Entretien avec Marie-Jeanne
Urech
KF : Marie-Jeanne Urech vous publiez
votre premier livre, un recueil de nouvelles intitulé
"Foisonnement dans l'air" édité
aux éditions de l'Aire.
En tant que nouvelle arrivée dans le paysage littéraire
romand, je vous demande de vous présenter.
M-J U : J'ai 27 ans, je suis lausannoise.
J'ai fait des études en sciences sociales à
l'Université de Lausanne. Après j'ai décidé
de faire une formation de réalisatrice à Londres
pendant 2 ans. Maintenant je réalise des documentaires
et parallèlement j'ai écrit ce recueil de
nouvelles.
KF : Pourquoi avoir choisi d'écrire
des nouvelles et non un roman ?
M-J U : J'avais déjà
écrit des poèmes ou des petites pièces
de théâtre, mais je n'avais jamais écrit
dans une continuité. Puis j'ai voulu me consacrer
à un texte plus conséquent en vue d'une publication.
Comme première oeuvre, je trouve que le roman est
quelque chose de plutôt lourd. C'est pour cette raison
que je me suis lancée d'abord dans les nouvelles
pour ainsi acquérir plus d'expérience. Et
en plus j'aime les nouvelles, elles me correspondent mieux,
je préfère ce qui est concis, les histoires
courtes. Je n'aime pas m'étendre sur les choses et
le choix de nouvelles me permettait de raccourcir au maximum
mes pensées.
KF : Comme vous nous l'avez dit,
vous réalisez des documentaires, des oeuvres plutôt
réalistes, en revanche vos nouvelles se déroulent
dans un monde décalé, proche du théâtre
de l'absurde. J'aimerais que vous me parliez des deux aspects
de votre travail...
M-J U : Ce sont deux approches complètement
complémentaires et c'est pour ça que j'aime
faire les deux en même temps. Un film se fait en équipe,
il y a donc un partage. Les documentaires comme je les fais
se veulent réalistes, donc je prends les gens tels
qu'ils sont, il n'y a pas de répétitions,
pas de mise en scène. Tandis que dans l'écriture
tout est très travaillé. Presque chaque phrase
a son importance, mais c'est un travail cette fois solitaire,
et donc les deux se marient très bien et le résultat
donne un bon équilibre
KF : Vos nouvelles sont régulièrement
calquées sur un même modèle; parlez-moi
de la structure de vos nouvelles, car je pense que ce choix
donne une unité à votre texte...
M-J U : L'unité vient d'abord
des thèmes traités, la vieillesse revient
souvent, l'attente aussi, ce sont des thèmes que
j'aime bien.
Mais c'est vrai que je commence toujours de la même
manière, je m'intéresse d'abord au début
de l'histoire et à sa chute, mais je ne sais pas
forcément quel va être le milieu. De sorte
qu'après ma phrase de départ, je me lance;
et un mot, une idée peut en amener une autre et puis
j'essaie de faire en sorte que tout concorde avec ce qui
sera la chute de l'histoire. J'applique ce principe à
toutes les nouvelles.
KF : Il y a un ton M-J Urech,
qui amène un style drôle, mais aussi caustique
et plein de malice. J'aimerais que vous me parliez de ce
style...
M-J U : Ce style correspond à
ce que je suis aussi dans la vie. J'aime bien mettre de
l'humour un peu partout. L'humour me permet de passer des
messages graves et sérieux plus facilement. J'aime
faire rire les gens, je pense que l'on peut rire de tout.
Dans la vie de tous les jours, j'ai pas mal d'humour et
je pense que ça doit se ressentir dans mes textes.
Il y aussi une certaine part de cynisme et d'esprit critique
qui diminue la dose de tristesse.
KF : Aimeriez-vous ajouter quelques
mots à cet entretien ?
M-J U : Dans ma manière d'écrire,
quand je dois écrire une nouvelle, je suis toujours
très réceptive à ce qui se passe autour
de moi. Il y a régulièrement des sujets de
fond qui reviennent et j'essaie de percevoir des images
qui puissent me donner des idées ou des situations
qui me parlent. J'écris tous les matins deux heures
et pendant toute la journée je pense au texte. Le
soir je me remémore ce que j'ai écrit et j'en
profite pour anticiper le texte du lendemain.
Karine Fankhauser
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