphael Urweider : "Pommier et Olive" suivi de "Pommier staelite et olive", traduction de Raphael Urweider
Marion Graf : "Sources"
références bibliographiques

"Elégie Valaisanne" de Paul Celan

Paul Celan : "Elégie Valaisanne I", traduction de Marion Graf
Paul Celan : "Elégie valaisanne II", traduction de Bertrand Badiou
Bertrand Badiou : "Notice éditoriale"

Traducere

André Markowicz et André Markowicz : "Traduire Tchekhov à quatre mains"
Anton Tchekhov : "Platonov, scène I", traduction d'André Markowicz et de Françoise Morvan

Tracés

David Collin : "Jacques Roman : avec les ombres"
Jacques Roman : "Bernard Noël : la grâce de l'expérience"

Lectures

Reynald Freudiger : à propos de "Cent jours, cent nuits" (Lukas Bärfuss)
Dominique Rabaté : à propos de "L'Education des monstres" (Marc Blanchet)
Ariane Lüthi : à propos de "Comme un léger sommeil" (Pierre Chappuis)
Gérard Bocholier : à propos de "Un seul bruissement" (Judith Chavanne) suivi de "Les Aînés, ceux qui les suivent"
Paul Farellier : à propos de "La Belle Mendiante" (Gabrielle Althen) suivi de "Lettres à Gabrielle Althen" (René Char)
Paul Farellier : à propos de "Vive fut l'aventure" (Georges-Emmanuel Clancier)
Reynald Freudiger : à propos de "Retour de l'U.R.S.S.S" (André Gide) suivi de "Retouches à mon Retour de l'U.R.S.S.S" (1937)
Natacha Lafond : à propos de "Pratique et poétique de la note chez Georges Perros et Philippe Jaccottet" (Ariane Lüthi)
Ariane Lüthi : à propos de "A tout jamais. Lieder" (Gustav Mahler)
Gérard Bocholier : à propos de "Roger Munier" ( Cahier 17) Cahier 17, sous la direction de François Lallier et Jérôme Thélot
Laurent Cennamo : à propos de "Le Pain du silence" (Adrien Pasquali)
Gérard Bocholier : à propos de "La Pays derrière les yeux" (Gérard Pfister)

Rbl 2010, I-2, jeunes poètes des cinq continents, hilde domin, paul celan, traduire à quatre mains, août 2010. 350 p.

 

  Compte-rendu, par Christian Ciocca


In breve in italiano - Kurz und deutsch

La Revue de Belles-Lettres fait peau neuve

En une seule livraison, c'est sous couverture blanche et un nouveau graphisme que la Revue de Belles-Lettres vient d'opérer sa mue en cette année de transition. Son nouveau comité, piloté par Marion Graf, s'est élargi à des plumes non belletriennes comme David Collin et Mathilde Vischer. Depuis l'automne 2010, David André assure une continuité avec les sociétés romandes de Belles-Lettres qui publient la plus ancienne revue littéraire de nos contrées, apparue la première fois en 1864.

Son ancrage régional accompagne depuis des décennies un souci d'ouverture aux littératures francophones et étrangères. Le sommaire de cette 134 e année souligne cette orientation globalisante par l'édition bilingue de vingt Jeunes poètes des cinq continents dont il serait vain de chercher les points communs hormis une confiance en une parole poétique qui ne coule pas de source sous tous les régimes politiques. Si le Français Fabien Vasseur pulse ses phrases avec virtuosité pour palper le quotidien et ne s'embarrasse guère de transcendance, l'Espagnol Mario Ortega nous rappelle mezzo voce que la poésie s'inscrit dans le temps et tente de lui résister. Le chinois Yan Jun a choisi – si c'est là un choix – la tangente entre petits poèmes d'atmosphère si proches de l'estampe et texte-manifeste sous-titré Charte 09 qui exige de « libérer le langage » et « libérer Jiang Zemin », vers d'une terrible ironie quand on connaît le rôle du dirigeant chinois dans la répression de la Place Tian'anmen en 1989.

Hilde Domin et Paul Celan, deux grands poètes juifs de langue allemande

Le dossier de cette livraison 2010 donne la parole à deux grands poètes juifs de langue allemande dont la renommée est depuis longtemps internationale: Hilde Domin et Paul Celan. De la poétesse née à Cologne en 1909 et morte à Heidelberg en 2006, Marion Graf a traduit, en regard des originaux, Vingt-trois poèmes . Autant de rendez-vous pris avec le monde que l'exilée (son pseudonyme évoque l'éloignement durant la guerre sur l'Ile de Saint-Domingue) a voulu interroger sans perdre la veine lyrique la plus simple et la plus éloquente : Poésie « Le non-mot/déployé/entre/mot et mot. » Pour prolonger cette attention au renouveau poétique dans l'Allemagne de l'après-guerre, face au désastre qui aura été aussi désastre d'une langue dévoyée par le nazisme, A quoi bon la poésie aujourd'hui permet à Hilde Domin de souligner le « triple courage du poète », celui de dire , de nommer et d' appeler , défi qui ne se conçoit pas sans, au préalable, avoir accepté la rencontre avec soi-même.

On sait combien cette rencontre fut à bien des égards insurmontable pour Paul Celan. Né en 1920 en Bucovine, dans l'actuelle Roumanie, il s'est jeté dans la Seine d'un pont de Paris en 1970, au bout d'un cheminement épuisant avec et contre sa langue maternelle. Dans une lettre de 1946, Celan situait cet enjeu : « … je tiens à vous dire combien il est difficile pour un Juif d'écrire des poèmes en langue allemande. Quand mes poèmes paraîtront, ils aboutiront bien aussi en Allemagne et – permettez-moi d'évoquer cette chose terrible –, la main qui ouvrira mon livre aura peut-être serré la main de celui qui fut l'assassin de ma mère… Et pire encore pourrait arriver… Pourtant mon destin est celui-ci : d'avoir à écrire des poèmes en allemand. »
Là encore, Marion Graf a traduit Élégie valaisanne , consciente que l'allemand de Celan s'impose souvent comme une contre-langue et que le « celanien » se veut éclat d'un lyrisme désormais impossible. En écho à cette version, la traductrice convoque également celle de Bertrand Badiou, éditeur de Celan en allemand et en français. Élégie valaisanne reprend en une psalmodie haletante le mot Mauten , les péages ou les seuils infranchissables de la mémoire qui gravit les mille marches mortelles de Mauthausen… «  Nous avions survécu à trop de choses ».

Figures spectrales

Dans la rubrique Tracés, David Collin dialogue librement avec les figures spectrales de Jacques Roman. Son poème Avec les ombres poursuit une quête que le comédien d'origine drômoise ne dissocie pas de sa pratique théâtrale. Les fantômes de Roman, tels des bateliers, nous invitent à franchir « les frontières de la mort, [non comme] abandon de la vie mais abandon à la vie ». A la suite de cette lecture, Jacques Roman à son tour empoigne Les Plumes d'Eros de Bernard Noël dans son article : la grâce de l'expérience.

Une livraison décidément très riche et également illustrée qui n'oublie pas en dernière partie les recensions proposées par sept lecteurs avisés et empathiques. Une lecture plurielle à poursuivre sur le site www.larevuedebelleslettres.ch

Rbl la revue de belles-lettres, 2010, I-2, jeunes poètes des cinq continents, hilde domin, paul celan, traduire à quatre mains, août 2010. 350 p.

Christian Ciocca

 

  En bref


In breve in italiano

Arricchita da una nuova grafica, la Revue de Belles-Lettres , si rinnova sin nel suo comitato, ora diretto da Marion Graf, e continuando cionondimeno a rivestire i panni della rivista letteraria più longeva - esce dal 1864 - della Svizzera romanda.
L'interesse per le lettere regionali è da sempre accompagnato dall'impegno nei confronti delle letterature francofone e straniere. Il sommario sottolinea questo orientamento, proponendo un'edizione bilingue di venti giovani poeti provenienti dai cinque continenti.
Il dossier cede la parola a due importanti figure: Hilde Domin e Pau Celan che rappresentano due percorsi molto diversi intrapresi da poeti ebrei alle prese con (e contro) la lingua tedesca depistata dal nazismo.
Nella rubrica Tracés , infine, David Collin dialoga con le figure spettrali di Jacques Roman. La sua poesia Avec les ombres prosegue nella ricerca che l'autore – originario della regione della Drôme – non dissocia dalla sua pratica teatrale. I fantasmi di Roman, come i traghettatori, ci invitano a superare « le frontiere della morte, [non come] abbandono della vita ma come abbandono alla vita ».

***

Kurz und deutsch

Mit einem neuen Layout hat die Revue de Belles-Lettres seine Verwandlung vollendet. Das neue Redaktionskomitee unter der Leitung von Marion Graf gewährleistet die Kontinuität der ältesten Literaturzeitschrift der Romandie, die 1864 erstmals erschien.
Seit vielen Jahrzehnten strebt man neben der regionalen Ausrichtung auch eine Öffnung gegenüber frankophoner und anderer Literatur an. Das Inhaltsverzeichnis unterstreicht diese Haltung durch eine zweisprachige Ausgabe von zwanzig Jungen Dichtern aus fünf Kontinenten .
Das Dossier erteilt zwei grossen Figuren das Wort: Hilde Domin und Paul Celan. Zwei sehr unterschiedliche Parcours zeichnen sich bei diesen zwei jüdischen Dichtern im Umgang mit (oder gegen) der durch den Nazismus entgleisten deutschen Sprache ab.
In der Rubrik Tracés unterhält sich schliesslich David Collin frei mit den geisterhaften Figuren von Jacques Roman. ein Gedicht Avec les ombres führt eine Suche fort, die der ursprünglich aus der Drôme stammende, aber schon lange in der Romandie lebende Schauspieler dicht mit seiner Theater-tätigkeit verbindet. Die Phantome von Roman laden uns wie ein Fährmann dazu ein, "die Grenzen des Todes zu überqueren, nicht als Entsagung des Lebens, sondern als Hingabe ans Leben" (nach Christian Ciocca).

 

Page créée le: 22.12.10
Dernière mise à jour le: 28.12.10

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